Animaux tentant de déchirer des vêtements, des toiles, des tissus et aussi du papier (4ème itération)
Le petit Musée des Marques - Frédéric Glaize, 24/12/2019
Tirant à hue et à dia, ces chiens, lions ou même ces léopards semblent affamés au point de s’attaquer à ce qui, de près ou de loin, pourrait représenter une proie.
Mais ces carnivores totalement miros confondent leur repas avec des produits manufacturés, lesquels semblent heureusement des plus résistants.
On retrouve ainsi le thème connu de l’animal -seul ou en duo- qui tente de déchiqueter des vêtements. La série du jour comporte aussi d’autres produits souples tels que du papier, du tissu ou de la toile, qui se voient ainsi maltraités
Le lion de la marque ci-dessus s’en prend aux tissus des Établissements Albert Masurel et Cie, une entreprise cotonnière de Roubaix. Des documents commerciaux conservés à la médiathèque de Roubaix attestent de son activité en 1919.
Dans les années 1960, les Établissements Albert Masurel et Compagnie détenaient sept usines dans le Nord et en Normandie. En 1967, ils participent à un accord de coopération, via la création du service commercial commun MDM avec la Cotonnière de Moislains et Golbey les Etablissement Hector Depreux et Cie.
En 1968, les Établissements Albert Masurel et Cie sont mal en point. Ils présentent une demande de prime d’adaptation industrielle et cherchent un repreneur. Les discussions avec le groupe Agache-Willot échouent. C’est Revillon (groupe Dolfuss-Mieg et Pricel , futur DMC) qui mettra la main à la poche en prenant une part de 50% en 1970.
Dans la deuxième marque, déposée en 1953 par un lillois, une autre lion s’en prend également à un rouleau de tissus portant le nom “Toil’Roc” et présenté comme “véritable toile des Flandres”.
La posture de l’animal n’est pas strictement la même que sur la marque précédente, mais on ne peut s’empêcher de noter des similitudes dans la représentation de ce thème commun, comme par exemple la position de l’animal de 3/4 par rapport à l’observateur ou la posture dressée en S inversé de sa queue.
La marque de la société grenobloise des Papeteries Lamorte, renouvellée en 1959, présente deux bouledogues face à face, juchés chacun sur une pile de feuilles de papier et qui se disputent un feuille dont chacun mord un coin en tentant de reculer, comme au tir à la corde.
La marque proclame que “les papiers Lamorte résistent à tout, à la déchirure, au froissement, à la traction, à l’humidité, à la critique“, mettant ainsi sur le même plan des risques spécifiques tangibles et un risque plus général et abstrait (aboutissement d’une sorte de conglobation).
Autre tiraillement de papier par la gente canine : cette marque représente un homme qui tient en l’étendant le papier provenant d’un rouleau, alors que deux chiens tachetés mordillent chacun un coin de l’extrémité du papier déroulé. La tension crée sur la feuille permet de bien lire la mention imprimée sur celle-ci : “Papier paille qualité extra”. La nom du déposant est rappelé au travers des initiales “P.S-O”, pour Papeteries du Sud-Ouest.
Sur cette marque déposée par la société dionysienne Socoma, ce sont deux chiens à l’air agressif qui tirent un pantalon. L’un tien le haut, l’autre le genou gauche. A ce dessin, qui montre la solidité du produit, est ajouté ce slogan simple mais à la rime riche : “Soco, le vêtement qu’il vous faut”.
A Vierzon, cette marque semi-figurative “Tricot Pat”, déposée en 1940 est un exemple de la figure classique de deux animaux (ici des chiens de races différentes) vus de profil et se faisant face, qui mordent chacun une extrémité d’un même vêtement en essayant de reculer (on retrouve la posture du tir à la corde).
Le vêtement, au centre de la composition, apparait ainsi particulièrement solide.
La même figure est reprise dans ces trois marques (dont l’une concerne des “blue-geans”). Un élément original ici réside dans le choix de léopards pour mettre à mal le pantalon.
Mais ces animaux écarteleurs, ajoutés au nom “Lewi’s” et à la mention “original riveted” inscrite sur un fond noir à double courbe, ne laissent pas de place au doute : le déposant lorgne de façon peu subtile vers l’américain Levi’s.
Troisième exemple à la suite de d’animaux de profil qui tentent de reculer en gardant dans leur gueule une pantalon, cette marque de la société Linne-Desmazière bénéficie d’un traitement graphique stylisé. Les des deux bouledogues de ce logo qui apparaisse en silhouette se font face dans une composition parfaitement symétrique.
La paire de marques FullSport et TouSport garde l’idée de chiens (à nouveau des bouledogues) se disputant un morceau de tissu, mais la scène est vue en perspective.