Sarko : Le retour d'un mort-vivant
Actualités du droit - Gilles Devers, 20/09/2014
Hollande a repris la politique de Sarko,… et voilà Sarko qui reprend le discours de Hollande… Vous avez lu le texte de Sarko sur Facebook ? On dirait du pur Hollande. Un plan marketing à la noix…
C’est d’ailleurs bizarre qu’il ait choisi de communiquer par un texte, car tout le monde sait qu’il n’écrit pas lui-même. D’où cette première question : qui est la plume ? Visiblement, ce n’est plus Guaino l’exalté, car le texte c’est vraiment de l’eau de boudin tiède.
Le texte a un côté première année de science Pipo, assez rigolo. « C’est au terme d’une réflexion approfondie que j’ai décidé de proposer aux Français un nouveau choix politique »… Eh bien deux ans de réflexion pour pondre ça, ça promet pour la suite ! Pas mal non plus : « On ne fait rien de grand sans l’unité de la nation. On ne fait rien de grand sans espérance, sans perspective ». Là, c’est niveau Bac philo, pour les derniers de la classe ! Et bien sûr rien sans le roudoudou d’amour, tellement tendance : « J’aime trop la France »…. « Aime-moi vite, le jour se lève… » Ca me rappelle les belles années du lycée…
Aussi, je publie bien volontiers ce chef d’œuvre de niaiseries, car il est l’expression même de la fragilité du projet Sarko. Certes (1), le mec a du métier. Certes (2) dans le contexte économique et social des années qui viennent, tout peut arriver. Mais le plan Sarko est en réalité bien plombé. Sarko le battu de 2012 qui devient un espoir pour 2014, va falloir ramer.
Ca va commencer par un peu d’ivresse.
Sarko va reprendre l’UMP. Il l’a dirigeait de manière interposée via Copé, alors il connait bien. Son seul adversaire est Bruno Le Maire, un type correct, mais qui n’a pas avec lui les bataillons de militants… Tous les ennemis de Sarko jouent la carte légitimiste – Vive le parti et ses statuts – justement car ils veulent via les statuts imposer les primaires à Sarko. Aussi, le congrès sera facile et quasi bon enfant, genre la belle Droite est de retour.
L’UMP, qui aura sans doute changé de nom, va ensuite engranger des victoires électorales, et Sarko pourra faire le malin… alors que ce sera juste le mouvement de bascule liée aux dramatiques errances de Hollande et El Blancos. Le Sénat va passer à Droite en septembre, puis suivront les régionales et les cantonales : autant de victoires annoncées pour l’UMP.
Mais pour la présidentielle, c’est une autre affaire.
Le bilan accablant de Sarko est encore sous nos yeux, et « c’est du lourd » politiquement, économiquement et socialement. Qui peut imaginer Sarko réussissant en 2017 ce qu’il n’avait pas su faire cinq ans plus tôt ? Les salades sur l’unité du pays, c’est facile, mais quel crédit donner à Sarko sur la seule question qui vaille, la politique économique et sociale ?
Et puis quel positionnement politique ? Le Sarko nouveau ne doit pas être celui de 2002, d’où tout le laïus sur le thème « j’ai changé ». Oki. Mais qui peut y croire ? Et quel personnage créer ? Un blaireau genre Bayrou, mais plus à Droite ? Quelle crédibilité ? Et qui va cadenasser le mec pour que le naturel ne revienne pas au galop ?
Reste les affaires judiciaires, diverses et variées, avec deux solides de corruption de l’ami Azibert et d’abus de confiance, pour avoir fait payer par l’UMP sa part de condamnation personnelle après le rejet du compte de campagne des présidentielles. Là, la partition est connue : c’est celle de Berlu. Taper à fond sur les juges, et crier au complot. Comme la justice est le plus critiqué des services publics, ça peut marcher. Mais politiquement c’est nul, et indigne d’une personne qui concourt à la fonction présentielle.
Nouveau chapitre, donc, avec le pataquès du Sarko Circus, et c’est vraiment une bonne nouvelle pour Hollande : les médias vont trouver un nouveau dérivatif.
Finalement, cette lettre en dit beaucoup des approximations du projet Sarko : un discours mièvre, la recherche improbable d’une nouvelle image, l’occultation du bilan et une absence de projet économique et social. Le gout de la revanche, c’est bon pour un championnat de foot, pas pour la vie politique de l’Etat.
