Avec SFR t'as tout compris
Actualités droit du travail, par Artemis/Velourine - Artémis, 1/12/2012
"La présence de quatre opérateurs mobiles ou plus, demandée par la Commission européenne dans les grands pays d'Europe, n'est pas viable économiquement », avaient écrit en 2009 l’Unsa et la CGE de France Télécom.
L’ensemble des syndicats du secteur avait écrit dans plusieurs communiqués . « Cela ne peut entraîner que des suppressions d’emploi, des délocalisations, des pertes d’investissement »
Free mobile a obtenu, en début d'année, la quatrième licence .
Les autres opérateurs mobiles ont du s’aligner sur les offres de Free , pour ne pas perdre trop de clients, en proposant de nouveaux opérateurs comme Sosh et B&You.; Par ailleurs, pour réduire les coûts, la délocalisation des centres d’appels s’est accentuée .
Les conséquences ont été la mise en place de plans sociaux chez Bouygues Télécom et orange et maintenant chez SFR.
Avec notamment des forfaits illimités à moins de 20€/mois et sans engagement , Free est désormais le bouc émissaire du dérèglement du marché de la téléphonie mobile même si les clients se réjouissent des forfaits low cost .
Dans une interview accordée au journal Usine Nouvelle, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, accuse les choix faits avec le précédent gouvernement dans le secteur de la téléphonie .
« La course au low-cost avec l’arrivée de Free a eu des conséquences sur les opérateurs, sur la sous-traitance, sur les fournisseurs. Et la situation d’Alcatel s’est aggravée : -40 % en un an en France. On ne peut le nier. Dans la téléphonie, nos prédécesseurs nous ont laissé un capharnaüm. Nous commençons à y remettre de l’ordre », explique Arnaud Montebourg.
Corinne Erhel, députée PS, dénonce dans un rapport publié il y a quelques jours: «(les) conditions d’entrée d’un quatrième opérateur sur le marché du mobile qui a profondément bouleversé les modèles économiques ».
Le gouvernement, faute de candidats pour des raisons financières, avait décidé de baisser le prix de réserve pour l’attribution de la licence de 620 à 230 M€. Ce qui permis à Free d'acquèrir une licence à un coût plus bas que ces concurrents.
Les opérateurs mobiles, du fait de leur réseau (les coûts d’entretien), de leurs boutiques, de leur service clients entre autres, n’arrivent pas à surmonter cette baisse de tarif fulgurante.
En effet, il a été beaucoup plus facile pour Free Mobile de mettre ses offres en place, du fait qu’il n’a pas eu les mêmes investissements à effectuer mais aussi car il étend son réseau et recrute des salariés pour son service client au fur et à mesure et profite du réseau mobile Orange déjà existant.
Selon l’ARCEP, autorité de régulation des télécoms, les revenus des opérateurs ont chuté de 5,9% au deuxième trimestre.
Ce phénomène, comme le souligne le rapport de la députée, ne va cesser de s’empirer car au fil des mois les clients vont finir leurs engagements et profiter de ces nouvelles offres à petits prix. Elle explique même que le secteur de la téléphonie est désormais en crise.
Chez SFR le couperet vient de tomber : suppression de 856 postes ( 1 123 suppressions et 267 créations)
Mais les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille :
C’est Vivendi qui est maintenant visé et les syndicats dénoncent des « licenciements boursiers » dans la perspective de revendre SFR. « Le résultat brut d’exploitation 2012 devrait se maintenir au-delà des prévisions, autour de 3,2 milliards d’euros, garantissant plus de 1 milliard de dividendes, en ligne avec les 14 milliards distribués au cours des dix dernières années » ont indiqué les syndicats aux Echos.
Pour Damien Bornerand de la CGT, toujours dans Les Echos « ces suppressions de postes ne constituent pas un enjeu économique. Le but c’est d’améliorer la compétitivité, alors que l’entreprise est extrêmement bénéficiaire, pour ensuite vendre SFR ». Les syndicats rappellent par ailleurs que « les charges de personnel sont inférieures à 7% du chiffre d’affaires » et que « l’impact de ce plan sur la rentabilité ne dépassera pas 1% »
Pourtant il ne semble pas que les salariés aient moins de travail depuis l’arrivée de Free Mobile. « On nous laisse entendre que ce sont les salariés qui perturberaient l’efficacité de SFR par leur présence. Moi, je vois surtout des salariés qui croulent sous le boulot, qui font des heures sup non déclarées et qui vont se retrouver encore plus surchargées » indique Damien Bornerand à l’Humanité. Et, le syndicaliste pointe le véritable responsable, à son sens, de ces suppressions d’emplois : « Ce n’est pas à cause de Free que SFR a choisi de verser 1,458 milliards d’euros de dividendes en 2011 ! »
D’ailleurs, la CGT pointe que les suppressions de postes ont commencé bien avant l’arrivée de Free Mobile. Selon ses calculs l’opérateur auraient supprimé 4000 emplois depuis 2005, que ce soi par le biais d’externalisation, de mobilité ou de départs volontaires, entraînant un sous-effectif dans tous les services.
Source les Echos et l'humanité.
Selon Médiapart
"En quelques semaines après le lancement de Free mobile et ses offres à 2 et 20 euros, le groupe a explosé. Son PDG, Franck Esser, qui dirigeait SFR depuis douze ans, a démissionné. Une partie de l’équipe de direction a volé en éclats. Jean-Bernard Lévy, président de directoire de Vivendi, la maison mère de SFR, a été poussé vers la sortie.
Il a fallu attendre près de cinq mois pour que Vivendi désigne Stéphane Roussel, jusqu’alors directeur des ressources humaines de SFR pour prendre la succession de Franck Esser à la tête du groupe. En son sein, ce choix a vite été lu comme la décision d’un groupe qui s’apprête à engager des plans sociaux et à se vendre plutôt que le choix d’une entreprise décidée à se battre et à répliquer. L’impression n’a guère été démentie par la suite. « Sa mission est juste de rendre la mariée plus belle avant de la vendre. Pour le reste, il a l’air totalement serein sur son avenir qui semble assuré », relève un salarié.
En pleine tourmente, les salariés ont vu la direction générale partir en vacances en août. Elle semble continuer à mener grand train. Ces dernières semaines, ce fut un départ en jet privé à Marrakech à l’invitation de Jean-René Foutou pour participer à un séminaire de réflexion dans son riad marocain. Jean-François Dubos, pilier de Vivendi depuis trente ans devenu président du groupe après l’éviction de Jean-Bernard Lévy, sèche, pour sa part, souvent les réunions : les télécoms n’ont guère l’air de le passionner.
Vivendi ne fait plus mystère de sa volonté de sortir du secteur des télécommunications, maintenant que la rente est en voie d’épuisement. Une stratégie totalement approuvée par son nouvel actionnaire, Vincent Bolloré, qui n’a jamais apprécié ces activités trop dévoreuses de capitaux selon lui : entré par effraction dans le capital de Bouygues, il avait milité pour une sortie précipitée des télécoms.
Que faut il conclure de ce capharnaüm......?
Dès lors qu'un secteur n'est plus assez rentable , les grands groupes n'hésitent plus à sacrifier les salariés pour maintenir les dividendes !
Restructuration, vente, fermeture tout est bon pourvu que les dividendes ne diminuent pas.
C'est cela la compétitivité !