L’arrêt qui condamne Jérôme Kerviel, un soufflet pour sa défense
Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 24/10/2012
On ne saurait mieux dire à Jérôme Kerviel que sa stratégie de défense en appel a échoué. En confirmant en tous points le jugement rendu en première instance par le tribunal - soit la condamnation de l'ex trader à cinq d'emprisonnement, dont trois ferme et à la réparation intégrale du préjudice subi par la banque, 4,9 milliards d'euros - la cour considère qu'aucun élément nouveau n'a été apporté à l'audience en dépit des proclamations de son nouvel avocat, Me David Koubbi.
Jérôme Kerviel est donc reconnu coupable d'abus de confiance, d'introduction frauduleuse de données informatiques, de faux et usage de faux.
Aucun des arguments de la défense, selon laquelle la banque "savait" n'a été retenu par la cour. Au contraire. L'arrêt indique notamment que l'argument selon lequel l'affaire Kerviel aurait servi à "renommer" des pertes subies par la crise des subprimes - ce que Me Koubbi appelait le "dégazage" de la Société générale - est "totalement fantaisiste".
Les juges écartent également le témoignage de Philippe Houbé - le fameux témoin-mystère de Me Koubbi selon lequel la banque ne pouvait pas ignorer les agissements de Jérôme Kerviel - en observant que la note remise à la cour "n'est pas pertinente, car construite à partir de documents parcellaires".
La cour soufflète également la défense sur les documents produits en indiquant que ceux-ci "consistent en articles de presse trouvés sur internet, des commentaires ou des déclarations anonymes, des articles tirés du site Wikipedia, documents faisant état de rumeur, de sentiments, d'opinion non étayés".