On pourra bientôt visiter la maison de Sherlock Holmes
Actualités du droit - Gilles Devers, 31/05/2012
Le chien des Baskerville et les douze autres histoires du plus célèbre détective, Sherlock Holmes, ont été conçues… certes dans la tête du grand Sir Arthur Conan Doyle, mais plus précisément dans une grande bâtisse victorienne à Hindhead Crossing près de Haslemere (Comté de Surrey, dans le Sud-Ouest de Londres)
La maison s’appelle Undershaw, et elle est l’œuvre de Conan Doyle. C’est lui qui en avait conçu les plans, avait surveillé la construction, l’avait baptisée et l’avait habitée pour en faire le lieu de son inspiration. Il y a vécu de 1897 à 1907.
Mais l’histoire de cette maison hors norme a été plus chaotique.
À la mort de l’auteur, la maison a été vendue et en 1921 elle a été transformée en hôtel. Mais à la fin des années 1990, l’hôtel avait fait faillite. Un repreneur s’était fait connaitre, pour reprendre ce haut lieu de la littérature, et je vous le donne en mille : eh oui,… McDonald.
Une levée de bouliers avait bloqué la vente, et la maison a été rachetée en 2004 par un investisseur, Fossway Ltd, qui s’était engagé à réaliser un grand projet dédié à l’œuvre de l’auteur. Mais aucune solution ne se dégageait sur le site et la maison se dégradait à grande vitesse. Les amis de l’œuvre de Conan Doyle étaient vigilants, redoutant de voir un nouveau projet fumeux dénaturer le site. Il faut dire que nous sommes dans la Grande-Bretagne libérale, et sans trop de sous… Aussi un projet public pour refinancer la maison était ressenti comme un truc de rêveurs…
Le conseil de Waverley, en 2008, a tapé du poing sur la table, exigeant que le propriétaire fasse les réparations indispensables. Très compliqué a commencé à expliquer Fossway Ltd… pour finalement proposer son plan : un bon petit projet immobilier, démembrant Undershaw en huit appartements.
Les amis de l’auteur, ne voulant pas voir Undershaw découpée en petits morceaux, se sont mobilisés, avec à la manœuvre John Gibson, un universitaire spécialiste de Conan Doyle, auteurs de plusieurs ouvrages, et qui s’est attaché à démonter l’importance de cette maison dans les treize histoires de Sherlock Holmes.
Et patatras : en 2010, le conseil d’arrondissement de Waverley a donné son accord a ce projet immobilier. Oui, mais attention : la maison était classée « monument historique », avec une série de délicieuse règles d’urbanisme à respecter.
Un collectif s’est organisé, « Save Undershaw », a réuni des infos et des sous, et a mission des avocats pour attaquer l’autorisation. Et ce 30 mai, le juge Cranston de la Haute Cour de justice de Londres leur a donné raison : le conseil d’arrondissement de Waverley n’avait pas respecté les régles d’urbanisme.
La maison a sauvé sa peau, et le saucissonnage n’est pas pour demain. Le collectif « Save Undershaw » regroupe 10 000 amis, et ca commence à peser. Une fondation a été créée en 2009 par John Gibson, Lynn Gale et Sue Meadows. Avec ce mouvement, un auteur de polars a été hissé à la notoriété des grands écrivains, et on peut penser que cette fois-ci, on va aller vers une restauration d’Undershaw.
John Gibson explique au Guardian : « C’est un endroit imprégné d’histoire et il doit être traité avec le respect. La vie de Conan Doyle et ses travaux sont essentiels dans la culture britannique, et leur influence n'a sans doute jamais été aussi grande. Nous sommes absolument ravis de voir que les amateurs de partout dans le monde se soient mis en contact et ont promis leur plein soutien dans nos efforts. »
Fossway Ltd va bouder, et ne voudra pas investir une livre. Il faut donc que la maison soit revendue, et qu’un projet clair se dessine. Fonds publics, fonds privés, amis de l’œuvre… il doit bien y avoir un moyen de restaurer cette maison et de lui redonner un avenir. Parce que franchement, aller se poser dans la bibliothèque d’Undershaw, et voir à travers la fenêtre la lumière que voyait Sir Arthur Conan Doyle, çà doit le faire. Une visite de nuit, par un temps sauvage, ça ne doit doit pas être mal non plus.
Undershaw