Cassez mais pas brisée !
Justice au singulier - philippe.bilger, 9/12/2012
Je n'ai aucune sympathie particulière pour Florence Cassez.
Si elle est coupable, son incarcération de sept ans déjà au Mexique ne me paraît pas choquante même si je comprends le souci de ses parents qui veulent évidemment son rapatriement en France.
Depuis quelques années, je trouve ridicule, indécent le cirque mondain, artistique et pénitentiaire autour d'elle comme si elle était devenue une sorte de "must" dont on ne saurait se passer. Valérie Trierweiler s'est mise sur les rangs et elle a cru bon de préciser "je ne fais rien de politique, c'est un engagement humanitaire". Dommage que pour toutes ces générosités, l'engagement soit forcément mexicain. Dans les prisons françaises, il y aurait pourtant matière !
Mon énervement exprimé, force est de reconnaître que Florence Cassez a une détermination, un optimisme chevillé au corps et au coeur et une volonté qui ne sont pas ordinaires. Elle déclare "J'ai la conviction qu'enfin la vérité est en marche" (Le Parisien).
Je dois admettre aussi que pour tous ceux qui étaient réticents, dubitatifs sur son innocence dans les premiers temps de son emprisonnement, s'ils ne sont pas forcément persuadés aujourd'hui qu'elle est une sainte, ils n'ignorent pas en revanche comme l'enquête la concernant et la procédure n'ont pas été menées et établies selon les règles. Au contraire, il semble qu'à un certain niveau il y ait eu tromperie, manipulation et fraude.
Le climat à son sujet s'est modifié aussi bien en France qu'au Mexique où trop d'abus ont entraîné heureusement une réaction de l'Etat de droit.
Trois réflexions pour finir.
Le Mexique a un nouveau Président qui affirme que "son gouvernement respectera scrupuleusement les décisions prises par la Cour suprême" où un nouveau juge rapporteur officiera sur le dossier (Le Figaro).
La précédente instance, déjà, n'avait pas été loin de donner satisfaction à Florence Cassez. Donc celle qui statuera au début de 2013 pourrait combler cette dernière qui ne cesse de protester de son innocence.
Son avocat Me Frank Berton est un homme inlassable, intelligent, pugnace. C'est grâce à lui que la condition de sa cliente est sortie de l'indifférence et de l'anonymat. Je lui fais confiance et il est évident que je n'aimerais pas l'imaginer se battre comme un fou pour une coupable.
Enfin, je ne peux m'empêcher de comparer les méthodes de gouvernement et de règlement des conflits entre le quinquennat de Nicolas Sarkozy et les sept premiers mois de François Hollande. Autant une provocation outrancière, une exposition publique des différends et une mise en cause du pouvoir étranger ont été totalement négatives hier pour Florence Cassez, autant la discrétion, la retenue et le respect de l'Etat décideur peuvent l'emporter aujourd'hui.
Le retour de Florence Cassez sera-t-il le premier succès indiscutable de notre président ?