Accident mortel de Lee Zeitouni: le chauffard condamné à cinq ans de prison ferme
Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 3/12/2014
Une peine de cinq ans d'emprisonnement ferme a été prononcée mercredi 3 décembre par le tribunal de grande instance de Paris contre Eric Robic, le chauffard poursuivi pour homicide involontaire et délit de fuite après la mort d'une jeune femme de 25 ans, Lee Zeitouni à Tel Aviv (Israël) le 16 septembre 2011. Son passager, poursuivi pour non assistance à personne en danger, Claude Khayat, a été condamné à 15 mois d'emprisonnement ferme.
Dans l'après-midi, le procureur de la République Henry Guyomard avait requis une peine de 6 ans d'emprisonnement assortie d'un mandat de dépôt contre Eric Robic et de 3 ans dont un ferme contre Claude Khayat.
L'extrême médiatisation de cet accident, qui avait provoqué un imbroglio diplomatique entre la France et Israël et l'agression dont a été victime l'un des avocats de la défense, Me Régis Méliodon, frappé au visage par un inconnu dans les toilettes du palais à l'occasion d'une suspension d'audience le 27 novembre, avaient donné à ce procès une dimension particulière que le procureur s'est efforcé de ramener à celle, à la fois banale et terrible, d'un drame de la route comme il en s'en produit plusieurs fois par an.
Le procureur a d'abord soigneusement distingué les délits reprochés à chacun des deux hommes. Il n'y pas deux chauffards, mais un, a-t-il rappelé, contre les raccourcis hâtifs auxquels avaient donné lieu les récits de cette affaire. Il a de même pris soin de souligner que le profil des prévenus, mis en cause par ailleurs dans des affaires d'escroquerie, ne devait pas entrer en ligne de compte dans l'appréciation du tribunal. Contre le conducteur du véhicule, il a retenu en revanche toutes les circonstances aggravantes : la vitesse excessive, évaluée par plusieurs témoins et par Eric Robic lui-même à plus de 100 km à l'heure, un feu rouge grillé lors de la traversée de la jeune femme sur le passage piétons, la conduite sous l'emprise de l'alcool, le délit de fuite et la non assistance à personne en danger, qui lui faisaient encourir un maximum de 10 ans d'emprisonnement.
S'appuyant sur la jurisprudence du tribunal de Paris en matière d'accidents de la route, le procureur s'est appuyé sur trois dossiers récents, aux circonstances très proches, dans lesquels des peines de 4 à 7 ans d'emprisonnement - dans ce dernier cas, l'accident avait causé la mort de quatre jeunes gens - avaient été prononcées.
Face à la famille de la jeune femme protégée par un impressionnant service d'ordre et à une salle tendue sur laquelle veillaient plusieurs gendarmes, il a observé que "la tentation est forte de céder à la passion, alors que la justice doit être la voix de la raison" avant d'appeler les juges à ne pas faire preuve d'une "sévérité inédite" à l'égard des deux prévenus.