Front Républicain… ou politique de Gauche ?

J’hallucine un peu devant les spasmes du PS sur le « front républicain », … un peu comme les pompiers qui se demanderaient devant la maison qui brûle s’ils peuvent ouvrir la porte… 

Je n’ai évidemment aucun problème pour voter UMP afin d’éliminer un FN. Ca relève de l’hygiène. C’est la veille extrême-droite rance qu’on retrouve de manière constante dans la vie politique depuis 150 ans. Son programme est odieux et idiot, et il ne tiendrait pas cinq minutes tant il bafoue les droits fondamentaux, individuels et collectifs. Marine Le Pen va bientôt voir son immunité levée pour des propos islamophobes… Oui, c’est toujours la même musique, et toujours la même manipulation de l’opinion, car leur problème n’est pas de gouverner, mais de se créer une opposition pépère, bornée et rentable.  

Aussi, le problème n’est pas le front républicain, mais deux questions plus cruelles pour la Gauche.

D’abord, attention de ne pas tout confondre. Ce n’est pas l’idée du front républicain qui est en cause, mais l’autorité politique du Parti socialiste. Pouvez-vous me donner le nom d’un seul électeur qui envisage de  modifier son vote en fonction des consignes données par Harlem Désir ?… Une plaisanterie. Le PS contrôle le financement public qui lui assure sa cohorte de salariés, et donc la stabilité de son appareil. Mais l’opinion se contrefiche des avis du Comité directeur du PS, sur le front républicain, comme sur le chômage ou la politique à conduire vis-à-vis de la Syrie.

La seconde réalité est que le PS paie cash ses renoncements et ses trahisons, qui ne font de lui qu’un faire-valoir de la Droite Forte ou du FN, sur l’économie comme sur les libertés.

Le gouvernement a abdiqué de tout velléité de transformer le jeu économique par une politique vraie de solidarité. Hollande a renoncé à la réforme du traité européen, à la relance, à la loi bancaire : c’est la politique de Sarko, avec un petit zeste social. On dialogue pour rien, si ce n’est pour faire passer le message que la Gauche est moins pire que la Droite. Et Montebourg qui, en tant que ministre (mais sait-on encore ce que ça veut dire ?) enclenche une nouvelle phase de diabolisation de l’Europe, sans laquelle la France serait hors circuit… pendant que Hollande fait le guignol à Doha en mendiant la réciprocité…  

Pour ce qui est de la défense des libertés, c’est un carnage. Hollande et Valls sont exactement sur la ligne de Sarko et Guéant : expulsions de Roms, discours dépressif sur la sécurité, nombre record de détenus, expulsions massives d’étrangers, refus des régularisations économiques, projets insensés au motif d’une laïcité qui n’est plus que de l’islamophobie, errances sécuritaires en qualifiant de terroristes des groupes délinquants, maintien et renforcement de toutes les lois sécuritaires de l’époque Sarko… La liste est sans fin, mais le fond est bien simple : c’est la validation des peurs mises en scène par le FN.

Alors, arrêtons le délire avec le front républicain, qui n’est qu’une arme de dernier recours pour quelques deuxièmes tours électoraux. Que la Gauche fasse une politique de Gauche, et tout ira mieux pour elle… et pour le pays. Problème : il faudrait qu’elle se mette au travail, ce qui parait beaucoup lui demander.