Sucy-en-Brie : De graves accusations contre la BAC
Actualités du droit - Gilles Devers, 19/10/2012
Les faits ont eu lieu à Sucy-en-Brie, dans le Val-de-Marne, le 6 octobre. Il est 0 H 40, et deux frères, Bayram, 21 ans, et Chaïn, 16 ans, rentrent à la maison après un match de foot en salle. Ils descendent du bus, et continuent à pied en direction de leur quartier, la Cité Verte.
Arrive alors une voiture de la BAC. Trois agents se dirigent vers eux, et Chaïn, qui dit avoir «eu peur», part en courant. Je précise qu'il est lycéen en 1ère ES et inconnu de service de police. La poursuite dure 100 mètres, et le gamin est aux mains de la BAC.
Trois-quarts d’heure plus tard, à 1 h 30, il arrive au commissariat de Boissy-Saint-Léger, conduit par les mêmes agents. Les policiers ne prennent pas déposition, car il n’y a pas de charge contre Chaïn, et sa mère est appelée pour le récupérer.
La mère le retrouve ensanglantée, et se rend aux urgences de l'hôpital de Créteil. Le médecin a fait un certificat descriptif, qu’a pu lire Libé.
En un, « Le patient présente un trauma cranio-nasal avec épistaxis » : c’est le signe de coups sur la partie haute du nez, ayant causé une hémorragie.
En deux, «multiples hématomes au niveau du visage» : une pluie de coups au visage.
En trois, « traumatisme et une plaie au coude droit», et un «traumatisme du rachis dorsal», ce qui montrent deux nouvelles séquences de coups.
En quatre, des «érosions scrotales», qui établissent des coups ou des écrasements des testicules.
La consultation de médecine légale a prescrit une interruption temporaire de travail (ITT) de cinq jours.
Chain et sa mère ont déposé plainte pour violences aggravées, le même 6 octobre en début d'après-midi. Chain explique que dès qu’il a été arrêté, les fonctionnaires l’ont insulté de «fils de pute» et lui ont asséné de premiers coups. Plusieurs habitants ont été témoins, et ont fait des dépositions en ce sens.
Chain a été embarqué dans le véhicule de la BAC, pour un trajet que l’enquête déterminera, avant d’arriver au commissariat trois-quarts d’heure plus tard, dans l’état que l’on sait. Chain déclare dans sa déposition : «Le policier assis sur ma droite m'a mis deux droites dans le visage et dans le nez et celui de gauche m'a frappé de coups de poing dans le ventre (...). Je tiens à préciser qu'au premier arrêt avec la voiture de police, le policier sur ma droite m'a serré avec sa main mes testicules.»
Le parquet de Créteil a confirmé l’existence d’une enquête préliminaire.
C’est donc l’histoire d’un mineur, à qui il n’est reproché aucune infraction, qui a été insulté et frappé lors de son interpellation, et qui trois quarts d’heure plus tard est rendu à sa mère ensanglanté, avec des traces de coups multiples, dont sur les parties génitales.
La préfecture et le ministère de l’Intérieur n’ont pas eu le temps de publier un communiqué dénonçant ces violations graves des droits d’un mineur, qui déshonorent le service. Il est vrai qu’ils ne sont avisés que depuis 14 jours… et il faut le temps que ça leur remonte au cerveau.