Mélenchon, l’illusionniste du droit social
Actualités du droit - Gilles Devers, 6/07/2013
Ouh la la, il faut que je fasse gaffe. A l’heure où Hollande et sa bande d’ahuris fait moins bien qu’un Bayrou, je m’en prends à celui qui défend la flamme à Gauche, l’illustre Mélenchon… Allons, chères amies, chers amis… Ouvrez les yeux sur les illusions de Mélenchon, et son soutien de Kerviel est une bonne occasion.
Mélenchon pour sauver la Gauche ?
Hollande, ce roublard éclairé par la puissance intellectuelle de Valls, s’est planté en six mois, et il poursuit la destruction de l’idée d’une Gauche de gouvernement en Europe, après Blair au Royaume-Uni, Schröder en Allemagne et González en Espagne. Alors, on regarde du côté de Mélenchon, ça peut se comprendre, mais désolé, c'est de la crédulité.
Mélenchon a fait carrière grâce au Parti socialiste et à la proportionnelle. Il prend la posture du râleur de Gauche, promet l’été en hiver, et fait toujours 10%, ce qui lui donne sa paie. C'est sa vie : supplétif du courant majoritaire du PS.
Il est si populaire qu’il a perdu toutes les élections auxquelles il s’est présenté sous son nom, sauf une fois : pour les élections cantonales de l’Essonne en 1985, élections qui ont marqué l’histoire du pays.
Il faudra revenir sur ce Saint-Just en fromage blanc, un sinistre marchand de soupe socialiste, mais regardons son soutien à Kerviel. Que des salariés dans la mouise fasse confiance à cet illusionniste oblige à apporter quelques précisions, et please, prenez le temps d’analyser, même si je vous énerve.
« Kerviel est innocent »
C’est le cri du cœur de Mélenchon sur son blog. Lisez ce délire, faisant le parallèle entre Dreyfus et Kerviel… Consternant.
« Pour le militant politique que je suis, défendre un trader dans un conflit avec sa banque est aussi décalé que l'était la défense d'un capitaine monarchiste au début du siècle précédent contre l'institution militaire unanime. Le militarisme était alors notre ennemi car nous ne voulions pas de la guerre qu'il préparait. Dreyfus en était un rouage conscient et satisfait. Mais il était innocent. Les banques sont nos ennemis aujourd'hui car nous ne voulons pas du désastre qu'elles organisent. Kerviel en était un rouage actif, content de lui et du système. Mais Kerviel est innocent ».
Mélenchon est soudain saisi par cette question : « Et s’il était innocent, ce serait terrible ». Ça, c’est sûr, banane : ça s’appelle l’erreur judiciaire, et ça existe depuis que la justice existe. Comme il y a 60 000 détenus en France, mon Mélenchon-chonchon a trouvé de quoi s’indigner dix fois par jours, tous les jours… sauf que ce n’est pas avec le condamné de base que Mélenchon va passer à la télé.
Jérôme Kerviel a été reconnu coupable par un jugement du tribunal correctionnel de Paris (200 pages) confirmé par la Cour d’appel de Paris (100 pages), mouchant le distrayant avocat David Koubi : cinq ans de prison, dont trois ferme, et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts.
Je m’attendais aussi à une analyse critique de ces décisions de justice. Non rien. Ces deux décisions ne sont même pas visées dans la diatribe de Mélenchon-chonchon. Le mec nous raconte un conte de fée, genre « les playmobil et les méchants banquiers ». Soyons sérieux : comment parler d’innocence sans critiquer les décisions de justice qui ont condamné ? C’est du niveau Sarko. Oui, désolé, mais c’est ça : du niveau Sarko pour le mépris de la justice.
La soupe sociale de Mélenchon
Mélenchon s’était bien gardé de faire le malin devant la cour d’appel de Paris, car il sait qu’il aurait été ridiculisé en cinq minutes. Mais là, devant le Conseil de Prud’hommes, il a ramené sa fraise : en retour, il n’a reçu qu’un joli coup de pied au cul. Et bien mérité.
Regardons cette soupe : « Dans quelques jours, le 4 juillet prochain, Jérôme Kerviel passe aux Prud'hommes. C’est le dernier recours dont il dispose pour contester qu’il ait commis la « faute lourde » dont l’accuse la banque. Car cette incrimination, en plus de toutes les autres peines, le condamne à la mort sociale, sans aucune ressource et sans aucun accès aux droits sociaux les plus élémentaires. Je crois que Jérôme Kerviel est innocent. Ceux qui l’ont fait condamner sont donc coupables ».
1/ Kerviel saisit les prud’hommes… cinq après ! Il a été licencié en février 2008, et il saisit le Conseil de prud’hommes cinq ans plus tard. Typique de la démarche d’un mec convaincu de son bon droit… Que peuvent bien en penser les salariés licenciés, et qui se précipitent aux prud’hommes à peine reçue la lettre de licenciement ?...
2/ La faute lourde n’est pas une incrimination, car ce n’est pas pénal. Nul.
3/ « Je crois que Jérôme Kerviel est innocent » : on te demande pas tes croyances, mais tes preuves.
4/ « Ceux qui l’ont fait condamner sont donc coupables » : au pénal, c’est le procureur qui fait condamner. Niveau Sarko.
5/ Le licenciement pour faute laisse « sans aucun accès aux droits sociaux ». C’est faux : le mec a droit au chômage, calculé sur les derniers salaires. On parle du montant des indemnités chômage de Kerviel ?
6/ Kerviel demande une expertise pour prouver qu’il n’a pas commis de faute, mais la cour d’appel a reconnu la faute. Donc, c’est plié !
7/ Ne reste en débat que la qualification de faute lourde. Passer de « faute lourde » à « faute grave » lui permettrait de toucher ses congés payés ! De quoi en faire une cause nationale, en effet…
On pourrait continuer… Mélenchon n’est qu’une illusion, qui n'apporte à la Gauche rien de plus que Hollande.