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Valls, Belkacem ? Des gamins…

Actualités du droit - Gilles Devers, 9/05/2013

Ç’est passé assez inaperçu, mais c’est pourtant bien significatif. Valls et...

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Ç’est passé assez inaperçu, mais c’est pourtant bien significatif. Valls et Belkacem se sont désistés de leur participation à un colloque universitaire… au motif que Tariq Ramadan était présent. Défendre ses idées est plus compliqué que faire le kakou au Grand Journal...

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Ce colloque était organisé hier par le très respecté Institut Universitaire Européen (IUE) de Florence. Cet institut est un établissement international de 3° cycle et de recherche en sciences sociales, fondé en 1972, financé par les Etats membres de l’Union européenne et de Suisse. La France y compte une trentaine de doctorants.

L'IUE organise régulièrement des colloques, dont un, annuel, en lien direct avec les Etats de l’Union, « State of the Union », en partenariat avec le journal Le Monde et le Financial Times. C’est l’occasion de brasser des thèmes de l’actualité en réunissant des chercheurs, des responsables politiques et des représentants de la société civile. Pour la séance introductive, on trouvait José Manuel Barroso, Emma Bonino, la ministre italienne des affaires étrangères, Rosen Plevneliev, le président de la Bulgarie… Suivait un travail en ateliers, sur 5 thèmes liés à la démocratie et à la citoyenneté en Europe,  chacun avec sa brochette d’intervenants. Pas franchement révolutionnaire.9782742718610FS.gif

Le mardi 7, Valls et Balkacem ont annoncé qu’ils se désistaient… au motif que Tariq Ramadan faisait partie des invités (mais ils ne participaient pas à la même session). Pas de communiqué officiel des ministres, mais l’entourage de Belkacem a expliqué au Monde que « c'était compliqué de partager la tribune avec quelqu'un qui défend le principe d'un moratoire sur les châtiments corporels contre les femmes ».

Au nom de l'Institut, Stephan Albrechtskirchinger, a déploré ce lâchage, alors que la présence de Tariq Ramadan est connue de longue date et qu’il est un professeur à l'Université d'Oxford à « l'autorité académique indiscutable ».

La planète n’a pas été bouleversée par ce désistement, mais il faut quand même s’y arrêter car ce silence dit beaucoup.

Ce qui est flagrant, c’est le cavalier seul français dans la crispation maladive vis-à-vis des questions musulmanes. Le problème est que ces dadais sont ministres, et qu’ils reflètent le point de vue du gouvernement. Alors, Hollande ou Sarko… La fourberie ou la franchise…  Cette diabolisation de Tariq Ramadan est dans l’exacte continuation de ce que faisait Sarkozy, à ceci près que Sarkozy avait tenu un débat public avec Ramadan.

Ensuite, ils ne participaient pas à la même table ronde. Même pas le risque de lui parler… C’est donc uniquement une question d’image : « Je ne suis pas d’accord avec ce que dit un mec, alors je ne viens pas… » Et çà, c’est ministre ?!

« L’entourage » de Belkacem ressort l’argument sarkozyste sur le fameux moratoire, alors que tout le monde sait que c’est bidon. Tariq Ramadan a pris position de la manière la plus nette, dans ses livres et dans maintes émissions, contre la peine de mort et tous les châtiments. Il a simplement dit aux responsables du monde musulman : « Je suis opposé à la peine de mort, car je crois que l’interprétation des textes est en ce sens au regard de ce qu’est notre monde. Vous devez prendre le temps de réfléchir sur l’interprétation des textes, et pendant ce temps, le mieux serait d’adopter un moratoire ». La position de Tariq Ramadan est tellement claire qu’elle lui a valu une interdiction de séjour en Arabie Saoudite,… alors que le gouvernement français fait des mamours à ce pays (riche) notamment pour lui vendre des centrales nucléaires.  

Et puis le problème ça serait quoi ? Le double langage ? Ramadan a publié plus de dix livres : alors, lisez ses livres, allumez ses écrits et combattez ses idées ! Mais cet interdit, c’est nul. C’est une logique de censure.

Reste un paradoxe : tout repose sur une influence supposée de Tariq Ramadan dans la communauté musulmane française… qui ne se retrouve pas vraiment. Il a un public, c’est sûr, et ça se comprend : c’est un érudit, bon orateur, qui parle de thèmes intéressants et il est d’un abord très simple. Mais, il y a aussi une large part qui n’a pas lu ses livres et qui ne le calcule pas, et toute une autre part qui le critique, et les critiques sont diverses. Voilà l’affaire : c’est un intellectuel, alors on discute, on approuve ou on conteste, pour lui comme pour les autres.

C’est quoi, cette diabolisation ? Quel est le stade d'élaboration de la pensée ? 

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