Le Coordonnateur humanitaire de l'ONU exhorte Israël à lever le blocus qui asphyxie Gaza
Actualités du droit - Gilles Devers, 15/08/2013
Le rétablisseur de démocratie Abdel Fattah Al-Sissi a décidé de fermer le passage de Rafah. Le passage de Rafah…
Le territoire palestinien de Gaza se présente comme un bande de terre de 10 km sur 30, avec pour voisins au Sud l’Egypte, au Nord et à l’Est, Israël et à l’Ouest la mer, c’est-à-dire en fait Israël, qui bloque tout accès, sans même respecter les eaux territoriales.
Cette carte est à jour et précise. Elle montre notamment
comment l'arbitraire "zone de sécurité" empiète sur le territoire et la mer
Il s’agit d’un territoire occupé, au sens de la IV° Convention de Genève, comme le reconnait même le Conseil de sécurité, car Israël exerce un contrôle militaire permanent sur ce territoire. Aussi, Israël, puissance occupante, à l’obligation d’assurer la protection de la population civile. Au lieu de cela, Israël impose un blocus, en violation du droit international.
Il n’existe qu’un point de passage pour les marchandises et les (rares) personnes : c’est la porte d’Erez, à la limite Nord de Gaza, donc vers Israël. Au Sud, c’est la porte de Rafah, qui ouvre vers l’Egypte. Dans le cadre du génial processus de Camp David, Rafah est interdit au passage des marchandises. Ne sont autorisés que les personnes et le matériel médical. Cette interdiction stupide et illégale, car l’Egypte n’a aucun droit pour pratiquer cette ségrégation, a eu pour conséquence la création des fameux tunnels, car le peuple gazaoui a le droit de vivre.
Sous Moubarak, Rafah ne laissait passer les personnes que par exception. Le régime s’était assoupli depuis la Révolution égyptienne. Il restait très restrictif pour les sorties de Palestiniens, mais de nombreuses personnes et délégations ont pu se rendre à Gaza, où ils étaient magnifiquement accueillies.
C’est donc le retour à la période Moubarak, mais il faut garder à l’esprit que la contrainte essentielle est le blocus imposé par Israël. L’Egypte de Morsi ne s’était pas risqué à accepter le passage du matériel par Rafah, préférant l’hypocrisie de l’économie des tunnels. Il n’en reste pas moins que c’est une nouvelle période d’isolement renforcé, alors que le blocus pèse tant déjà sur la population.
Evoquer Gaza, pour dire que les habitants sont victimes des agissements illégaux de la puissance occupante, c’est s’attirer un procès en en partialité et en obscurantisme. Aussi, je vous livre-ci-dessous un récit objectif, celui du Coordonnateur humanitaire des Nations Unies pour les territoires palestiniens occupés, James W. Rawley, publié sur le site de l’ONU ce mois de juillet.
Chacun pourra ainsi mesurer les désastres que cause la politique illégale de la puissance occupante, au vu et au su de tout le monde.
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James W. Rawley a exhorté mercredi le Gouvernement israélien à lever les restrictions à la libre circulation des personnes et des biens dans la bande de Gaza. Il venait de rencontrer des agriculteurs et des pêcheurs palestiniens dont les moyens de subsistance ont été ruinés par le blocus israélien.
« L'impact des restrictions imposées par Israël, dont certaines ont été mises en place depuis plus d'une décennie, a considérablement réduit les moyens de subsistance des familles de Gaza, comme celles des agriculteurs et pêcheurs que nous avons rencontrés aujourd'hui », a déclaré M. Rawley, dans un communiqué de presse.
« Ces restrictions, qui touchent particulièrement les plus pauvres, entravent le développement d'une économie durable et aggravent la dépendance à l'aide », a-t-il ajouté.
Sa visite à Gaza intervient alors que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a publié un rapport qui souligne que les restrictions à la circulation des personnes et des marchandises en provenance et à l'intérieur de la bande de Gaza participent à la détérioration des conditions de vie des 1,7 millions de personnes vivant dans cette région de Palestine.
« Un nombre considérable des restrictions actuelles, imposées au début des années 1990, ont été renforcées en juin 2007, après la prise de pouvoir du Hamas à Gaza et l'imposition d'un blocus par Israël », a rappelé M. Rawley.
Selon des évaluations récentes de l'OCHA, 57% des habitants de Gaza n'ont pas les moyens de s'acheter de la nourriture, 80% des familles dépendant d'une forme d'aide internationale.
« L'économie est tributaire des dépenses publiques, de l'aide internationale et du commerce informel qui transite par les tunnels entre Gaza et l'Égypte, pour lequel des milliers de travailleurs, dont certains sont des enfants, risquent chaque jour leur vie», a affirmé l'OCHA.
En outre, le maintien de l'interdiction de l'acheminement de produits et marchandises de Gaza vers les marchés de Cisjordanie et d'Israël a sapé le caractère durable de la croissance économique. Moins d'un camion de marchandises par jour en moyenne est parvenu à sortir de Gaza durant la première moitié de 2013, à comparer aux 38 camions début 2007, avant l'imposition du blocus.
Tout en soulignant la légitimité des préoccupations d'Israël en matière de sécurité, le Coordonnateur humanitaire a rappelé que l'imposition de restrictions à la libre circulation des personnes et des biens devait être conforme au droit international. « Les réponses doivent être proportionnées aux menaces et ne pas revêtir un caractère punitif ».
« Les Palestiniens de Gaza ont les capacités pour édifier une économie sur des bases durables » a affirmé M. Rawley, à condition de lever complètement les restrictions qui les empêchent de le faire.
La porte de Rafah, fermée par abus de pouvoir