Actions sur le document

Eva Joly se lance dans une carrière d’illusionniste

Actualités du droit - Gilles Devers, 29/06/2012

Bonne nouvelle : Eva Joly is still alive . Les équipes...

Lire l'article...


dessin-illusion.jpgBonne nouvelle : Eva Joly is still alive. Les équipes d’investigation du blog l’ont retrouvée à Rio. Nous pensions débusquer Eva en Guadeloupe ou à la Martinique entrain de faire du boudin antillais, pour ne pas avoir été nommée ministre de la Justice alors que tout la qualifiait. 

Mais sûre de son génie, et confortée par l’enthousiasme populaire qu’elle a créé lors de la campagne des présidentielles, Eva Joly laisse comme menue monnaie la politique en France et s’attaque à un challenge enfin à la dimension de son talent : l’éthique internationale.

Et oui, chères amies et chers amis ! Eva Joly est à Rio pour créer un « Tribunal international éthique ».  Et d’expliquer : « Sur le modèle du tribunal Russell, qui avait fait beaucoup pour arrêter la guerre au Vietnam, il s'attaquera aux crimes contre l'environnement ».

Moi je trouve qu’Eva Joly a bien raison. Comme elle ne peut se faire élire nulle part et que personne ne veut la nommer  nulle part, elle se crée son tribunal mondial et se nomme présidente. Bien vu,… mais un peu modeste. Tant qu’à faire, elle pourrait ajouter à ses compétences le bonheur absolu et l’amour fou. Ca ferait une somptueuse carte de visite : « Madame Eva Joly, quasi-ministre de la Justice, Présidente duTibunal international de l’éthique, du bonheur absolu et l’amour fou ».

A part çà, son tribunal bidule, c’est juste une grosse arnaque.

Cette invention des tribunaux d’opinion date de l’époque où il n’existait aucun système juridique international capable de sanctionner les violations du droit. Alors, on créait une belle asso, on lui donnait le nom de tribunal, et au lieu de tenir un congrès, on organisait un simili procès, comme une pièce de théâtre. Avec de bons relais médiatiques, ça pouvait avoir un impact sur l’opinion.nd7sb4lkry.jpg

Tout le problème est que désormais on dispose de règles efficaces en droit international, et les relativiser pour préférer des tribunaux de bazar est une faute. Le système a encore plein de défauts et d’insuffisances,… mais la principale faiblesse est que les groupes militants n’ont pas encore compris tout ce que pouvaient apporter  les outils actuels du droit. Ce droit est mésestimé, voire honni, car ressenti comme lié à la mondialisation, alors qu’il est d’une efficacité remarquable dès que l’on s’en sert, non pour faire de beaux discours, mais en soumettant aux tribunaux des bases factuelles sérieuses assises sur les techniques actuelles du contentieux.

Un seul exemple : la responsabilité des entreprises. Les traités d’investissement qui permettent de faire du business comprennent tous les clauses liées au respect des droits fondamentaux… difficiles à opposer aux Etats, mais faciles à utiliser contre les entreprises. Par priorité, choisissez celles qui ont leur siège en Europe, histoire de se les farcir avec les goûteuses et charnues jurisprudences de la Cour de Justice de l’Union Européenne.

J’ajoute que quand on en est à dénoncer des « crimes écologiques », parler d’éthique est de la foutaise. Ce qui est en jeu, ce sont les spoliations de biens à grande échelle et les atteintes à la santé, données sur lesquelles on dispose de bons outils juridiques, et ce dès le droit interne.

Eva Joly a choisi d’amuser les grands groupes industriels avec son « tribunal international éthique ». C’est sûr que ce genre d’annonce, qui détourne des actions juridiques efficaces pour de la guimauve bien-pensante, doit les faire bien rire. 

Art-illusion-29.jpg


Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...