Réfugiés : Merkel simplement remarquable
Actualités du droit - Gilles Devers, 15/12/2015
Pendant que le génial Hollande, émoustillé parce que Le Pen fait un score supérieur à Sarko au premier tour, cherche un trou de souris pour se faire réélire en 2017, Merkel se fait acclamer par les 1001 délégués du parti, lors du congrès de la CDU à Karlsruhe, sur l’accueil des réfugiés. Un décalage qui donne le vertige.
L’Allemagne a accueilli un million de réfugiés, alors que les pratiques répugnantes du PS ont en France limité ce chiffre à 20.000, et ces personnes sont si mal accueillies que nombre cherchent à fuir. Le FN n’a pas gagné de présidence de région, mais il s’est installé dans la tête des dirigeants : c’est bien plus grave.
Accueillir en un an un million de personnes : toute la société allemande est sollicitée, les enjeux sont majeurs, et cette question était au centre du congrès. La CDU soutient cette politique d’accueil des démunis. Il y a beaucoup à dire sur les questions de fond : qui sont les réfugiés, d’où viennent-ils, quelles sont leurs motivations, veulent-ils rester ou cherchent-ils seulement un abri avant de retourner au pays… Questions importantes,… mais avant de poser ces questions, il y a un impératif : l’accueil de personnes en situation de vulnérabilité.
Merkel a été très claire : « L'accueil des réfugiés début septembre, qui marchaient sur l'autoroute en Hongrie et en Autriche était un impératif humanitaire. Ni plus, ni moins ».
Et après ? Il faut savoir partager. L’accueil des réfugiés constitue pour l'Allemagne un « rendez-vous avec la globalisation », selon la formule de Wolfgang Schäuble, le ministre des finances. Intégrer les réfugiés, c'est donc préparer « l'Allemagne de l'avenir ».
Merkel s’est dite opposée à la remise en cause les principes de Schengen : « Schengen est d'une importance vitale », et « fermer les frontières n'est pas une option rationnelle au XXIe siècle ».
La société s’inquiéte ? Se fait peur ? Superbe réponse de Merkel : « Mais dans quelle mesure ces réfugiés vont-ils changer notre pays ? L’Allemagne va certes changer, mais pas davantage qu'elle a changé ces vingt-cinq dernières années, avec la réunification », et de dénoncer ceux qui distillent les discours de « haine », avant d’appeler à « surmonter la résignation ».
Quant au texte de synthèse du Congrès, Merkel est intervenue en personne pour ne figure pas la notion d’une « limite supérieure » à l'accueil des réfugiés. Le texte rappelle que les réfugiés de Syrie ou d'Irak « sont des victimes du terrorisme ». Il est enfin affirmé que « la CDU est décidé à prendre ses responsabilités. Nous sommes convaincus que l'Allemagne peut relever avec succès ces défis » et que « notre pays peut ressortir renforcé de ces épreuves ». Fille de pasteur protestant, Merkel a rappelé les valeurs chrétiennes de son parti : « Chaque homme dispose de la dignité que Dieu lui a offerte ».
En France, on entend régulièrement ce rappel des racines chrétiennes… mais c'est juste pour en rajouter une couche d’islamophobie. Très sérieusement, je ne vois pas en état actuel un seul parti qui puisse affirmer avec autant de force que l’accueil des réfugiés est un devoir national.
Si ces jours-ci la France choisissait un emblème, elle choisirait la pomme fripée.