Le Mali, première victime de l’OTAN en Libye
Actualités du droit - Gilles Devers, 23/03/2012
Le méchant Kadhafi renversé par la gentille OTAN, avec BHL pour assurer les sacrements, et Sarko et Cameron comme enfants de chœur… Que l’histoire était jolie sur TF1 et autres médias lobotomisés…
Car déjà, on savait tout. L’intervention était illégale ; aucune armée n’a gagné une guerre en dehors de son territoire ; l’armement des groupes terroristes allait déstabiliser la région. (Les vrais groupes terroristes, à ne pas confondre avec un sale gosse devenu dingue parque qu’un juge lui a refusé un aménagement de peine).
Pour comprendre le Mali, il faut commencer par la carte de géographie.
Vu de loin
Vu de près
Un territoire infernal, coupé en deux. Le Mali, c’est un territoire de deux fois et demi la surface de la France. Le PIB de la France est de 2 800 milliards de dollars, et celui du Mali de 10 milliards de dollars, 124° du classement mondial. Vous avez les clés du problème.
La carte montre la coupure du pays, et le Nord du Mali est depuis des années une zone de grande insécurité. Un refuge pour les groupes terroristes, qui sont surtout des bandes de brigands, mais surtout une réalité socio-économique : une vraie misère pour la population de cette partie du Sahel.
Retour un an en arrière
L’OTAN, violant ouvertement le mandat de l’ONU en Libye, a envoyé ses troupes au sol, et distribué des masses d’armes. Le but ? Renverser le « dictateur » ? Tu parles, de la fumisterie. Les objectifs des lascars de l’OTAN étaient de se répartir la richesse du pétrole et de déstabiliser la région pour mieux justifier son interventionnisme à venir.
Une bonne part des armes de l’OTAN distribuées en Libye a été remise aux groupes armés incontrôlables du Sahel, avec une mission simple : « Foutez le bazar, ça renforcera le jeu de l’Oncle Sam, et profitons en tant que la Chine n’a pas d’influence militaire en Afrique ». Obama Prix Nobel de la Paix et de l’Assassinat ciblé engrange les dividendes.
Les armes de l’OTAN et de BHL sont arrivées en quelques mois chez les rebelles touaregs, qui ont aussitôt repris l’offensive : plus de 200 000 personnes déplacées depuis le début janvier. Qui en parle ?
Les soldats maliens dérouillaient, avec un pouvoir civil asphyxié économiquement et dépassé. L’armée a donc pris le pouvoir et instauré un couvre feu. Les putschistes fustigent « l'incapacité du gouvernement à gérer la crise » dans le Nord.
Le scénario annoncé se confirme, réglé comme du papier-musique.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé au « rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel et du gouvernement démocratiquement élu ». La France a décidé de « suspendre toutes ses coopérations régaliennes avec le Mali » et les Etats-Unis ont entamé le réexamen de leur aide annuelle de 137 millions de dollars. Attendons quelques jours ou quelques semaines, et ces malades du colonialisme prépareront les plans pour installer un pouvoir à leur main, justifié… par la nécessité de combattre les troupes rebelles qu’ils ont armés il y a un an.
Bien sûr, tout le monde regarde du côté de l’Algérie qui dans cette zone désertique a plus de 1000 kilomètres de frontières avec le Mali.
Alger est dans la mouise totale. Bien sûr, un communiqué a fusé pour dénoncer ce coup d’Etat. Mais après, que faire ? Le choix est totalement pourri. Il est impossible de gérer la situation en reconnaissant les rebelles comme interlocuteurs, et il faudra soit dealer avec les militaires de Bamako, soit assurer l’ordre. Rien ne dit que le nouveau gouvernement malien, objectivement très faible, ne pourra assurer l’unité du pays. Quelles seront les options pour Alger : choisir entre les groupes rebelles du Nord ? Assurer le ménage anti-terroriste, pour éviter une intervention des US ?
Qui un jour pourra présenter une facture à l’OTAN ? Quiconque cause un dommage à autrui doit réparation, non ?