« Mes Chers Amis,
Le 6 mai 2012, au soir de l’élection présidentielle, j’ai remercié les Français de l’honneur qu’ils m’avaient accordé en me permettant de conduire les destinées de notre pays durant cinq années. Je leur ai dit ma volonté de me retirer de toute activité publique.
Depuis, j’ai pris le temps de la réflexion après toutes ces années d’activités intenses. J’ai pu prendre le recul indispensable pour analyser le déroulement de mon mandat, en tirer les leçons, revenir sur ce que fut notre histoire commune, mesurer la vanité de certains sentiments, écarter tout esprit de revanche ou d’affrontement.
J’ai pu échanger avec les Français, sans le poids du pouvoir qui déforme les rapports humains. Ils m’ont dit leurs espoirs, leurs incompréhensions et parfois aussi leurs déceptions.
J’ai vu monter comme une marée inexorable le désarroi, le rejet, la colère à l’endroit du pouvoir, de sa majorité mais plus largement de tout ce qui touche de près ou de loin à la politique.
J’ai senti chez beaucoup de Français la tentation de ne plus croire en rien ni en personne, comme si tout se valait, ou plutôt comme si plus rien ne valait quoi que ce soit.
Cette absence de tout espoir si spécifique à la France d’aujourd’hui nous oblige à nous réinventer profondément.
Je me suis interrogé sans concession sur l’opportunité d’un retour à la vie politique que j’avais arrêtée sans amertume et sans regret.
C’est au terme d’une réflexion approfondie que j’ai décidé de proposer aux Français un nouveau choix politique.
Car, au fond, ce serait une forme d’abandon que de rester spectateur de la situation dans laquelle se trouve la France, devant le délitement du débat politique, et la persistance de divisions si dérisoires au sein de l’opposition.
Je suis candidat à la présidence de ma famille politique. Je proposerai de la transformer de fond en comble, de façon à créer, dans un délai de trois mois, les conditions d’un nouveau et vaste rassemblement qui s’adressera à tous les Français, sans aucun esprit partisan, dépassant les clivages traditionnels qui ne correspondent plus aujourd’hui à la moindre réalité.
Ce vaste rassemblement se dotera d’un nouveau projet, d’un nouveau mode de fonctionnement adapté au siècle qui est le nôtre et d’une nouvelle équipe qui portera l’ambition d’un renouveau si nécessaire à notre vie politique.
J’aime trop la France ; je suis trop passionné par le débat public et l’avenir de mes compatriotes pour les voir condamnés à choisir entre le spectacle désespérant d’aujourd’hui et la perspective d’un isolement sans issue. Je ne peux me résoudre à voir s’installer dans le monde l’idée que la France pourrait n’avoir qu’une voix secondaire.
Nous devons faire émerger de nouvelles réponses face aux inquiétudes des Français, à leur interrogation sur la pérennité de la France, à la nécessité d’affirmer sa personnalité singulière, à la promotion de son message culturel qui est sans doute la plus belle part de notre héritage.
On ne fait rien de grand sans l’unité de la nation. On ne fait rien de grand sans espérance, sans perspective.
Pour construire une alternative crédible, il nous faut donc bâtir la formation politique du XXIème siècle. Je le ferai avec le souci du plus large rassemblement, la volonté d’apaiser les tensions, et en même temps de susciter l’intérêt passionné de tous ceux qui ne peuvent se résoudre à l’abaissement de la France. Nous aurons besoin de toutes les intelligences, de toutes les énergies, de toutes les bonnes volontés. Il nous faut tourner la page des divisions et des rancunes afin que chacun puisse s’inscrire dans un projet, par nature, collectif.
Je connais les difficultés qui nous attendent. Mais l’enjeu nous dépasse tellement, les perspectives sont si exaltantes, le redressement si nécessaire qu’à mes yeux les obstacles paraissent dérisoires.
Ensemble, par la force de notre engagement, par notre conscience commune de la gravité des enjeux, nous rendrons possible le sursaut dont nul ne peut douter de la nécessité et de l’urgence.
Que chacun soit convaincu de la force et de la sincérité de mon engagement au service de la France.