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Avec Amnesty, un bon petit délire anti-indien…

Actualités du droit - Gilles Devers, 29/08/2015

  Toute la western press était hier au diapason : horreur en...

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Toute la western press était hier au diapason : horreur en Inde, la vie de deux jeunes femmes dépend de votre ardeur à pétitionner. Une campagne d’Amnesty aussi débile que BHL s’excitant contre les lapidations qui n’existent pas en Iran... L’Inde serait un pays de sauvages ? J’adore en particulier ce titre de Slate : « En Inde, deux jeunes filles ont été condamnées à être violées ». Si avec ça tu ne fais pas de l’audience, c’est à désespérer.

Ce qui s'est passé

Les faits ont une part de vérité. Deux jeunes femmes de 15 et 23 ans ont été condamnées par le conseil de leur village pour être violées et laissées nues en spectacle, le visage couvert de peinture noire, ce pour la faute commise par leur frère qui a noué une relation avec femme mariée d'une caste supérieure, celle des Jat. Les amoureux ont pris la tangente et ce sont les sœurs qui dérouillent. La sentence a été rendue par un conseil de village constitué de Jats, et Amnesty ajoute : «La décision des Jats est sans appel». Les deux jeunes femmes et leur familles ont pri le large, et nous sommes donc tous appelés à pétitionner furieusement. L’excellent Le Figaro conclut avec cette interrogation poignante : « L'indignation internationale suffira-t-elle à éviter l'application de ce jugement ? ».

« Jugement » ? Tu en es sûr, espèce de Figaro ? Le Figaro n’a bien sûr rien vérifié, car Amnesty c’est parole d’évangile. D’ailleurs, on retrouve ce communiqué de partout. Copié-collé : du travail de pro.

Le communiqué indique que ces conseils de village indien seraient « non-officiels », mais d’après Amnesty, les sentences sont quand même exécutées. Amnesty conclut : «Il faut agir maintenant pour demander que ce jugement révoltant ne soit pas appliqué». Genre la vie et la dignité de ces jeunes femmes sera sauvée par Amnesty si vous pétitionnez.

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 Amnesty ne fiche de nous,… et surtout de la justice indienne

L’Inde, c’est 1,2 milliard de personnes et plus de 2000 groupes ethniques, de toutes les religions et de toutes les cultures, alors autant dire que si ça progresse, c’est en partant de l’existant, et en gardant les liens qui font l’histoire d’un peuple. Bref, il y a des archaïsmes en Inde – ce n’est pas le seul pays… – mais rêver d’une Inde qui ressemble aux jardins de Le Nôtre au Château de Versailles,… c’est du taf de branleur de bureau.   

Donc, il reste en Inde des territoires où le jeu des castes est dominateur, et il reste des conseils de village qui font un peu de politique locale. C’est comme ça. Mais ces conseils de village ne peuvent rendre de « jugements », pour une seule et bonne raison : ils ne sont pas établis par la loi. Pas besoin d’argumenter davantage : l’Inde est un État de droit, et seuls les tribunaux instaurés par la loi peuvent rendre des jugements.

- Comment en France ?

- Ben oui, bien sûr. C’est quoi ta question ?

Alors quand Amnesty nous parle de « jugement », on est déjà dans la manip’. Des mecs décident d’actes de torture et de barbarie : c’est du non-droit, la loi de la mafia. C’est universel et il n’y a pas de quoi pétitionner… ce d'autant plus que les tribunaux indiens sont clairs : soit ces conseils de village se calment, et on passe à autre chose, soit ils mettent à exécution leurs décisions, et alors chaque membre du conseil est poursuivi au pénal.

Dans une précédente affaire jugée le 19 septembre 2014, la Cour de Bolpur a condamné les 13 membres d’un conseil de village qui avait décidé - et non pas « jugé » – de faire violer une jeune femme. Ils ont été condamnés pour séquestration arbitraire et viol en réunion, à des peines de 20 ans d’emprisonnement.

Autant dire que les émouvantes indignations d’Amnesty et de notre presse sont complètement à côté de la plaque. Les jeunes femmes et leurs familles n’ont pas besoin de cette pétition larmoyante, mais d’un peu d’argent pour rémunérer les avocats qui vont déposer plainte contre ces mafieux, lesquels seront arrêtés et jugés conformément à la loi.

Dans un État de droit, les ONG ont toujours des choses à dire, mais elles doivent bien réfléchir avant de donner des leçons. Tous les contacts que j’ai pu avoir avec les avocats indiens m’ont convaincu de leur grand professionnalisme. Evidemment, on leur fait toute confiance.

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Les membres d'un conseil de village faisant moins les malins

(On se demande pourquoi)


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