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Des dames et un monsieur...

Justice au singulier - philippe.bilger, 5/05/2013

Avec toutes ces ombres surgies des tréfonds du quinquennat précédent, dont certaines ont pris un tour judiciaire, avec ces missions secrètes et ces arrangements occultes, avec cette part d'officieux sur le plan national et international, on se doutait qu'entre le chef et ses collaborateurs immédiats existait forcément une entente, une complicité, une solidarité. Le premier informé nécessairement de ce qu'accomplissaient les autres et ceux-ci informés de ce qu'avait tramé le premier.

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Dans ce duel de dames dont les citoyens raffolent tout en prétendant le contraire, et que les médias ne cessent pas d'imposer, enfin une bonne nouvelle pour Valérie Trierweiler.

Cette annonce n'est pas insignifiante dans une période où un sou est un sou et où la moindre gabegie fait pousser des hauts cris.

Nous avons appris grâce à Matignon, à la suite d'une question d'un député UMP, que cinq collaborateurs étaient affectés au service de la compagne du chef de l'Etat (deux contractuels et trois fonctionnaires) pour un total mensuel des rémunérations nettes s'élevant à 19 742 euros.

Avec malice les services du Premier ministre ont permis la comparaison avec l'appareil de l'Etat mis à disposition de l'épouse de l'ancien président Sarkozy. Celle-ci avait une équipe de huit collaborateurs (36 448 euros mensuels nets pour l'ensemble) à laquelle s'ajoutaient deux prestataires externes chargés de gérer le site internet pour un montant mensuel de 25 174 euros. Environ 60 000 euros donc, globalement (20 minutes).

Valérie Trierweiler l'emporte haut la main. Je ne sais pas si cette gestion à l'économie va lui attirer un début de bienveillance citoyenne. En tout cas ce n'est pas une mauvaise méthode en ces temps si durs !

Tout naturellement, ce contraste entre hier et aujourd'hui fait qu'on a envie de poursuivre l'examen, ce que Le Parisien Magazine - décidément excellent - a compris puisqu'il publie une enquête sur "la vie de quelques ex-ministres après Sarko".

Ils sont quatre.

Deux me semblent avoir emprunté un chemin qui n'appelle pas de remarques particulières. Frédéric Lefebvre souligne que "la politique reste sa vie" tandis que Franck Louvrier qui n'a pas du tout "le sentiment d'avoir décéléré" déclare : "Je l'ai suivi jusqu'à l'Elysée. Que faire de plus" ?

Les deux autres sont l'insupportable Roselyne Bachelot et Claude Guéant.

La première, avec son élégance coutumière, proclame : "J'ai décidé de ne pas me casser la gueule". Deux fois ministre sous Nicolas Sarkozy, son exhibitionnisme peut s'en donner à coeur joie puisqu'elle est animatrice télé du "Grand 8" sur D8.

Son obsession d'être remarquée trouve enfin satisfaction. Surtout, elle n'est plus contradictoire avec les charges qu'elle exerçait ni inélégante par rapport à son statut de ministre. Elle s'accorde aujourd'hui parfaitement avec la tonalité assez fortement vulgaire de l'univers médiatique où l'outrance, l'excès, l'histrionisme constituent une manière acceptable, quasiment normale de se comporter.

Comme Roselyne Bachelot aspire à demeurer consultée, comme une sage qu'elle n'est pas, sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy, elle sait comment appâter les journalistes en traitant notamment Claude Guéant de "menteur ou de voleur". Il est certain qu'une telle alternative comble d'aise les médias.

Je n'ai pas envie d'aller plus loin au sujet de cette dame à laquelle il y a quelques semaines j'ai déjà consacré un billet. Henri Guaino a eu des mots définitifs sur elle puisque de mémoire il a qualifié son attitude, cette propension constante "à cracher dans la soupe" d'indécence absolue et de ce qu'il y avait de pire en politique.

Il y a quelque chose de pathétique dans les propos de Claude Guéant qui révèle : "J'ai enfin compris ce qu'était la vie d'un Français". Manifestement trop tard. Pourtant était-ce si difficile, au milieu des dorures et des journées de travail, de percevoir le quotidien de ses concitoyens ? Cette impossibilité, cette incompatibilité n'ont sans doute pas été pour rien dans la défaite du sarkozysme.

Claude Guéant est soutenu du bout de l'esprit par très peu et lâché par la plupart. Dans l'affaire des 500 000 euros, des primes en liquide qu'il aurait perçues, il est englué dans ce qui chaque jour ressemble de plus en plus à une défense maladroite, voire à un mensonge. Quel dommage que jamais, dans ces éprouvantes circonstances, on n'essaye la vérité !

Avec toutes ces ombres surgies des tréfonds du quinquennat précédent, dont certaines ont pris un tour judiciaire, avec ces missions secrètes et ces arrangements occultes, avec cette part d'officieux sur le plan national et international, on se doutait qu'entre le chef et ses collaborateurs immédiats existait forcément une entente, une complicité, une solidarité. Le premier informé nécessairement de ce qu'accomplissaient les autres et ceux-ci informés de ce qu'avait tramé le premier.

Mais tout de même, Claude Guéant, quel coup de tonnerre sur la Sarkozye ! On les entend tous murmurer : "Pourvu qu'il tienne"! (Mediapart)

Des dames et un monsieur. Un quatuor qui ne se veut pas que du bien.


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