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Procès de l’UIMM: la défense très politique de l’avocat de Denis Gautier-Sauvagnac

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 22/10/2013

A quoi sert une plaidoirie ? A défendre une dernière fois son client avant que le tribunal ne se retire pour délibérer. Mais aussi à dire ce qu'il ne peut pas ou ne veut pas dire. Jean-Yves le Borgne, l'avocat … Continuer la lecture

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A quoi sert une plaidoirie ? A défendre une dernière fois son client avant que le tribunal ne se retire pour délibérer. Mais aussi à dire ce qu'il ne peut pas ou ne veut pas dire. Jean-Yves le Borgne, l'avocat de Denis Gautier-Sauvagnac, s'y est employé, mardi 22 octobre, en clôturant les plaidoiries au procès des enveloppes de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM).

"Eut-il été concevable qu'il n'y eût pas d'affaire de l'UIMM ?, s'est-il interrogé. Non. Parce qu'à notre époque, on est riche à 3 000 euros et coupable au-dessus. Parce que les espèces, on vous le dit, sont le début de la culpabilité. Le billet fleure la fraude. Supprimons donc le billet ! On est là dans un crime contre la transparence, ce dieu nouveau, qui a une autorité de plus en plus forte. C'est le procès d'une époque qui en juge une autre !",  a observé Me Le Borgne.

Alors que son client, l'ancien président délégué général de la fédération patronale, s'est toujours tu "au nom de la tradition" et de ses "valeurs" sur le nom des bénéficiaires des enveloppes de l'UIMM, son avocat a dénoncé "les deux poids deux mesures d'un procès entre les méchants qui ont donné et qui sont renvoyés devant vous et les gentils qui ont reçu".

"La réalité, a-t-il observé, c'est qu'avec cette affaire, on a froissé le mythe, le concept selon lequel les syndicats doivent être dans l'opposition au patronat. Et qu'ils ne sauraient reconnaître qu'ils existent grâce au fric des patrons, alors qu'on sait que la France est sous-syndiquée et que les organisations syndicales ne peuvent assurer plus de 20 % de leur budget !"

Rappelant les deux moyens de financement des syndicats utilisés par le patronat, il a indiqué: "Quand l'UIMM paie des stands à prix d'or dans des congrès ou achète des milliers d'exemplaires d'un journal que personne n'a envie de lire, ça ne choque personne. Mais quand il n'y pas plus de stands ou de journaux à payer, que faire ?", a demandé Me Le Borgne. "Faire un chèque n'est pas concevable car se heurte à l'idée de la lutte des classes et à la tradition syndicale française. Alors oui, on choisit la solution discrète des remises d'espèces. Parce que si les damnés de la terre apprenaient que leurs dirigeants syndicaux touchent de l'argent des patrons, l'Internationale leur resterait dans la gorge ! Voilà la situation et voilà la raison pour laquelle il faut se méfier de la transparence."

Si le patronat paie, a poursuivi Me Le Borgne, c'est "parce qu'il a besoin que les syndicats existent. Qu'ils existent pour qu'on puisse s'asseoir à la table des négociations et signer des accords. Cela vaut tout de même mieux que la pureté révolutionnaire et les assassinats de patrons", s'est-il exclamé en citant le cas de Georges Besse, tué en 1986 par le groupe armé Action directe.

L'avocat de Denis Gautier-Sauvagnac a enfin exhorté le tribunal à "lutter contre lui-même et contre ses penchants" : "Vous n'aimez pas la dissimulation. Vous n'aimez pas l'argent parce que sinon, vous feriez autre chose", a-t-il lancé à l'adresse des trois juges, avant d'ajouter : "Mais vous n'êtes pas les redresseurs de tort d'un monde imparfait et qui s'avoue d'ailleurs imparfait. Vous pouvez désapprouver ce qui s'est fait. C'est un jugement social, historique et politique. Mais on n'est pas dans le cadre de poursuites pénales. Vous n'êtes pas des justiciers, vous devez être des juges qui disent la loi."

Le jugement a été mis en délibéré au 10 février 2014.


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