Copyright Madness de la semaine : Coca-Cola, Mme Figaro, une marmotte, Japon, Marx Brothers
:: S.I.Lex :: - calimaq, 30/06/2012
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La propriété intellectuelle en délire : semaine du 25 au 30 juin
Cette semaine, c’est surtout le Trademark Madness qui a été à l’honneur, avec plusieurs très beaux cas d’usage névrotique du droit des marques…
Coca-Cola revendique un droit sur ses… ordures ! Superbe exemple des dérives possibles du droit des marques. Sodastream, un concurrent de Coca-Cola, a lancé une campagne pour alerter sur le problèmes des déchets de bouteilles en plastique. De grandes “cages” remplies de bouteilles de soda ont été installées dans 20 endroits dans le monde, qui représentent le volume effarant de déchets produits par une famille moyenne en 5 ans, lié à leur consommation de sodas. Efficace pour frapper les consciences, mais pas au goût de la Coca-Cola Compagny. La firme (qui pèse 100 fois plus lourd financièrement que Sodastream) a considéré que cette campagne portait atteinte à sa marque, dans la mesure où ses bouteilles en plastique étaient utilisées pour remplir ces cages !
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New Cola War? Sodastream Refuses To Comply With Coca-Cola Cease-And-Desist Letter – Forbes“It will take a lot more than a letter from a lawyer to shut me up,” says Sodastream CEO Daniel Birnbaum. Sodastream (NASDAQ:SODA), the I…
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Car en effet, la fameuse forme de la bouteille de Coca a été déposée en tant que telle comme marque tridimensionnelle et est protégée à ce titre par la propriété industrielle :
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Court allows registration of Coca-Cola bottle as three-dimensional trademark – International Law OfficeILO delivers global analysis to lawyers worldwide via email on a free subscription basis. It provides legal developments from around the …
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Ulcéré par tant de mauvaise foi juridique, le PDG de Sodastream fait remarquer à juste titre que Coca-Cola devrait aller jusqu’au bout de son raisonnement :
“If they claim to have rights to their garbage, then they should truly own their garbage, and clean it up [...] We find it incredulous that Coke is now re-claiming ownership of the billions of bottles and cans that litter the planet with their trademarks. In that case, they should be sued in the World Court for all of the damage their garbage is causing.”Ce qui est intéressant avec Coca-Cola, c’est que la fameuse recette de la boisson n’est pas et n’a jamais pu être en elle-même protégée par la propriété intellectuelle, ce qui a permis à de nombreux “Coca-clones” de proliférer : -
Le Guichet du Savoir – Consulter le sujet – Coca-cola, nutella et autresLe Guichet du Savoir est un service gratuit de Questions-Réponses de la Bibliothèque municipale de Lyon. Réponse garantie en 72h max. N’h…
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Par contre, Coca-Cola fait un usage très agressif des autres titres de propriété intellectuelle dont il peut bénéficier, à commencer par le droit des marques.
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About Intellectual Property Law – Toronto Intellectual Property LawyerLEGAL NOTICE: The presentation of information on this website is not individualized legal advice and should not be relied on as such. Art…
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Ceci étant dit, à l’image de la Free Beer, il existe un Open Cola sous licence GNU, allégé en propriété intellectuelle et risques de procès ;-) !
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OpenCola (drink) – Wikipedia, the free encyclopediaOpenCola is a brand of cola unique in that the instructions for making it are freely available and modifiable. Anybody can make the drink…
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Vous êtes priée de changer de nom. Le journal Le Figaro demande à une institutrice de rebaptiser son blog, au mtif qu’il porterait atteinte à la marque “Madame Figaro” dont bénéficie le groupe. En effet, cette dangeureuse cyberactiviste a pour tort de s’appeler Mme Figaro et de s’être mis en tête d’appeler son blog, où elle chronique son activité d’enseignante : “Le blog de Mme Figaro”, en référence à la manière dont ses élèves l’appellent.
