Sarko : Le problème, c’est la corruption !
Actualités du droit - Gilles Devers, 2/07/2014
Sortir de garde-à-vue comme mis en examen pour corruption à 2 heures du matin, et faire le 20 heures de TF1 pour vomir sur la Justice, montre que les liens d’amitiés entre Sarko et Bouygues, son témoin de mariage, sont solides, et franchement, c’est une bonne nouvelle dans nos temps où tout se perd. Merci Martin.
C’était affligeant. Sarko n’écoute jamais personne, ce qui peut passer quand ça va bien, mais qui fait dérailler quand ça ne va pas. Son interview était nulle à chi… euh, nulle à chialer.
La tonalité était simple : c’est la faute des autres. Deux méchantes « dames », dont une est syndicaliste – quelle horreur, mon chou – qui voulaient l’humilier. Fine et excellente analyse. La preuve : Moranoapprouve. La défense va donc être très simple : Sarko va demander la récusation des juges pour partialité. Bien sûr, il n’en fera rien, ce qui montre la nullité de l’argument tartiné sur TF1.
Ensuite, les dames l’ont entendu à 2 heures du matin pour le mettre en examen, ce qui est la preuve de la machination. Parfaitement débile… Les dames sont restées au bureau jusqu’à deux heures du matin pour éviter à Sarko de passer la nuit dans une geôle de garde-à-vue, ce qui aurait été le sort de tout autre justiciable. Sarko a donc bénéficié d’un sort privilégié, et a pu finir la nuit dans son douillet dodo. Il devrait remercier les juges.
Au passage : «Je n’ai jamais commis un acte contraire à l’Etat de droit ». De 1), on dit contraire « à la loi », et de 2) le Conseil constitutionnel a sanctionné le compte de campagne, contraire à la loi. Donc…
Au passage aussi, cette vacherie sur Bygmalion, montrant que Sarko prépare déjà la prochaine procédure… Si Bygmalion a géré des surcoûts, c’est une truanderie qui regarde l’UMP, et l’UMP doit porter plainte. Donc, Sarko n’a jamais su qu’il dépensait pour sa campagne deux fois la somme autorisée. Ça va saigner pour la suite… Sarko fera tout pour sauver sa peau.
Enfin, vient le procès de l’abominable garde-à-vue, alors que le plus grand criminel de tous les temps, le perruquier Cahuzac, n’y avait pas eu droit… Réflexion débile, mais qui montre bien l’esprit d’un ancien « ministre » de l’Intérieur : la garde-à-vue sert à humilier. Non, la garde-à-vue ne préjuge rien de l’existence de griefs : elle est une modalité de l’enquête de police, centrée sur l’efficacité de l’enquête.
Cahuzac a agi tout seul, et il s’est déballonné à la première question du premier flic : une garde-à-vue aurait été parfaitement injustifiée. Pour Sarko et ses joyeux amis, le jeu était d’entendre isolément des personnes qui passent leur temps, notamment par des portables empruntés, à se concerter pour brouiller les pistes. La preuve que la garde-à-vue a été proportionnée,… c’est qu’elle a été utile…
En effet, et là on passe dans le dur. Sur le volet « rêve de poste à Monaco », la procédure d’origine visait le trafic d’influence. Donc des pressions amicales pour attendrir le juge, ce qui n’est pas correct, nous sommes d’accord. Mais en fin de matinée du mardi, soit au 2° jour de la garde-à-vue de Herzog et des deux magistrats, et quelques heures après les auditions de Sarko, les flics ont obtenu des informations nouvelles, ha ha ha… Lesquelles ? Je n’en sais rien, mais je vois que les flics, grands pros, ont avisé le procureur financier, qui a aussitôt fait délivrer un réquisitoire supplétif, c’est-à-dire a demandé aux flics d’enquêter sur des faits nouveaux de corruption. Les juges d’instruction ont considéré qu’effectivement il existait des indices graves et concordants de corruption active. Un ancien prédisent de la République corrupteur d’un haut magistrat de la Cour de cassation, c’est très très grave. Ne mettons pas tout sur le même plan.
Pour finir, vient une sérieuse question. De toute part, on nous vend que le poste de procureur général à Monaco est prestigieux,… alors que c’est juste de la merde dans des bas de soie. Azibert, une carrière de feu, président de la chambre d’accusation de Paris, directeur de l’administration pénitentiaire, directeur de l’Ecole nationale de la magistrature, secrétaire général du ministère de la justice,… qui serait prêt à tout pour être nommé procureur à Monaco… Hum hum…
Les seules vraies questions devaient tourner autour de la corruption. Sarko a répondu que tout est faux, et basta. Oki. Sauf que les magistrats sont un peu plus méthodiques que notre Elkabbach à la gomme. Et sauf qu’avoir un ancien président de la République accusé de corruption active, c’est un dommage causé aux droits de tous les citoyens.