Manuel Valls, il n'y a pas que les Roms !

Bien sûr que le ministre de l'Intérieur a raison en faisant preuve de réalisme au sujet des Roms !

Evidemment que ses doutes sur leur capacité globale d'intégration sont fondés.

Les camps interdits et créateurs d'un environnement qui donne prétexte au racisme quotidien pour s'extérioriser doivent être démantelés et les Roms dont la présence en France n'est justifiée par aucun ancrage doivent repartir en Bulgarie et en Roumanie.

Qui, à part des tordus de l'humanisme abstrait et donneurs de leçons à proportion même de leur éloignement des problèmes, peut contester la lucidité certes basique mais irréfutable de cette démarche ministérielle ?

Manuel Valls ne se souciera pas des professionnels de la dénonciation, de la critique du brillant Arnaud Montebourg et des réserves du limité Harlem Désir. Cécile Duflot qui lui reproche d'être allé au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain ne l'affectera pas. Il laissera la Commissaire européenne Viviane Reding continuer à prêcher pour une liberté dont la France subirait les conséquences fâcheuses. Il ne se formalisera pas pour une fois d'être moqué (Le Monde et Plantu) parce qu'il serait dans ce domaine la copie conforme de Sarkozy. A partir du moment où on considère que le réel est le seul gouvernail et le pragmatisme honorable une ligne de conduite acceptable, nulle honte à ce que des attitudes politiques et des stratégies de fermeté se ressemblent. Pour un ministre de l'Intérieur de gauche ou de droite, il n'y a pas mille options mais une seule : celle qui marche ou du moins la seule qui soit susceptible de réussir.

Ce qui m'importe n'est pas tant que Manuel Valls soit défendu par solidarité par le président de la République, la majorité du gouvernement et de nombreux députés socialistes. Le terme d'humanisme jeté dans le débat fait toujours de l'effet et rassemble.

En revanche, ce qui donne à la cause du ministre de l'Intérieur et à ses solutions une fiabilité et une légitimité sans pareilles résulte du soutien d'un André Gerin, élu communiste qui n'a cessé depuis des années d'être infiniment clairvoyant et actif pour ces conflits de voisinage auxquels s'affrontent les maires qui ne peuvent pas tout, loin de là (Le Figaro). Au-delà de cette approbation, plus généralement tous ceux qui ont affaire avec les Roms et les embarras de toutes sortes que certains d'entre eux ne cessent de causer, contre les Antigone de pacotille, ne peuvent qu'être aux côtés de Manuel Valls. Le concours et l'adhésion de multiples Créon responsables n'est pas mince.

Le ministre de l'Intérieur qui tient à l'égard des Roms une position obstinément courageuse malheureusement n'a pas su être sur la même ligne quand à juste titre il s'est immiscé dans le champ de compétence commun à Christiane Taubira et à lui-même.

Non seulement il n'y a pas que les Roms - il a annoncé un plan de lutte contre les cambriolages et les vols à main armée, qui va dans le bon sens - mais il serait fondamental que pour la sécurité et la Justice, Manuel Valls fasse preuve, même si cela le conduit à des antagonismes graves, du même acharnement, de la même constance et d'une identique absence de démagogie.

Il n'est pas encore prêt à accepter toutes les conséquences d'une situation où beaucoup espèrent de son réalisme et et de son socialisme de terrain et d'écoute quand ils ont des sueurs froides à l'idée que même après les municipales, la peine de probation et autres fantasmes "taubiresques" pourraient être mis en oeuvre.

Je continue à former ce rêve insensé - le président semblant insensible aux influences, même les plus positives, sur ce plan ! - d'un couple qui réunirait Manuel Valls et André Vallini. Cela aurait de l'allure.

Tant que cela ne sera pas accompli, Manuel Valls devra être exemplaire et compétent pour deux.