Du 11 janvier au 17 février
Actualités du droit - Gilles Devers, 18/02/2015
Les baudruches font bel effet, et le passant distrait peut y croire, mais elles ne durent que le temps de l’air qui les gonfle. Après la manif’ émotionnelle du 11 janvier (émotion vraie, mais émotion), la presse joyeuse avait admiré Hollande qui soudain avait endossé le costume présidentiel (On ne rit pas) alors que la pauvre Le Pen était marginalisée parce qu’elle n’avait pas manifesté à Paris (On ne rit pas non plus).
C’était géni-a-l… La France, avec ses racines bien blanchies, redécouvrait enfin sa profonde unité (Pour... ? non, contre !). Oh la belle messe républicaine, pour toutes ces folles de la messe… Le peuple des Lumières parlait à nouveau au monde.
Ouaip, … mais cinq semaines plus tard, l’air ne souffle plus dans la baudruche.
Le gouvernement du 11 janvier n’a plus de majorité. Lâché par nombre de ses parlementaires qui sont déjà à l’heure grecque et organisent les funérailles du PASOK français, il comptait sur la Droite du 11 janvier pour faire l’appoint, mais c’est mort.
Alors, les génies qui gouvernent le pays ont du passer de l’esprit du 11 janvier… à la tambouille.
Hier en fin de matinée, notre gouvernement de bambins va pépère à la réunion du groupe PS à l’Assemblée. Macron est tout fier, car Le Figaro lui a fait un bel article. Mais, c’est la panique... Les députés PS ont étudié ce que donneraient les résultats des élections législatives partielles à leur propre cas, et ils font dans leur froc. Hors de question de soutenir le PASOK…
Valls se rend compte qu’il est minoritaire, et en panique, il décide de sauver sa peau en recourant à l’article 49.3 de la Constitution.
Le 49.3, c’est la vieille ficelle de l’antiparlementaire De Gaulle de 1958. Un truc de ouf. Le truc, c’est l’Assemblée nationale qui doit voter une loi, mais les parlementaires ne sont pas d’accord, ce qui veut dire que le président n'a plus de majorité... Cramoisi. Le gouvernement décide alors de sauver sa peau en engageant sa responsabilité sur une motion de censure, à défaut de quoi la loi sera adoptée sans vote.
En pratique : pour que la motion de censure soit adoptée, il faut qu’une majorité absolue se prononce en sa faveur pour renverser le gouvernement, et donc obliger à des élections anticipées. Donc, il faudrait que les « frondeurs » décident de renverser le gouvernement en faisant alliance avec la Droite. Un grand écart politiquement indéfendable,… Valls va faire un bon dodo cette nuit : quel député PS veut jouer l’élection du Doubs à l’échelle nationale dans un mois ???
Le problème est que le 49.3, c'est le début de la fin : ce procédé autoritaire a toujours signé la fin opératoire des gouvernements, car il n’est pas utilisé contre l’opposition, mais contre la majorité présidentielle qui n’y croit plus.
Utiliser le 49.3, c’est l’entrée dans l'acharnement thérapeutique. Lors de la réforme constitutionnelle de 2008, le PS-PASOK avait demandé que le 49.3 soit supprimé, et le camarade Hollande, secrétaire du PS-PASOK, avait dézingué Villepin Premier ministre qui y avait recouru pour passer le CPE : « Une violation des droits du Parlement, une brutalité, un déni de démocratie, une manière de freiner ou d'empêcher la mobilisation ».
Il faut donc regarder la réalité en face.
Si Valls et Macron, les fils spirituels du sarkosyste Attali, avaient présenté leur loi au vote du Parlement, c’était mort. Ça aurait été des législatives dans un mois, et la victoire du FN.
Le vieil apparatchik Cambadélis, en retard de huit générations, triomphait dimanche pensant que le Congrès du PS était bouclé car il avait sur sa contribution 70% des secrétaires fédéraux, mais lundi il découvre que les députés sont morts de trouille de ne pas être réélus, et que Aubry les encourage à tenir, car elle même redoute de voir le Nord – Pas-de-Calais - Picardie passer au FN aux régionales. Hier, c’est Aubry qui, sans dire un mot, a gagné.
Tout ça ne donne aucune issue politique, à part la victoire de Le Pen.
A propos, vous avez vu ce truc de malade. Fin mars, on va vous demander de voter pour les élections départementales, mais la loi de réforme a pris du retard, et quand vous serez appelés à voter, vous ne saurez pas quels seront les pouvoirs des conseils départementaux…
Hollande et ses sbires… Une œuvre de destruction. Gardons notre calme, chères amies et chers amis, il faut se débrouiller sans eux, et même contre eux.