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Il n'y a pas de malédiction élyséenne !

Justice au Singulier - philippe.bilger, 24/07/2017

L'Elysée n'est pour rien dans ce qui apparaît pour une fatalité et qui n'est que l'alliance d'un réel intrusif et d'une personnalité confrontée soudain au dur métier de présider. Et qui commence bien ou mal.

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D'aucuns se posent la question d'une "malédiction élyséenne" avec la chute de dix points d'Emmanuel Macron dans un récent sondage (Figaro Vox). Comme si le pouvoir suprême par lui-même était condamné à son propre déclin.

Pourtant, à bien y regarder en comparant les débuts des précédents quinquennats avec ceux de l'actuel, on retrouve un dénominateur commun qui est tout simplement la "malédiction" du réel ou en tout cas son irruption dans les illusions ou les promesses des campagnes même les plus honnêtes. D'un coup, l'enchantement suscité par le virtuel se brise sur un réel qui ne fait pas de quartier. Presque mécaniquement, le heurt du projet sur le présent du pays, l'éventuelle découverte de "cadavres budgétaires" dans le placard entraînent une diminution de l'adhésion collective.

D'autant plus que jusqu'à nouvel ordre, notre vie politique n'a pas encore connu ce miracle d'une campagne présidentielle qui promettrait moins qu'elle ne tiendrait. Une quasi impossibilité que cette répudiation de la démagogie et cette audace de la mesure et de la modestie !

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A cette condition objective s'ajoutent des données relatives à chaque président dont les attitudes, les comportements, les attentes qu'ils ont suscités ne sont évidemment pas identiques. Mais ce n'est toujours pas le pouvoir élyséen qui est responsable mais la manière subjective de l'appréhender.

Nicolas Sarkozy avait, pour 2007, effectué une campagne tellement éblouissante sur tous les plans que la déception a été immense quand le meilleur qu'on espérait de sa présidence a été battu en brèche par des débuts médiocres qui lui étaient imputables. D'où la désaffection.

François Hollande qui l'avait emporté en 2012 parce qu'une majorité de citoyens ne voulait plus du président sortant a ruiné trop vite son crédit par des vacances trop longues tranchant avec l'état du pays et sa morosité. D'où la chute.

Emmanuel Macron, brillamment élu et dont les débuts ont frappé par leur classe, a bénéficié d'un enthousiasme qui dépassait le soutien politique et relevait presque d'une stupéfaction émue et fière. Cette inconditionnalité n'est pas sans risque puisqu'elle multiplie les exigences à son égard et crée chez le citoyen, au moindre échec, au premier reniement, comme une forme de dépit amoureux. D'où la dégringolade.

L'Elysée n'est pour rien dans ce qui apparaît pour une fatalité et qui n'est que l'alliance d'un réel intrusif et d'une personnalité confrontée soudain au dur métier de présider. Et qui commence bien ou mal.


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