A quand une mobilisation des intellectuels sur les droits des enfants ? (544)
Droits des enfants - jprosen, 26/10/2013
Une trentaine d’intellectuels vient de prendre l’initiative de rappeler le président de la République à ses engagements en faveur des animaux.
En première intention on sourit comme nombre souriaient voici quelques jours au débat sur la fessée et la gifle après la condamnation d’un père de famille à 500 euros d’amende avec sursis pour avoir fessé cul nu son fils de 9 ans qui ne l’avait pas salué comme il se devait. (1)
Qu'on ne se méprenne pas sur mon propos : la cause des animaux vaut d’être portée. Effectivement il est désuet de continuer comme Napoléon l’avait initié de considérer les animaux comme des meubles. On sait que déjà les violences cruelles contre les animaux sont condamnables, sauf bien évidemment – certains le contestent - à admettre que l’animal puisse nourrir l’homme ; il faut alors à abattre « dignement » l’animal de bouche. Reste qu‘effectivement, comme pour les enfants, que certaines attitudes à l’égard des animaux relèvent littéralement de la maltraitance et de la cruauté. D’aucune manière elles doivent être tolérées. Il peut s’agir d’actes de violence comme de défauts de soins ou de négligences. Chacun connait les vagues d’abandons d'animaux domestiques durant les périodes estivales révélatrices de la psyché perturbée de leur auteur et à tout le moins de l’égoïsme des « propriétaires».
Dès lors il n’y a pas à être choqué ou ricanant devant la démarche de nos pétitionnaires de haut vol, mais on peut même quand se demander si c’est bien le rôle des intellectuels de France que de se pencher sur la cause animale, aussi noble soit elle. N’auraient-ils rien d‘autre à se mettre sous la dent ou seraient-ils à ce point au ras du sol ?
Dans ce passé ces mouvements d’intellectuels dépassant les clivages politiques se retrouvaient sur des sujets majeurs comme la condamnation du colonialisme ou de la torture pour ne prendre que deux exemples anciens.
Aujourd'hui cette mobilisation-là déroute dans le moment où notre pays et l’Europe dans son ensemble peinent empêtrées dans leurs contradictions à assumer l’immigration actuelle et à venir. Là il y aurait matière à hausser le débat et à contribuer à rassurer la population en avançant des perspectives quand la peur de l’invasion ou celle de la perte du modèle social l’emportent.
Personnellement depuis 10 ans j‘aurai aimé entendre ces grandes voies s’exprimer de concert – sachant que certains ont pu le faire individuellement – avec le poids qu’elles représentent pour pousser les pouvoirs publics à gérer mieux qu’ils ne l’ont fait la question des enfants qui arrivent régulièrement et par milliers chaque année non accompagnés dans notre pays. Ces jeunes sont traités plus comme des étrangers que comme des enfants.
Pour revenir sur ce point j’aurais aussi aimé les entendre il y a 15 jours dans le débat sur les châtiments corporels. Ils avaient matière à aborder le thème éducation et violence : on peut éduquer sans frapper.
J’entends qu’il faille s’inquiéter des violences infligées aux animaux, mais que dire du sort des enfants roms « abrités » dans des camps misérables qui jouxtent nos autoroutes urbaines et exposés à tous les dangers comme les épidémies, les morsures de rats, etc. ? Ces enfants là ne valent-ils pas nos chiens et nos chats ?
Pourquoi refuser d’aborder des questions aussi délicates que le souci de la liberté de conscience et de religion des enfants avec la liberté des parents d’élever leur progéniture dans leurs valeurs et leur religion ? (3)
Bref, nous avons les intellectuels que nous méritons ! (4)
Notre société vieillissante et souvent dépassée se recroqueville sur elle-même : les retraites, les chiens et les chats, le calme et la crainte de l’autre.
Hauts les cœurs Mesdames et Messieurs, la France, en bien-traitant ses « compagnons de vie » peut aussi se pencher sur des vrais problèmes de société. Laisser les associations militer pour les chiens, les chats et les poissons rouges et autres oiseaux de compagnie et jouer votre rôle : élevez le débat.
PS Je reste (voir blog 543) demandeur de réactions et d’idées sur les nouveaux droits à reconnaître aux enfants de France pour être en phase avec l’évolution de notre société. Le réflexe pavlovien « Ils ont trop de droits, rappelons leur leurs devoirs ! » étant un peu court. Voir aussi le blog 539 sur l’état des droits de l’enfant
(1) Le Conseil de l’Europe a engagé une campagne contre les châtiments corporels. 27 Etats ont déjà pris les dispositions nécessaires. La France patrie autoproclamée des droits de l’homme est désormais la risée de l’Europe quand elle donne des leçons à tous et à chacun sur les droits humains, mais reste sur des idées d’une autre époque quant à l’éducation des enfants. (Conf. blog 540) et qu’elle estompe la spécificité de sa justice pénale des enfants pour l’aligner sur celle des adultes.
(2) Sachant que généralement les adultes qui maltraitent les enfants maltraitent aussi les animaux, mais qu'on peut voir des personnes très doux avec leurs bêtes mais ignobles avec les animaux !
(3) Conf. dans Le Monde daté du 25 octobre 2013 la pleine page achetée par le CRIF et le Congrès juif mondial pour combattre la remise en cause de la circoncision après le vote de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, la loi allemande et les débats en Suède (Conf mon blog 541) : la tradition millénaire justifierait l‘atteinte à l’intégrité de la personne. Beau débat à alimenter.
(4) Il est vrai que parmi les signataires certains ne sont pas pour que les enfants soient reconnus dans leurs droits.