Corée du Sud : La Cour suprême indemnise les militants communistes persécutés
Actualités du droit - Gilles Devers, 28/08/2012
Les militants communistes de Corée du Sud des années 1950 viennent d’obtenir un arrêt de la Cour Suprême reconnaissant leur statut de victimes de crimes, et leur droit à indemnisation.
La Cour Suprême de Corée
Peu de pays comme les deux Corées portent, et au jour le jour, le poids de l’histoire.
Allemagne de l’Ouest et Allemagne de l’Est, c’est fini. Vietnam du Nord et Vietnam du Sud aussi. Reste la Corée, barrée par le 38° parallèle, et coupée en deux. Mais comment se fait-il que ce pays, façonné par 8 000 ans de civilisation commune, se trouve ainsi cassé par l'histoire, brisant son histoire, sa société, ses familles…
Avant d’aller plus loin, je dois vous dire que je suis (une fois de plus) totalement partial. Je suis tombé sous le charme de la Corée du Sud et de sa société (pas d’accès à la Corée du Nord). Je vous recommande le voyage. Vous oublierez vite les seize heures de vol. Le premier emballement est pour la qualité de l’instant présent assuré aux visiteurs, et très très vite, vous découvrirez la puissance de cette vie. On part en Corée en pensant à la société vibrionnante dont les firmes ont conquis le monde, et on trouve, et si près de villes, la plus délicieuse des natures.
Voilà.
Bien sûr, il n’y a, historiquement, qu’une seule Corée. Retrouvera-t-elle son unité ? Ne serait-ce que pour les familles cassées, il faut le souhaiter.
La si ancienne Corée a été colonisée par le Japon au début du XX° siècle, le Japon, comme tout colonisateur qui se respecte, ne cherchant que la position stratégique - une place de rêve sur le continent asiatique - et le pillage des richesses.
Lors du Traité de Yalta, les US de Roosevelt et l’URSS de Staline avaient décidé de libérer la Corée en virant le Japon, le grand loser de l'époque, l’un s’occupant du Sud, et l’autre du Nord. Ce qui a été fait.
Mais pour faire quoi ensuite ? De belles élections pour l’autodétermination ? Un film… et le nouveau malheur des Coréens.
Les deux compères de Yalta sont vite devenus ennemis et le peuple coréen, qui ne demandait rien de cela, a été projeté dans cette « Guerre Froide », qui pour eux était brûlante. En 1950, le Nord (URSS et Chine) a attaqué le Sud, en l'envahissant, et le Sud (US) a répliqué pour ramener les troupes sur le 38° parallèle. Depuis la situation est bloquée.
Pendant cette guerre, les militants communistes du Sud ont été persécutés. Les autorités de Séoul cherchent enfin à y voir plus clair. En 2008, le président sud-coréen alors en fonction, Roh Moo-Hyun, avait présenté les excuses officielles de l’Etat pour les victimes de la « grande tragédie dans l'histoire moderne de la nation ». En 2009, un rapport établi à la demande du gouvernement a confirmé ce plan de combat des patriotes sud-coréens communistes, donnant les chiffres de 5 000 morts, dont 400 ont été exécutés pour l'exemple en 1950 à Ochang.
Sur la base de cette documentation, les familles de 400 victimes ont engagé un recours pour faire reconnaitre la responsabilité de l’Etat et faire condamner l’Etat à verser des dommages et intérêts.
Le gouvernement faisait par de toute sa compensation… mais avait conclu à la prescription.
Pour la Cour Suprême qui s’est prononcée ce 27 août, « l’argumentaire du gouvernement concernant le délai de prescription constitue un abus de droit et s'oppose au principe de bonne foi ».
L'Etat sud-coréen est condamné à verser 28.120 euros aux plaignants.
Séoul ...
Prenez le large ...
... et allez sur l'île de Jéju