La Tunisie aux mains du terrorisme. Oui, mais comment faire face ?
Actualités du droit - Gilles Devers, 26/06/2015
Ce qui arrive au peuple tunisien est terrible. L’attentat de Sousse, pour le coup un vrai attentat terroriste, vise à détruire un pays, et à montrer toutes ses plaies.
Le terroriste était seul. Il est entré tranquillement dans l’hôtel Riu Imperial Marhaba, vers d’El-Kantaoui, un peu au Nord de Sousse vers midi. Le type s’est rendu vers la plage, et a visé pour atteindre essentiellement des touristes. Une série de rafale, et des victimes tuées dans l’insouciance : 37 morts, et une quarantaine de blessés. Un survivant témoigne : « C’est à la deuxième rafale que les gens ont compris ce qui se passait et se sont mis à courir. Je me suis retourné dans la fusillade, il y avait des corps par terre. On a cherché une cachette. On avait l’impression que quelqu’un allait nous tuer. On est très choqués. »
Le tueur a pris son temps, en visant les européens et pas les arabes. Il a jeté une grenade dans la piscine, puis une autre dans bureau de la direction, au premier étage. Il a ensuite gagné la réception, puis la salle de sport. Tranquille et apaisé, avant que la police intervienne, une demi-heure plus tard, et le tue.
Cet attentat est une catastrophe pour la Tunisie.
Face à des groupes déterminés, une attaque terroriste est toujours possible. Voir la semaine dernière l’attaque du parlement afghan. Mais ce qui fait problème ici, et c’est grave, c’est la facilité avec laquelle peut opérer le tueur. Une demi-heure avant la moindre réaction. Une scène qui rappelle trop l’attentat du Bardo, où l’on voyait les terroristes se promener tranquillement dans le musée, et tirer.
Le tourisme est essentiel à l’économie tunisienne. Oki. Alors un peu de courage, même pour des vacances, pourquoi pas, mais que peuvent répondre les autorités quand dans une zone touriste hyperconnue il faut une demi-heure pour que la police réponde ?
Les grands discours contre le terrorisme, c’est une chose, mais l’incapacité de l’Etat en est une autre.
Après, il faut élargir le champ, car la Tunisie est victime d’un terrorisme exogène, venu de la Libye, ce pays qui a été fracassé par les Etats occidentaux, instrumentalisant les droits de l’homme, pour détruire un régime qui œuvrait pour une Afrique indépendante. Sarkozy, Cameron et BHL au tribunal…
La Libye est le nœud gordien de l’insécurité dans la grande région, et comme personne n’a de solution, c’est parti pour une décennie.
La Tunisie, grand pays d’histoire mais économie faible, qui n’a pas su régler les comptes avec les mastars de l’époque Ben Ali, est confrontée à un défi immense avec cette poudrière qu’est la Tunisie. Sur le secteur, un pays est l’allié naturel, l’Algérie, qui tient de milliers de kilomètres de fournières de feu, avec la Libye, le Nord du Niger, et l’explosif Nord-Mali, où grave à la puissance algérienne, un accord – fragile mais un accord, a été signé.
Mais quelle alliance a choisi le président Béji Caïd Essebsi, un bon pépère de l’époque Ben Ali, qui a choisi comme Premier ministre Habib Essid, un ancien ministre de Ben Ali ?
Le 20 mai 2015, il a signé à Washington avec John Kerry, un mémorandum d’entente entre les États-Unis et la Tunisie, un accord de défense assez technique, mais qui ouvrait vers le graal : le statut d’allié majeur non-membre de l’OTAN, qui comprend notamment une coopération militaire renforcée. Un privilège rare accordé à une quinzaine de pays dans le monde… dont le Maroc, et qui place donc l’Algérie sous surveillance.
Les autorités tunisiennes sont face à un défi : la Tunisie est, du fait de la destruction politique de la Libye et de la jamais faite réforme de ses services de sécurité, devenue une passoire pour le plus violent et destructeur des terrorismes.
Ce 23 mai, Khemaies Jhinaoui, conseiller diplomatique auprès de la Présidence tunisienne, était à Alger pour confirmer la volonté de Beji de renforcer la coopération stratégique entre les deux pays. D’accord, mais comment accepter cette filialisation par l’OTAN, qui a détruit la Libye, et qui rêve de détruire l’Algérie ?
Seule, et vu l’urgence, la Tunisie ne peut rien faire. De fait, comme le proclame Beji, il faut une politique globale. Oki. Mais, et parce qu’il y a le feu à la maison, tu choisis qui, Béji : Les US ou l’Algérie ?
Qui crée les problèmes ?
Qui apporte des solutions ?
Les US, cause des malheurs du monde