Les doux de l'extrême gauche ?
Justice au singulier - philippe.bilger, 7/06/2013
François Hollande a déjà perdu son pari noble et fondamental qui était de rassembler, de pacifier la France. Le pays est non seulement en miettes mais déchiré.
Je ne fais pas seulement référence au mariage pour tous qui a vu se dresser contre lui une multitude de manifestants, de citoyens parmi lesquels quelques groupes n'ayant pour obsession que de semer le désordre, la violence et de se "payer du flic".
Clément Méric est mort dans la soirée de mercredi rue Caumartin à Paris. Immédiatement le ministre de l'Intérieur a mis l'extrême droite en cause en affirmant sa volonté de dissoudre les groupuscules identitaires. La police a mené une enquête d'une remarquable efficacité, même si les circonstances du crime et ses mobiles, selon elle qui a fait preuve heureusement de beaucoup plus de circonspection que nos politiques démagogues et précipités, demeurent encore imprécis.
Quatre personnes ont été interpellées puis trois autres. Apparemment un noyau dur d'une vingtaine de skins des Jeunes Nationalistes Révolutionnaires. Manifestations nombreuses à Paris en mémoire de la jeune victime. Un mélange d'émotion et, étrangement, de haine pour tout ce qui n'était pas ces mouvances antifascistes. NKM honteusement chassée alors qu'elle désirait participer à cet hommage collectif. Des jeunes gens en noir, le crâne rasé, un visage masqué.
A l'évidence ils ressemblaient, dans leur apparence et avec leur accoutrement, à leurs adversaires d'extrême droite et il est permis de penser qu'au-delà de leur idéologie antagoniste, la malfaisance criminelle a frappé, par un terrible hasard, au sein des identitaires alors qu'elle aurait pu affecter les antifachos.
Clément Méric, très bon élève paraît-il, antifasciste, anticapitaliste, anti-homophobie - d'où sans sans doute les amalgames grotesques d'un Pierre Bergé ! -, faisant du terrain, du renseignement, de l'agit prop, adepte de ce slogan "pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos", recherchait, avec les militants proches de lui, la confrontation avec ceux de l'extrême droite et manifestait une volonté permanente d'en découdre (lepoint.fr) Le drame est que leur similitude les faisait fréquenter les mêmes ventes privées de vêtements et c'est ainsi d'ailleurs que la rue Caumartin piétonne les a réunis si on peut dire.
Ce portrait, sans altérer son image, montre tout de même qu'il ne s'agissait pas d'un agneau d'extrême gauche égaré dans un monde de loups d'extrême droite même si évidemment, avec le pouvoir socialiste, son indulgence partisane et le président qui est intervenu pour condamner, il y a une présomption de douceur et de pureté qui est octroyée à la violence antifasciste (où est le fascisme d'ailleurs ?).
Plus le Front de gauche et sa mouvance est politiquement réduite à presque rien, plus il convient de donner des gages à la frénésie sociétale et idéologique. Il est dangereux pour un Etat de donner si peu que ce soit, par la rapidité imprudente et sectaire de ses appréciations et la volupté que l'on devine dans l'expression de ses partialités, l'impression qu'il y a des désordres et des violences légitimes et d'autres forcément injustifiables, toujours scandaleux.
"Selon des témoins, le jeune homme reçoit un violent coup de poing. Il chute et sa tête heurte un poteau. Il perd connaissance et ne se réveillera pas "(Le Monde). Si cette version est confirmée, elle validera l'aveu de l'auteur du coup qui a déclaré cependant n'avoir pas eu l'intention de tuer. Il invoquerait, avec les autres appréhendés, la légitime défense (20 minutes).
Combien de fois aux assises ai-je été confronté à des accusés initialement renvoyés pour meurtre et condamnés en définitive pour des coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ! Il est possible qu'avec la mort de Clément Méric nous soyons dans une telle configuration.
J'avais l'intention de poursuivre ce billet par l'analyse d'un événement enfin positif pour la droite que beaucoup espèrent : l'intervention de François Fillon sur France 2. Puis, en cours de rédaction, j'ai compris que je devais garder ce projet sous l'esprit et ne pas le mêler à cette tragédie qui est la conséquence de la lutte permanente entre des factions violentes et haineuses dont l'une, à cause de l'un de ses membres, est impliquée dans un crime.
Et l'autre confrontée à la mort d'un camarade et à la douleur de sa perte.