Trois millions de chômeurs, et… ?
Actualités du droit - Gilles Devers, 26/09/2012
« Les trois millions de chômeurs ne sont pas arrivés en quatre mois, c’est une situation dont nous héritons », a expliqué Hollande depuis l’ONU. Certes, mon cher ami. Mais, ce n’est pas la question. Personne ne te rend responsable de ce qu’a fait de la méchante Droite. La question est de savoir ce que va faire la gentille Gauche. 23 900 chômeurs de plus en août… Quelle réponse ?
L’auto coule…
Comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, nous avons eu hier les déclarations des PDG de Renault et Peugeot, à l’occasion du Mondial de l'automobile.
Carlos Ghosn : « Le marché européen est vraiment très mauvais. Il devrait chuter d'environ 8% en 2012, alors que nous prévoyions une chute de 3% en début d'année, et de 6 à 7% en juillet. Malheureusement, nous ne voyons pas d'amélioration l'an prochain: le marché sera au mieux stable ou, plus probablement, légèrement en baisse. » Pour 2012, Renault annonce un repli de 13% sur le marché français en 2012,… et une progression de 10% sur le marché asiatique, et Carlos Ghosn ajoute : « Aujourd'hui, le principal sujet de Renault, notre urgence même, c'est notre compétitivité en France. Renault ne peut pas traiter tout seul le problème de la compétitivité de la France ».
Philippe Varin confirme : baisse de 12% du marché en France, et de 8% pour l'Europe. Il explique : « Le marché européen est surcapacitaire et va le rester. Sur les trois ans à venir, on a pris l'hypothèse qu’il resterait à peu près plat. Dans ce contexte, il est évident qu'il y a un certain nombre d'usines à fermer. Nous avons décidé de le faire, mais d'autres constructeurs devront mener des opérations similaires ». Même insistance sur les coûts : « Il est extrêmement important d'alléger les charges sur les emplois industriels. Si nous arrivions à baisser nos coûts salariaux de 5 à 10%, ce serait très substantiel pour le groupe. »
Alors, que propose le gouvernement ?
Le vaisseau amiral, c’est le contrat de génération, que Fabius avait estimé inefficace et coûteux pendant les primaires. Le gouvernement prévoit de créer 500.000 contrats sur cinq ans, soit 100.000 par an, pour un coût estimé à 2,5 milliards d'euros.
Mais ce ne sera pas 100 000 créations nettes par an, car si des emplois disparaissent, d’autres se créent et beaucoup d’entreprises vont chercher à s’inscrire dans ce mécanisme pour optimiser leurs créations d’emplois. Alors quel solde réel ?
Le deuxième volet est la négociation sur le marché du travail, attendue pour la fin de l’année. Espérons… Sapin parle aussi de réforme du financement de la protection sociale, pour moins peser sur les salaires. Espérons…
Mais là-dessus, s’ajoute la saignée budgétaire, officialisée demain. 37 milliards sortis de l’économie réelle pour alléger la dette et parvenir aux 3% de Maastricht. Comme la prévision de croissance est à 0,6 / 0,8, on est assuré d’entrer en récession. Or, tout le monde sait que le solde des emplois ne devient positif qu'à partir de 1,5% de croissance.
Le rêve de Hollande, c’est 37 milliards de purge pour atteindre les 3%. Mais ce chiffre a été donné par la Cour des comptes dans un contexte de croissance, même faible. Si la croissance est nulle ou si si la France entre en récession, on n’atteindra pas le rêve des 3% et on aura une hausse du chômage, avec une tension sociale au max. Bartolone a dit que c’était intenable mais qu’il fallait le voter quand même.
Là, ce ne sera plus l’héritage.