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Chômeur immolé par le feu : La violence de la loi sociale

Actualités du droit - Gilles Devers, 14/02/2013

Un suicide bouleverse, et face à ce geste personnel, rien n'est possible...

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Un suicide bouleverse, et face à ce geste personnel, rien n'est possible d'autre que le recueillement et la compassion. Mais, il s'agit du geste d'un chômeur qui s'immole par le feu devant son agence Pôle emploi, ce qui nous parle beaucoup, et il faut avancer sur le terrain des réalités.

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Le personnel de Pôle emploi n’est pas en cause, tout le montre.

Cet homme de 43 ans était très déterminé. Il avait annoncé son geste par mail, apportant bien des précisons sur sa motivation. Une première annonce, puis le report d’un jour.

Voici ces deux mails.

Mardi 12 février, 10 h 12 : « Aujourd'hui, c'est le grand jour pour moi car je vais me brûler à Pôle emploi. J'ai travaillé 720 h et la loi, c'est 610 h. Et Pôle emploi a refusé mon dossier ».

Mardi 12 février, 12 h 55 : « Je suis allé à Pôle emploi avec 5 litres d'essence pour me brûler, mais c'est fermé le 12/02/2013 ; alors ça sera demain le 13 ou le 14, car ce serait vraiment préférable au sein de Pôle emploi merci ».

Les services de secours étaient bien présents, très vigilants. Mais sa détermination a fait le reste. Il est parvenu à s’approcher de l’agence, s’est aspergé d’essence et a mis le feu. Le désespoir total.la-republique-sociale-1946.jpg

Le désespoir qui conduit à préférer la mort ? Impossible d’en parler sans être un intime, et encore... Mais, notre devoir est d’aller le plus loin possible sur le chemin de la compréhension, car la trame est une injustice d’une grande violence, et le drame est que cette injustice est légale.

Les meilleures explications sont pour le moment venues de Stéphane Guillou, représentant CGT Pôle Emploi-Pays de Loire. On apprend que, demandeur d'emploi indemnisé, notre ami avait repris une activité sans la déclarer à Pôle Emploi, continuant ainsi à percevoir de manière inchangée ses indemnités.

Stéphane Guillou explique : « Il est allé lundi faire valoir ses droits aux allocations. Mais ceux-ci lui ont été refusés car il n'a pas déclaré pendant son indemnisation des reprises d'activités. Il était persuadé que ce travail allait lui permettre d'obtenir de nouveaux droits. Les gens, parfois par ignorance, ne déclarent pas une période d'activité professionnelle et bénéficient simultanément de l'indemnisation chômage. Dans ce cas, non seulement le trop perçu doit être remboursé mais la dite période d'activité n’ouvre pas à de nouveaux droits à l'assurance-chômage ». Et le syndicaliste dénonce une « double peine ».

J’essaie de résumer. Ce chômeur indemnisé a eu, suite à des démarches personnelles, l’occasion de retrouver un travail de quelques semaines, auprès de patrons réguliers. L’emploi a été déclaré à l’URSSAF, mais pas au Pôle emploi, et le salaire s’est cumulé à l’indemnisation chômage. Aucune fraude, et bien au contraire, notre ami pensait que cela renforcerait ses droits. Mais cette activité a eu pour effet de l'obliger à rendre un trop perçu, ce que dans une certaine limite on peut admettre, mais surtout, lui a fait perdre le bénéfice de l’indemnisation.

Si la réalité est bien celle-là, c’est dramatique.  

Le Parlement doit se saisir de cette question, et tout vérifier. Il y a eu des commissions d’enquête pour moins que cela. Je rappelle cette donnée, si banalisée : les lois sociales sont telles que seul un chômeur sur deux est indemnisé. Ce n’est plus un drame personnel, c’est une société qui se perd.  

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La République universelle démocratique et sociale - Le Pacte

Frédéric Sorrieu, 1848, Musée Carnavalet, Paris


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