Venezuela : Un night-club dans la prison
Actualités du droit - Gilles Devers, 3/04/2013
San Antonio, sur l’île Margarita, au Venezuela. Si j’ai bien compris, c’est la plus cool et la plus mafieuse des prisons. Elle connait déjà maints équipements destinés à faciliter la vie des détenus et de leurs familles, et vient d’y être inauguré un superbe night-club, le « Yate club ».
Une magnifique salle pouvant accueillir 600 personnes, et pour l’inauguration, rien ne manquait. Sono, lumière, clim, petit confort et joli décor, tout était soigné pour la fête inaugurale qui a eu lieu de jeudi. Trois DJ de première bourre, des danseuses,... et l’entrée était gratuite. Les détenus avaient fait une bonne pub sur le net, et les amis et leurs familles avaient afflué pour la grande fête qui a duré jusqu’à l’aube. Tout s’est très bien passé, ce qu’ont confirmé les autorités ministérielles.
Bien sûr, je vous rassure. Les night-clubs sont interdits dans les prisons vénézuéliennes, de même que les bonnes bringues entre amis. D’autant plus que c’est une vraie prison, eh oui… et avec des vrais détenus purgeant leur peine. La prison regroupe essentiellement des condamnés à des longues, souvent pour trafic de drogue, avec un effectif de 2000 détenus.
Alors ?
De ce que je lis, un partage des rôles s’est institué. L’Etat reste à l’extérieur et réprime toute tentative d’évasion, avec des gardiens armés. La peine doit être exécutée. Mais tout le régime de détention a été concédé à l’initiative privée. Non pas la gestion Bouygues, mais celle de la mafia. Un clan contrôle la prison, avec un chef très respecté, qui dispose de ses agents armés. Les détenus paient un impôt au clan, et tout peut lors se passer correctement.
Les détenus reçoivent leurs amis ou leurs familles, et il y a de nombreuses activités pour que tout le monde vive au mieux. Quatre piscines dans la prison, et les cris joyeux des bambins qui s’amusent pendant que les parents sirotent un bon verre dans un hamac… On peut parier sur des combats de coq, trouver son shit… ou travailler tranquillement avec le tel et le PC connecté sur Internet…
Le résultat est dramatique. On a compté 600 morts l’an dernier dans les prisons vénézuéliennes, par règlements de compte.