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Christiane Taubira n'a pas tort !

Justice au singulier - philippe.bilger, 6/02/2014

En l'occurrence elle n'a pas tort, elle me semble de bonne foi, la gauche a raison de la défendre pour cela et la droite a tant de matière pour dénigrer son bilan - je suis aimable ! - qu'elle ne devrait pas gaspiller ses cartouches intellectuelles et politiques pour si peu.

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On reconnaîtra que je n'abuse pas des approbations en ce qui la concerne.

La pompe intellectuelle stérile et l'inaction grandiose ne font pas, n'ont pas fait une authentique et cohérente politique pénale.

Mais pour le procureur général Falletti, je persiste. Le procès enflé qui est intenté à la ministre n'a pas de sens.

Scandale d'Etat, faute politique, et quoi encore !

Les médias tombent tous dans le panneau de ce conformisme à l'exception de Franck Johannès qui, au milieu d'une idéologie compassionnelle et mécaniquement "progressiste", ne peut pas s'empêcher de voir juste (Le Monde, Le Parisien, Bd Voltaire).

Pour bien analyser, il aurait suffi de comparer le processus de mutation dans l'intérêt du service de Philippe Courroye, totalement justifié, et la péripétie relative au Procureur général de Paris.

Les pouvoirs précédents, de droite ou de gauche, avaient le plus rapidement possible remplacé à Paris procureur et procureur général par des hommes sûrs. C'est triste mais c'est comme cela.

La garde des Sceaux avait semble-t-il déjà évoqué le possible départ de François Falletti mais comme il l'avait refusé, on n'en avait plus parlé jusqu'à sa récente convocation à la Chancellerie. Elle a été plus fine que cela : elle a imprégné la Chancellerie de son dogmatisme mais pour le reste elle a été correcte.

Il est clair que la Directrice de cabinet et son adjointe qui l'ont accueilli ne brillent pas par l'intuition politique car il semble acquis qu'elles ont évoqué une incompatibilité idéologique avec un magistrat nommé en 2010 sous Nicolas Sarkozy et qui n'a jamais caché ses convictions aux antipodes de celles de la gauche. Elles n'ont pas été découvertes en janvier 2014 même si François Falletti a toujours été considéré comme un professionnel valable. Il les a encore démontrées en exploitant cette maladresse, cet amateurisme de la ministre ou en tout cas des responsables de son cabinet. Il a fantasmé, c'est de bonne guerre, sur d'imaginaires menaces en alertant le CSM.

Il est évident qu'on désirait nommer au poste de procureur à Paris Robert Gelli qui a remis de l'ordre et de l'équité à Nanterre. Il fallait donc que l'actuel procureur François Molins devînt procureur général et François Falletti Premier avocat général à la Cour de cassation.

Ce dernier a refusé cette proposition. Il va donc demeurer procureur général mais de grâce qu'on ne parle plus de scandale d'Etat quand on songe à beaucoup de brutalités dans les nominations d'avant à Paris.

Je le redis : amateurisme, maladresse.

Etonnant comme la plupart des journalistes qui pendant vingt mois ont voué un culte absurde et aveuglé à Christiane Taubira l'accablent pour une séquence périphérique et dérisoire par rapport à l'essentiel à jeter.

En l'occurrence elle n'a pas tort, elle me semble de bonne foi, la gauche a raison de la défendre pour cela et la droite a tant de matière pour dénigrer son bilan - je suis aimable ! - qu'elle ne devrait pas gaspiller ses cartouches intellectuelles et politiques pour si peu.


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