DSK fait le lit de Le Pen
Actualités du droit - Gilles Devers, 12/02/2015
Le président du tribunal correctionnel de Lille l’avait bien annoncé : le procès traite du droit, pas de la morale… Et comme dans toutes les affaires de proxénétisme, c’est la ritournelle connue depuis des siècles : la femme est libre et agit parce qu’elle aime bien l’argent, le client est sympa et ne sait rien, et il n’existe pas de proxo.
De fait, DSK et les autres lascars se défendent comme de bons abonnés de la correctionnelle : « La prostituée était souriante sur une photo, ça prouve qu’elle aimait ça, et d’ailleurs elle n’a pas porté plainte ». Arguments mille fois entendus… Les prévenus seront-ils condamnés ? Personne ne peut le dire. Trois magistrats chevronnés prennent le temps de la réflexion, alors on attend. Et puis quel enjeu après tout ? Ce n’est qu’une affaire de julots parmi tant d’autres.
Là où tout change, c’est que DSK était le présidentiable du PS et le directeur du FMI. Un mec qui ne doute de rien, et surtout pas de lui. Quand le président lui demande s’il était l’un des hommes les puissants de la plantée, il répond tranquillement : « Disons que j'ai sauvé la planète d'une crise qui aurait pu être plus grave que celle de 1929 ». Tout seul et en toute modestie... Enfoiré...
De l’autre côté ? Les difficultés existentielles de femmes qui se battent pour ne pas sombrer. L’une des prostituées explique qu’elle s’est résolue à y passer, parce que le frigo était vide, et qu’elle avait peur qu’on lui retire ses enfants. Un autre, bouleversante d’émotion, expose comment elle a été violentée par la sodomie imposée par DSK, subissant en pleurant,… mais acceptant car elle avait besoin de 500 €.
DSK n’y a vu que du fun – il devait bien décompresser après avoir sauvé la planète – et de l’inconstance féminine : ces pauvres femmes perdent la tête... car elles n’ont pas grand-chose à l’intérieur. Tout au plus, cette formule payée cher à une agence de com’ : « J'ai une sexualité qui est plus rude que la moyenne ». Merci pour elles. Nafissatou Diallo peut témoigner.
Le problème est que le procès est public, et que les échos des audiences tombent à l’état brut dans la société française, assommée et horrifiée. C’est tellement sordide que personne n’ose en parler... mais ces infos font des ravages, tant elles témoignent de la violence sociale, du mépris pour les faibles.
Le PS de Bambi nous avait gavés avec son programme de suppression de la prostitution, et de pénalisation du client. Aujourd’hui, ils n’ont rien à dire devant cette catastrophe morale. Car nous, qui ne sommes pas le tribunal, devons raisonner moral et social : des femmes, pour échapper à l’exclusion sociale, subissent les assauts du présidentiable PS, et le PS n’a rien à dire... C'est une fin. Aujourd’hui encore, il ne faut pas gêner celui qui reste son maître à penser, alors le PS se tait. Tant pis pour ces misérables femmes…
Ils passent leur temps à duper le monde.
La peur d’une vie, en ces années de non-gouvernance, c’est la statue de Giacometti, « L’homme qui chavire ». Ceux qui chavirent, ou craignent de chavirer, ou redoutent de voir leurs enfants chavirer constatent amèrement que le PS est d’un autre monde.
Il ne reste plus rien. Cet abandon ponctue des années de trahison. Désormais, il n’y a plus de rempart, et la victoire de Le Pen est possible.