Actions sur le document

Amours politiques à Lyon : Gamelle surprise pour Madame Collomb, et séisme pour son mari le Maire

Actualités du droit - Gilles Devers, 14/05/2015

C’est juste un vote du Conseil fédéral du PS du Rhône,… mais c’est un...

Lire l'article...

C’est juste un vote du Conseil fédéral du PS du Rhône,… mais c’est un séisme dans la vie politique à Lyon. Vous allez-voir…

petit_commerce_thumb.jpg

Le vote du 12 mai

Mercredi soir, c’était le vote du conseil fédéral PS du Rhône, pour adouber la liste des régionales, avec Jean-Jack Queyranne le sortant n° 1, et Madame Caroline Collomb bombardée n° 2 par la volonté de Monsieur Gérard Collomb, maire, sénateur, président de la Métropole, président des Hospices Civils de Lyon, et président du SYTRAL, le syndicat des transports publics, et d'autres. Une formalité, car dans toute fédération normale, le conseil fédéral c’est blindé. D’ailleurs le patron de la fédé, c’est Kimelfeld, un pur produit Collomb, chargé de la police politique.

Le débat s’est cristallisé autour de l’intronisation de Madame Collomb dans une perspective de succession familiale… Et là, grosse surprise : la liste a été rejetée, avec 51 voix contre et 50 voix pour. Un désaveu cruel pour la famille Collomb… Chez les socialistes de Lyon, personne ne dit rien en public,… sinon c’est « retour à la salle des profs » et fin des délicieuses indemnités… Mais avec le secret du vote, on s’enhardit… tout en prenant l’air consterné devant le résultat… Ce rejet a mis Collomb en furie, et comme il va falloir trouver une autre composition de la liste dans les jours qui viennent, l’ambiance sera super joyeuse… et la campagne détendue…

La toile de fond, ce sont de petites haines, et des courses aux places pour des gens qui ne les méritent pas.

Collomb – Queyranne : Une vieille rivalité

Historiquement, les francs-macs avaient passé un accord : Lyon et l’Ouest à la Droite, et Villeurbanne et l’Est à la Gauche. Tous ceux du PS qui avaient un peu de talent politique allaient se faire élire à l’Est, et notre Collomb – triste prof’ sans élèves – restait stoïque à Lyon, à accumuler les gamelles. A la fin des années 2000, la Droite à Lyon était ravagée, meurtrie par les affaires Noir et les arrangements FN de Millon, et Barre, emmerdé pendant tout son mandat par ces chamailleries, a tout fait pour adouber Collomb, en adoration devant ce misérable modérantisme lyonnais. Ce Collomb accro à des analyses du genre « Il faut créer la richesse avant de la partager ». La partie était belle, et Queyranne, alors maire de Bron, secrétaire d’Etat et ministre le l’intérieur le temps de l’absence de Chevènement, a fait savoir que la place était pour lui et son génie. La suite a été brève et saignante, mais Collomb s’est imposé. Queyranne a attendu 2004 pour se faire élire à la région, et chacun dans son coin a géré sa vie.

La métropole… de la région

Ça c’est compliqué depuis un an avec la création de la Métropole. Un réassemblage des collectivités pour faire de Lyon la métropole régionale… avec un Collomb qui a pris le melon XXL. Pour se faire réélire pépère, il dirige Lyon en s’alliant à la Droite et au patronat. Une manip’ bien analysée à Paris, et son rêve d’être ministre est un leurre… Avec la Métropole, il avait sa revanche : plus de poids qu’un ministre… sauf que Queyranne lui a rappelé que la région,… c’était lui. Ah bon ?

En dealant avec Vallini, secrétaire d’Etat à la réforme administrative et ex-président du conseil général de l’Isère, Collomb a commencé ses petites magouilles pour faire dégager Queyranne, en mettant en avant Jean-François Debat, le maire PS de Bourg-en-Bresse. Rien de moins… Va-te-faire voir, lui a répondu Queyranne, qui a organisé la riposte sur le thème : « Quoi un putsch de ce nullard pour m’éliminer ? » Queyranne s’accrochant, Collomb a lâché Jean-François Debat, mais pour imposer Madame Collomb numéro 2, et avec engagement qu’elle soit première présidente de la Région.

