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Une belle-fille, une belle-mère, beaucoup d’argent et un meurtre

Chroniques judiciaires - prdchroniques, 22/05/2012

Dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 avril 2009, dans une magnifique propriété du Morbihan, les pompiers tentent en vain de réanimer Anne-Marie Le Couviour, 75 ans, découverte couchée sur le dos, le visage tuméfié et recouvert d'adhésif … Continuer la lecture

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Dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 avril 2009, dans une magnifique propriété du Morbihan, les pompiers tentent en vain de réanimer Anne-Marie Le Couviour, 75 ans, découverte couchée sur le dos, le visage tuméfié et recouvert d'adhésif noir, les mains et les chevilles entravées. Son époux, Eugène Le Couviour, 90 ans, choqué et blessé, explique qu'ils viennent d'être agressés par deux hommes qui réclamaient "le coffre, le coffre", avant de s'enfuir avec quelques bijoux.

La nouvelle de l'agression et de la mort d'Anne-Marie Le Couviour se répand d'autant plus vite que la famille est l'une des des plus riches du département. Ancien fabricant de meubles, qui s'est spécialisé dans le lit d'hôpital jusqu'à devenir leader européen sur ce marché, Eugène Le Couviour a fait fortune en revendant son entreprise dans les années 1990 à son principal concurrent américain. Il a longtemps été le plus gros employeur du canton, a été élu maire, conseiller général, conseiller régional, député suppléant et porte ruban rouge à la boutonnière.

Quatre jours plus tard, le 14 avril, quatre personnes sont écrouées et mises en examen pour assassinat et complicité d'assassinat. Deux hommes, Wenceslas Lecerf, 36 ans, et Guénolé Made, 27 ans, qui reconnaissent être les auteurs de l'agression et de l'assassinat d'Anne-Marie Le Couviour, en exécution d'un "contrat". Un jardinier, Loïc Dugué, 45 ans, qui a servi d'intermédiaire pour les recruter et les rémunérer à hauteur de 20 000 euros.  Et une femme, Josiane Sidaner, épouse Le Couviour, 60 ans, belle-fille d'Eugène, dont elle a épousé le fils aîné, Jean-Jacques, qui est accusée par les trois autres d'être le commanditaire du crime.

Tous reconnaissent les faits, elle nie, jusqu'à ce que, sur indication de Loïc Dugué, les enquêteurs retrouvent enterrés dans le jardin de sa propriété les quelques bijoux dérobés à Anne-Marie et Eugène Le Couviour et rapportés en guise de "preuve" que le contrat avait bien été exécuté. Confondue par cette découverte, Josiane Le Couviour admet alors avoir demandé à son ancien jardinier de lui trouver des hommes de main pour organiser un cambriolage au domicile de son beau-père, dans l'intention, dit-elle, de récupérer des documents sur l'héritage. Elle continue de nier tout projet d'assassinat.

L'enquête s'engouffre alors dans les secrets d'une famille que l'argent a déchirée. Eugène Le Couviour, père de trois enfants, a attendu d'être veuf pour épouser Anne-Marie, avec laquelle il avait entretenu pendant des années une liaison clandestine. Entre la belle-mère, elle-même mère de trois enfants, et les deux fils aînés d'Eugène Le Couviour, les relations sont froides. Elles s'enveniment quand les deux fils soupçonnent leur belle-mère de vouloir détourner à son profit et à celui de ses propres enfants une part importante du considérable héritage d'Eugène Le Couviour et s'en ouvrent auprès de lui afin de connaître ses dispositions testamentaires. La belle-fille, Josiane Le Couviour s'en mêle, se répand en ville sur les dépenses inconsidérées qu'elle prête à sa belle-mère. Entre le père et ses fils, c'est la rupture.

C'est alors que Josiane Le Couviour aurait conçu, à l'insu de son mari, une simulation d'agression afin de mettre la main sur les papiers de l'héritage.

Au cours de l'instruction, les trois complices ont changé d'avocat et modifié leurs déclarations. Après avoir clairement expliqué que Josiane Le Couviour les avait chargés d'éliminer sa belle-mère, ils ont aligné leur défense sur la sienne, en affirmant qu'il ne devait s'agir que d'un cambriolage et que la mort d'Anne-Marie Le Couviour était accidentelle.

Vols avec violences ayant entraîné la mort ou assassinat ? La cour d'assises du Morbihan, à Vannes, s'est donnée deux semaines pour répondre. Le procès s'est ouvert, mardi 22 mai. A suivre.


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