Des salariés jetables après usage comme des kleenex ( mesures UMP campagne électorale 2012 )
Actualités droit du travail, par Artemis/Velourine - Artémis, 10/02/2012
Ce second billet est consacré à l'analyse des négociations sur le temps de travail, que l'UMP propose de "doper" dès 2012 .
Selon le programme de l'UMP , ces négociations auront lieu au niveau des branches, ou à défaut des entreprises :" l’organisation du travail ne peut pas être uniforme dans tous les secteurs d’activité. Nous inciterons chacun à ouvrir ces négociations et à aboutir à un accord en modulant les exonérations de charges en fonction de l’avancée des négociations."
Pour mémoire , je vous rappelle les principales mesures proposées par L'UMP ( campagne présidentielle 2012 ) pour lutter contre le chômage. Pour prendre connaissance du programme
Cette proposition, si elle passe pratiquement inaperçue , constitue en fait une des mesures les plus pernicieuses en matière sociale que propose l'UMP, car non seulement elle porte le coup de grâce aux 35 heures mais fait sauter un des derniers verrous de protection des salariés.
Les accords de compétitivité qui font partie du plan gouvernemental pour sauver l'emploi ne sont que les hors d'oeuvre du repas festif que sert notre valet UMP au......( vous l'aurez deviné ) MEDEF .
Pour quelles raisons allez vous me demander ?
Voici mon analyse sur les accords de compétitivité que je transpose aux propositions de l'UMP en matière de négociation sur le temps de travail
Dans son intervention télévisée du 29 janvier, Nicolas Sarkozy a donné deux mois aux partenaires sociaux ( syndicats de salariés et patronat ) pour négocier sur les accords dits de ''compétitivité''-
François Fillon a précisé qu'à défaut d'accord interprofessionnel un projet de loi serait déposé.
Selon les informations données par le premier ministre , ces accords s'appliqueront "si une majorité de salariés se met d'accord dans une entreprise, pas une branche" pour "décider d'un délai de travail, décider de privilégier l'emploi sur le salaire ou le salaire sur l'emploi"
En clair, les accords "compétitivité - emploi" vont permettre aux entreprises de négocier le temps de travail des salariés en fonction de leur carnet de commandes.
Le temps de travail pourra être augmenté en gardant le même salaire. Le temps de travail pourra être maintenu en baissant le salaire. Temps de travail et salaire pourront être baissés...
Ce type d'accord constitue une véritable révolution en droit du travail , car il remet en cause toute l'évolution du code du travail depuis plus de 50 ans.
En effet , et sans se perdre dans des détails trop techniques , le code du travail constitue, pour les salariés notamment , un socle minimum de protection.
Les accords de branche et les conventions collectives améliorent ce plancher social.
Les accords d'entreprise viennent ensuite améliorer les dispositions du code du travail , des accords de branche, et des conventions collectives .
Les accords de compétitivité vont renverser cette pyramide et anéantir , de ce fait , la protection minimale collective du code du travail , des accords collectifs de branche et des conventions collectives.
Donner la priorité aux accords d'entreprise en matière de temps de travail , c'est ouvrir la boîte à Pandore qui permettra à certains employeurs ,peu scrupuleux , d'exercer des pressions sur les salariés afin qu'ils acceptent une dégradation de leurs conditions de travail....contre une garantie d'emploi qui ne pourra être qu'hypothétique.
En effet il sera facile à ces derniers de faire accepter à leurs salariés ,flexibilité, baisses de salaire, hausses du temps de travail etc.... en agitant la peur du chômage .
Déplacer la négociation sociale au niveau des entreprises, c'est permettre des négociations viciées par des rapports de forces entre employeurs et salariés qui sont défavorables aux salariés.
C'est également permettre une atomisation du droit du travail ....... les salariés ne seront plus protégés par le socle commun du code du travail..
Nous allons assister à une véritable cacophonie ». « Ce niveau de négociation n'est pas le bon », observe Eric Vergne, dirigeant de deux PME industrielles, Elcom et TLM (63 salariés). Des accords conclus par la branche professionnelle apporteraient plus de sécurité et surtout un cadre de discussion. »
Un autre problème , qui n'est pas le moindre va se poser : que se passera-t-il si les salariés refusent de se soumettre à l'accord négocié ?
Aujourd'hui , l'article L.1222-7 du code du travail autorise la diminution du nombre d'heures dans le cadre d'un accord de réduction de la durée du travail sans que cela ne soit une modification du contrat de travail à condition qu'il n'y ait pas de baisse de salaire .
Lorsqu'un salarié refuse une modification de son contrat de travail, il peut être licencié ,sous certaines conditions , pour motif économique. Ce n'est pas le refus du salarié qui est la cause du licenciement mais le motif de la modification proposée.
Les accords de compétitivité s'imposeraient aux salariés , qui en cas de refus , ne seraient pas licenciés pour motif économique mais pour faute......
C'est faire porter le poids de la crise sur le dos des salariés qui deviendront des variables d'ajustement de l'activité des entreprises .
C'est fouler au pied le hiérarchie protectrice des normes du droit du travail, acquises depuis des décennies.
C'est une mise à mort du contrat de travail à durée indéterminée .
« Le climat social peut très vite se détériorer, souligne Dominique Olivier, DRH de Bosch France, avec le risque de produire un travail de moindre qualité ».
La plupart des DRH redoutent la négociation d'accord qui ne donneront à terme aucune garantie en matière d'emploi aux salariés à l'instar de Continental à Clairoix (Oise), qui a cessé ses activités deux ans après le passage aux 40 heures.
« Même si nous le souhaitions, nous ne pourrions pas respecter des engagements à l'horizon de trois à quatre ans », relève Stéphane Fayol, DRH de Terreal, spécialiste des toits et des murs en terre cuite. Actuellement, la visibilité de notre carnet de commandes est à peine d'un an »
Dans certains Médias nous pouvons lire que les accords collectifs de modulation du temps de travail doivent prendre le pas sur les accords individuels parce qu’ils sont un facteur de protection des droits des salariés au travail tout en étant un moteur puissant de la performance de l’entreprise.
Je m'inscris en faux car d'un coup de baguette magique nous ne changerons pas notre culture sociale ....
L'exemple le plus récent est celui de la " flexi sécurité" , qui mise à la sauce française, a transformé le salarié en kleenex jetable après usage.....
http://www.npa2009.org/content/accords-emplois-compétitivité-une-attaque-sans-précédent