Rixe mortelle sur l’A13: « Perdre un être cher pour un bout de parechoc »
Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 10/04/2013
Le commissaire François-Xavier Masson a derrière lui seize ans de police, dont quatorze d'enquête. C'est lui qui a dirigé les investigations dans l'affaire de l'autoroute A13. Entendu comme témoin, mercredi 10 avril, à la barre de la cour d'assises des Yvelines, à Versailles, il raconte la reconstitution de ces quelques minutes où tout a basculé.
A 0H42, ce samedi 27 juin 2010, le numéro d'urgence de la police reçoit un appel d'un portable. La voix de l'homme qui parle est plutôt calme. Il explique qu'il vient d'y avoir un accrochage sur l'autoroute entre son véhicule, une Audi, et une Clio. Il indique qu'il est sur la bande d'arrêt d'urgence à la hauteur des Mureaux mais qu' "il y a un risque que ça dégénère".
A 0H50, le 112 reçoit un deuxième appel du même homme. Le ton est pressant, la tension palpable. "Est-ce qu'il y a des blessés?" demande le fonctionnaire de police. "Dépêchez-vous, il va y en avoir!" répond la voix paniquée.
Mohamed Laidouni a juste le temps de raccrocher. Quelques minutes plus tard, il gît à terre, roué de coups sous les yeux de sa famille. Il décèdera un peu plus tard.
Les caméras de surveillance de l'autoroute enregistrent la scène. Les images devraient être diffusées ultérieurement dans la salle d'audience. Pour l'heure, elles sont seulement décrites par le commissaire Masson.
Deux voitures qui arrivent de la cité en renfort, après un coup de téléphone passé par l'un des occupants de la Clio à 0H42. Des jeunes hommes qui en descendent, l'un d'eux qui soulève Mohamed Laidouni et le jette au sol. Cinq à six autres hommes qui donnent des coups de pied, dont un qui prend son élan avant de frapper.
Le commissaire poursuit:
- Une espèce de meute. Plus rien n'était sous contrôle. Il n'y en a pas un pour dire stop, pour réaliser qu'ils étaient là et qu'ils faisaient ça pour de la tôle froissée. Avec les enquêteurs, on a une espèce de nausée quand on évoque cette affaire.
François-Xavier Masson cite cette phrase que lui a dite l'un des frères de Mohamed Laidouni, présent lors des événements: "Je ne comprends pas qu'on puisse perdre un être cher pour un bout de parechoc".