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Licencié pour avoir mangé deux gâteaux

Actualités du droit - Gilles Devers, 5/12/2012

Il y a vraiment des mecs qui ont le melon, ça m’écœure. Virer pour faute...

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Il y a vraiment des mecs qui ont le melon, ça m’écœure. Virer pour faute grave un salarié qui a trente ans d’ancienneté parce qu’il a croqué deux gâteaux destinés à être jetés… Ce sont des brutes.

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Joël, 49 ans, est chauffeur de nuit à la base logistique d'Intermarché à Bressols (Tarn et Garonne), avec trente ans d’ancienneté.

Après sa tournée de nuit, il rentre au dépôt et il explique : « Je me sentais un peu fatigué. J'ai simplement voulu grignoter deux biscuits de la casse. Chez nous, la casse est un conteneur où l'on entrepose des marchandises abîmées, destinées au reconditionnement, à la Banque alimentaire ou à la destruction ».

Oui, mais voilà, c’est interdit de chez interdit. Son supérieur hiérarchique, à qui rien n’échappe, l'a vu en flagrant délit de manger les deux gâteaux, et il en réfère à la direction, qui aussitôt dégaine l’artillerie : mise à pied conservatoire et licenciement pour faute grave, c’est-à-dire sans préavis et sans indemnité de licenciement, prononcé le 24 novembre.

Motif : le règlement intérieur prévoit une interdiction formelle de piocher dans les stocks, et même dans la fameuse «casse.»

Les collègues, conduits par la CGT, ont alors bloqué l’entrepôt, expliquant par un tract : « Même si la faute est avérée, comment pouvons-nous accepter une telle décision ? ». La direction n’a pas voulu revenir sur le licenciement, mais elle a accepté de verser 20 000 € de dommages et intérêts.  

Sur RTL, Joël laisse parler son désarroi : « Ils ne m'ont donné que 20.000 euros après trente ans de boîte. Ce n’est pas moi le voleur…  Un gars qui a 50 ans, on peut le détruire complètement pour deux gâteaux. Grâce au directeur, mes enfants vont être un peu plus privés pour Noël. Je vais être obligé de vendre ma maison.»

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Alors, bien sûr, on va me sortir les litanies : le respect du règlement intérieur,... qui vole un œuf vole un bœuf,... le vol dans les entreprises… Merci, je suis au courant. Au bureau, la salle d’attente est dans la bibliothèque et des livres disparaissent régulièrement.

Mais je me contrefiche de ça. J’invite seulement les p’tits mecs au melon d’Intermarché à s’écarter des certitudes du règlement intérieur pour réfléchir deux minutes à ce qu’est la vie d’un père de famille qui, après trente ans de bons et loyaux services, rentre chez lui sans boulot, viré comme un voleur.

Continuez la casse, continuez la violence et faites bien les malins avec vos règlements de psychorigides... Si vous avez cinq minutes, passez demain à la médecine du travail que le toubib vérifie si vous avez un cerveau dans le crâne. Après, il faut toute une éducation pour apprendre à s’en servir. Au début, ça fait peur, mais vous verrez, au final, c’est pas mal de devenir un être humain.

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Gestion moderne des ressources humaines


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