Il y en a qui...
Justice au Singulier - philippe.bilger, 17/06/2020
Il y en a un qui a été excellent mais qui craint de l'avoir trop été : le Premier ministre.
Et il y a tous les autres.
Ceux qui n'ont rien fait et dont on n'a pas pu parler défavorablement.
Ceux qui ont accompli un peu mais se demandent si c'est trop ou pas assez.
Ceux qui trop présents ont fait de l'ombre aux discrets par nature ou par médiocrité.
Ceux qui intermittents ont alterné le meilleur et le pire.
Ceux qui constants ont cumulé le pire puis le pire.
Ceux qui à l'intérieur supputent d'être exilés à l'extérieur.
Ceux qui craignent d'avoir déplu à un certain moment mais escomptent qu'à un autre une flagornerie bien placée les a sauvés.
Ceux qu'on annonce partants mais se pensent irremplaçables.
Ceux qui le sont mais tremblent de l'avoir trop fait savoir.
Ceux qui ont la modestie ostensible et la solidarité surjouée mais ne parviennent pas à occulter leur talent et leurs ambitions.
Ceux qui seront aussi tristes en s'éloignant qu'ils l'ont été en place.
Ceux qui trépignent déjà à l'idée d'augmenter la haute opinion qu'ils ont d'eux-mêmes.
Ceux qui sont perfectibles mais ont trop tardé à en donner des commencements de preuve.
Ceux qui ont été totalement inaptes mais ne se désolent pas parce qu'on est en France et que ne pas réussir parfois protège.
Ceux qui ont montré de la bonne volonté mais n'ont convaincu et ébloui qu'eux-mêmes.
Ceux qui attendent, espèrent, se gonflent, tremblent, frémissent, désespèrent.
Tableau d'un gouvernement en suspens.
Emmanuel Macron, avec un sadisme présidentiel, tire les ficelles et les plonge tous dans une sorte d'effroi : quitter la lumière ou y demeurer ? telle est la question.
Le citoyen n'aura aucun mal à reconnaître les siens.