Queyranne a répliqué en voulant comme numéro une beurette, au nom de la « diversité » (ne pas rire). Premier choix Belkacem, la protégé de Collomb devenue son ennemie car elle est ministre et pas lui. Belkacem a décliné, et Queyranne s’est rabattue sur Farida Boudaoud, élue à la région, exclue du PS pour avoir été sur une liste opposée à la liste PS à Décines en 2014, une vedette de cinquième sous-sol, comme le montre son blog et cette fulgurante interview.

Une blague pour Collomb. Son projet est de se faire réélire pour être ensuite grand patron à vie de la Métropole, pendant que Madame Collomb s’occuperait de l’intendance à la Ville de Lyon. Et ça tombe bien, Collomb Caroline y pense aussi… Comme c’est touchant.

La mise sur orbite de Caroline

La mise sur orbite de Caroline a commencé en l’imposant secrétaire de section du 5° arrondissement. Un secteur sensible, déterminant pour le contrôle de l’investiture sur la 1° circonscription, actuellement tenue par un supporter de l’OL. En 2007, pour bloquer la candidature de Philippe Meirieu, un écolo qui aurait pu songer à la mairie, Collomb avait propulsé ce PRG sans saveur et sans odeur. Mais, bingo, Hollande, qui se contrefiche de Collomb, nomme Braillard ministre des Sports, et le type, qui ne se sent plus, explique qu’il serait très bien comme futur maire de Lyon. Houala, une punition sévère s’impose : Caroline Collomb est nommé secrétaire de section, et se prépare pour les législatives, avec le soutien de la fédé.

Le vote de la fédé

Et là, on arrive au vote de mercredi soir au conseil fédéral pour la liste régionale. Il y a eu un accord politique, imposé par Collomb à Queyranne, sur le thème : « Tu la fermes, car de toute façon, je tiens la fédération, et j’ai la marge pour imposer le vote ». Je dois préciser ici – héhé – qu’effectivement Queyranne n’est pas au mieux avec le parti… car aux dernières municipales, de Bron, il avait soutenu la liste de son épouse, dissidente du PS, contre la PS officielle… Je vous assure, ils sont impayables !

Donc, Kimelfled avait fait le job, et le vote était blindé. Sauf que tout a explosé en vol. Ce vote négatif, c’est l’après-Collomb qui commence.

Queyranne et sa petite équipe ont dû passer beaucoup de temps au teléphone pour préparer cette petite surprise à Collomb, et le mal est puissant. Le ciment qui fait l’opposition à Colomb, c’est son autoritarisme et ses alliances avec la Droite. L’attaque a plusieurs bases, tous solides.

L’Est contre Collomb

La première, une place forte, c’est l’Est de Lyon, avec Villeurbanne en tête. Le maire de Lyon qui contrôle la métropole, et la métropole qui contrôle la région, c’est un film insupportable pour ces élus, sommés de passer sous la toise. Tout ça pour voir Collomb diriger avec la Droite et le patronat... Et ça devient une peine de perpète, si Caroline est maire de Lyon pour que Gérard ait tout le temps d’imposer ses vues depuis la métropole. Bret, le maire de Villeurbanne, ne supporte plus l’autoritarisme de Collomb… au point de faire une place en or à Belkacem !  Belkacem vient d’acheter un apparemment à Villeurbanne, car Bret lui offre une circonscription et une super place à la mairie… et ses amitiés à Collomb. Des gamins… Trop drôle

Queyranne a aussi dealé avec les élus de Lyon qui sont en froid avec Collomb pour des raisons diverses et variées.

Là, on trouve deux bases.

Le 8° arrondissement

En classique, le 8° arrondissement, un gros arrondissement populaire, qui a toujours été dans la rivalité à Collomb, avec des élus qui n’obtiennent pas leur sussucre comme récompense. Collomb, qui n’est pas de Gauche et se sait faible, redoute toute opposition interne, et il a toujours cherché à éliminer ce qui venait du 8°. Dernier en date, le député Jean-Louis Touraine, contraint de dégager de la mairie.

