Pub pour GDF, l’entreprise qui se fout de ses clients
Actualités du droit - Gilles Devers, 23/02/2013
Petite expérience de la très j’m’en-foutiste GDF. Deux jours de panne de gaz au bureau, et comme il fait – 2° dehors, on a les stalactites qui nous pendent au nez. Face à cela ? Aucune explication, et impossible de savoir quand le gaz sera rétabli. Soyons modernes...
Précision d’abord : le cabinet n’est pas situé dans la steppe sibérienne ou le grand Nord du Lapon, mais dans une ville qui compte plus de 2000 ans d’histoire, et au cœur de tout, soit place de la mairie, qu’on appelle la Place des Terreaux.
Notre excellent (et sympathique) Maire a expliqué que nous étions une métropole européenne. Aussi, ce jeudi matin, j’étais fier comme un coq métropolitain européen en me rendant au bureau.
En ouvrant la boîte aux lettres, j’ai pris un coup de blues, car j’ai trouvé la note de gaz des deux derniers mois : 1.900 € ! Ce pour les 250 m² du bureau et au bénéfice d’un réajustement des tarifs. Réajustons mes frères, réajustons, il en restera toujours quelque chose…
En ouvrant la porte, j’ai pris un second coup de blues, car j’ai trouvé l’assistante du bureau, qui se lève aux aurores bressanes, fidèle à son poste,… mais portant le manteau et un écharpe.
- Que passa, Ma Dalton ?
- Je me caille, la chaudière est en panne.
Je fonce donc vers icelle chaudière,… qui était aussi calme que DSK après une partouze. Aucun signe de vie. Notre admirable chaudière AUER de 1972, pur produit du Massif-Central de France, cette fidèle amie qui est la condition de notre travail six mois de l’année, ne donnait plus signe de vie ! J’ai essayé de lui parler dans le creux de l’oreille, de lui dire que l’emmènerai ce printemps pour un séjour en Crète, que je ne voterai plus jamais pour cette bulle de Hollande, que je ne dirais plus jamais de mal d’Obama… Rien n’y a fait.
Ma Dalton, aussi bouleversée que moi, s’est résolue à appeler le SAMU des chaudières pour tenter d’expliquer qu’il y avait peut-être une chance d’éviter les soins palliatifs. Et là, la plus douce des nouvelles : notre glorieuse AUER de 1972 n’était pas atteinte, c’est le gaz qui manquait du fait d'une panne sur tout le quartier ! Madame du SAMU des chaudières a juste eu le temps d’expliquer à Ma Dalton qu’elle n’en pouvait plus, car elle venait d’expliquer la même chose à deux mille personnes depuis le petit matin.
Parce que GDF n’a rien dit à ses clients.
Le travail s’est donc organisé selon des règles innovantes : tout le monde garde le manteau, une séance de gym collective toutes les heures, et au titre de l’obligation de sécurité de résultat de l’employeur en matière de santé, j’ai équipé notre équipe d’un cache-nez, d’un bonnet et de moufles.
Ma Dalton a appelé le « numéro d’urgence » de GDF, mais il y avait pour Lyon un disque expliquant que les équipes étaient à pied d’œuvre suite à un incident. Et rien ne s’est passé de la journée.
Le vendredi matin, on a appris que les agents de GDF devaient passer dans chacun des 2000 logements touchés.
Ma Dalton a rappelé le « numéro d’urgence », où elle a retrouvé le disque, puis une personne « du 78 » expliquant que les agents GDF allaient passer et que d’ailleurs il y avait un avis de passage dans la boite, donc qu’on la dérangeait pour rien.
Ma Dalton, un peu surprise que M. 1.900 € n’ait pas eu le temps de nous téléphoner pour donner un rendez-vous, est allée vérifier dans la boîte, et il n’y avait pas d’avis de passage.
Elle a rappelé le « numéro d’urgence », et on lui a expliqué que s’il n’y avait pas d’avis de passage, c’est que les agents GDF allaient passer sans avis de passage. Ah, ah, ah…
Comme le capitaine doit rester le dernier à bord, j'ai congédié l'équipage, et j’ai attendu. Et j’ai attendu. Et j’ai attendu. Et j’ai attendu. Et j’ai attendu…
Ce vendredi vers 20 heures, j’ai appelé le « numéro d’urgence », et une douce voix m’a expliqué :
- Calme toi, papy, les agents vont passer avant 23 h, on est une grande société et on respecte les clients.
Je me suis éclipsé 10 minutes pour passer au Prisu récupérer un excellent Rioja 2008, aux vertus calorifiques reconnues, et j’ai rejoint mon frigo géant.
Personne. A 22 H 55 j’ai rappelé le « numéro d’urgence », et une douce voix m’a répondu :
- Aucun de nos 55 agents n’a pas pu passer ce soir.
- Certes, je m’en étais aperçu, mais en allant acheter mon excellent Rioja 2008, j’ai traversé tout le quartier, et j’ai vu en tout et pour tout deux camionnettes GDF.
- …
- Je pense donc que M. GDF se fiche du monde.
- Non pas du tout, on ne pense qu'à vous et vos stalagtites. Demain, vous avez sûrement un avis de passage.
- Rien du tout. Alors, on fait comment pour demain ? J’attends aussi de 8 h à 23 h, avec mon duvet ?
- Non, non, vous aurez le matin un avis de passage.
- Et si personne ne passe demain ?
- Vous aurez un avis de passage dimanche.
Demain matin, ce sera donc rebelote : bonnet, manteau et gym,… mais comme je serai seul, j’aurai vraiment l’air d’un con.
Alors combien de temps pour avoir du gaz place de la mairie dans la métropole européenne de Lyon ?
En attendant, une chose est sûre, M. GDF, ta facture de réajustement de 1.900 €, tu peux te la coller dans le train.
M. GDF s'organise pour le recouvrement de ses factures