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J’ai bu les paroles du pape

Actualités du droit - Gilles Devers, 8/07/2013

J’ai bu les paroles du pape comme le meilleur des vins : « La...

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J’ai bu les paroles du pape comme le meilleur des vins : « La culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d'autrui et aboutit à une globalisation de l'indifférence ». Merci François, bienvenue à la maison, tu nous apportes le plus grand des réconforts. 

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Pour son premier voyage, mon pote François a débarqué à Lampedusa, cette petite ile de 20 km2, au Sud de la Sicile, qui est l’espoir de tant de naufragés de la vie, et le cauchemar de nos responsables politiques... xénophobes, sécuritaires, sauvages, brutaux, haineux, incultes, égoïstes, racistes, calculateurs, ignorants, déréglés, décérébrés, trouillards, mièvres et faux-cul.

Lampedusa ? Selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés, 500 migrants sont morts en 2012 en tentant de gagner cette ile. En 2011, en raison des révolutions arabes, plus de 50 000 personnes étaient arrivées à Lampedusa, et la France « UMP & PS » s’était félicitée de n’en accueillir aucun. Ces migrants « dont personne ne voulait ni en Italie, ni dans le reste de l’Europe » sont restés parqués sur un stade avant d’être rembarqués et c’est sur ce stade que le pape a célébré la messe, hier. Il était invité par le curé du coin, le père Stefano Nastasi, et le maire, Giusi Nicolini.

Que nous dit le pape ? Ce que l’on n’entend plus que dans les cercles militants.

Dans ce monde qui se perd, l'autre « n'est plus un frère à aimer mais simplement celui qui perturbe ma vie et mon bien-être ». Conséquences : « Tant de nous, et je m'inclus moi aussi, sommes désorientés et ne sommes plus attentifs au monde dans lequel nous vivons ».

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Le pape pose la question de la responsabilité, devant les drames, les vies broyées, les morts en mer.

« Qui est responsable du sang de ces frères et sœurs ? Personne ! Nous répondons tous ainsi : ce n'est pas moi, c'est sans doute quelqu'un d'autre. Aujourd'hui personne ne se sent responsable, nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle, nous sommes tombés dans l'attitude hypocrite du prêtre et du serviteur de l'autel, dont parle Jésus dans la parabole du bon Samaritain: nous regardons le frère à demi-mort sur le bord de la route et nous passons notre chemin en considérant que cela n'est pas notre affaire. C'est la culture du bien-être qui nous porte à penser à nous-mêmes, qui nous rend insensibles aux cris des autres, qui nous fait vivre dans des bulles de savon qui sont belles mais qui ne sont que néant, illusion du futile, du provisoire, qui conduit à l'indifférence et à la globalisation de l'indifférence. Nous nous sommes habitués à la souffrance des autres, elle ne nous regarde pas, elle ne nous intéresse pas. Qui, parmi nous, a pleuré pour la mort de ces frères et de ces sœurs? Pour ces jeunes mamans et leurs enfants? Nous sommes une société qui a oublié l'expérience de pleurer, de compatir : voilà la globalisation de l'indifférence. Demandons pardon pour l'indifférence de tant de frères et sœurs, nous te demandons pardon pour qui s'y habitue, pour qui s'enferme dans son propre bien-être qui induit l'anesthésie du cœur, nous te demandons pardon pour ceux qui par leur décision au niveau mondial ont créé les situations qui conduisent à ces drames ».  

Le pape a remercié les 6 000 habitants de Lampedusa, les organisations humanitaires et les forces de police pour « leur attention à l’égard de ces personnes en voyage vers quelque chose de meilleur », ajoutant : « Vous êtes une petite communauté mais vous offrez un exemple de solidarité ». Puis, il a salué « les chers immigrés musulmans qui commencent aujourd’hui le jeûne du Ramadan avec le souhait d’abondants fruits spirituels ».

Bon Dieu,... sacré pape ! 

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