Thierry Philip en campagne pour 2020…

Plus nouveau, et beaucoup plus embêtant pour l’avenir de la famille Collomb, le maire du 3° arrondissement, Thierry Philip. Ici, il faut remonter à 2008, la première réélection de Collomb.

En 2001, Collomb avait gagné par ce que la Droite était divisée en quatre listes : RPR, noiristes, millonistes, et FN. Pas la même en 2008, et pour gagner, il lui fallait impérativement gagner le 3e, qui est une ville dans la ville.

Pour ce faire, Collomb s’est préoccupé en urgence d’édifier un mémorial arménien, car la communauté arménienne est influente sur le secteur. Collomb, qui ne s’intéresse à rien à part Lyon, se passionnerait pour l’histoire de la question arménienne ? A d’autres… 

Ensuite, il est allé chercher Thierry Philip. Une grande famille : un grand-père André, résistant, son père Olivier, préfet de renom, son frère Christian était le premier adjoint de Barre. Thierry Philip est un toubib en vue, cancérologue qui dirigeait alors le Centre Léon Bérard. Philip a foncé. Il a fait une grosse campagne de terrain, promenant sa grande stature et son charisme montée d’escalier après montée d’escalier, et ça a marché. Il a gagné la mairie du 3°, et envoyé une belle équipe de délégués à la mairie centrale pour réélire Collomb.

Mais aussitôt, problème pour Collomb : comment manœuvrer pour que cet élu en vue ne lui fasse pas de l’ombre ? Dans un premier temps, tout va bien : Philip est maire du 3° arrondissement, et donc ne peut pas être adjoint à la mairie centrale. Mais le type s’impatiente, estimant que son immense talent n’est pas récompensé à son juste niveau. T’as raison, lui dit Collomb, je fais de faire élire aux élections européennes. Les deux sont enchantés, car Philip y voit un tremplin pour son bel avenir, et Collomb espère satelliser son rival le plus sérieux. Problème. Ça bloque au PS national, où Collomb n’a aucun poids, et qui ne va pas carboniser un siège de député européen pour calmer les angoisses de Collomb. 

Adieu l’Europe,… mais arrive la présidence du Conseil général. Planté, car Collomb ne fait pas le nécessaire. Suivent les sénatoriales. Philip va voir son grand copain Collomb, pour lui dire : « Laisse-moi ta place, d’autant plus que tu es maxi-cumulard, et l’un des sénateurs les plus absent ». Bien sûr, Collomb refuse : toujours ce réflexe de faiblard devant quelqu’un qui pourrait s’imposer face à lui.

Qu’allait faire Philip ? Le mec aurait relativisé sa carrière de médecin pour finir faire valoir et sous-fifre de Collomb Gérard ? et pour voir Gérard préparer la place à Caroline, qui obtient tout gratis en quelques jours alors que lui n’a rien obtenu en dix ans !...

Alors ? En bloquant la liste des régionales, Thierry Philip a fait un choix clair : il s’engage pour les municipales de 2020, pour succéder à Collomb.

La suite du feuilleton

On va d’abord s’amuser ces jours-ci à voir tous ces joyeux gugusses se retrouver dans des scènes de fol amour pour refaire une liste. Collomb va-t-il lâcher ? Passer en force ? Quelles concessions lui sauvant la face ? Le mec est coutumier de crises colériques spectaculaires, et il va y avoir de l’ambiance…

Ensuite, viendra le plus gros morceau… Thierry Philip et l’alternance en 2020. Un choix imposé à Collomb, sur le thème « ras le bol ». La bataille sera rude et ne se jouera que sur les personnes et les combines, car ils ont le même projet : gérer la ville comme une grosse copropriété, et surtout pas de politique. Thierry Philip trouvera comme soutien tous ceux qui ont été éliminés du système Collomb, car pas assez serviles. Collomb va encore se raidir, sur le thème : « Je défends mon honneur face à la trahison de ceux qui ne seraient rien sans moi ».

Spectacle garanti. 

2844a520-321e-11e0-a431-8be0ef9c752a.jpg


Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...