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Mme Figaro donne son nom à son blog, Madame Figaro menace – Rue89Mme Figaro est une institutrice un peu geek qui met en ligne des idées d’activités, des posters pour apprendre à lire et des chansons pou…
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Comme le note Guillaume Champeau et comme le confirme l’INPI, la demande est sans fondement juridique, dans la mesure où l’article 713-6 du CPI prévoit que “L’enregistrement d’une marque ne fait pas obstacle à l’utilisation du même signe ou d’un signe similaire (…) lorsque cette utilisation est le fait d’un tiers de bonne foi employant son nom
patronymique”. -
Le Figaro exige que Mme Figaro n’utilise plus son vrai nom sur son blogLe groupe Figaro, éditeur du journal du même nom et du magazine “Madame Figaro”, a obtenu sous la pression de menaces judiciaires totalem…
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Cela n’a néanmoins pas empêché les juristes du Figaro d’intimider l’institutrice, en la menaçant des foudres de la contrefaçon de marque : 3 ans de prison et 300 000 euros d’amende tout de même, ce qui a bien failli conduire Mme Figaro à obtempérer. Mais c’était sans compter le fameux effet Streisand et devant la masse des commentaires laissés sur sa page Facebook, le Figaro est finalement revenu en arrière.Happy end, cette fois, mais comme le fait remarquer ci-dessous Jastrow75, d’autres ont eu moins de chance par le passé que Mme Figaro :
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En effet, en 2005, une couturière dénommée Milka Budimir avait été sommée par la firme Kraft Foods, détentrice de la marque sur le célèbre chocolat, de modifier le nom de domaine de son site, où elle mettait en avant son vrai nom. Le pire, c’est que les juges avaient alors donné raison à Kraft Foods, en considérant que “l’utilisation du nom Milka existait bien avant la naissance de Mme Budimir“.
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Milka.fr, la justice tranche pour le chocolatKraft Foods va récupérer le site créé avec le prénom d’une couturière de la Drôme. Milka Budimir a un mois pour s’exécuter. Les vaches ma…
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Une affaire ubuesque qui avait donné lieu à une superbe analyse par Maître Eolas :
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“Pas de droit, pas de chocolat !”, ou : l’affaire Milka.fr – Journal d’un avocatEn février 2002, Milka B. a réservé à son nom le nom de domaine Milka.fr, qui donnait sur une page web faisant état des deux boutiques où…
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Et la marmotte, elle dépose le chocolat dans le papier, mais est-elle elle-même déposée ?
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Tora ! Tora ! Tora (plus le droit de télécharger et de faire des copies privées). Alors qu’il punissait déjà l’upload de fichiers par 10 ans de prison, le Japon vient encore de durcir les peines associées à la contrefaçon en ligne, en transformant en transformant en infraction pénale le fait de télécharger de la musique ou des vidéos protégées. La peine maximale associée est de deux ans de prison et plus de 20 000 euros d’amende. Le délirant, c’est que les mêmes sanctions ont été étendues à la copie privée de DVD ou de Blue-Ray. Et certains juristes nippons estiment que la loi serait suffisamment imprécise pour s’appliquer également à la simple consultation de vidéo en streaming.
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Téléchargement : le Japon sort le sabre- EcransLe 1er octobre, les internautes japonais entreront dans un flou juridique certain, déjà pointé par les commentateurs après l’adoption, la…
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Découverte également par Guillaume Champeau d’un CopyrightMadness patrimonial, qui opposa en 1946 Groucho Marx à la Warner Bros à propos du Film A Night in Casablanca :
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Warner aurait en effet cherché des noises aux Marx Brothers, en leur reprochant d’avoir donné à leur film un nom trop proche du fameux Casablanca avec Humphrey Bogart. Groucho Marx a réagi par une lettre mordante d’humour, dans laquelle il retourne l’accusation, en reprochant à la Warner d’utiliser tout comme le groupe comique le terme Brothers dans son nom !
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Document sans nomAlors que les trois frères décident en 1946 de faire un nouveau film qui deviendra A Night In Casablaca, les Frères Warner, qui avaient p…
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Mais l’article de wikipédia consacré au film nous apprend en réalité que tout ceci constituait en fait un… ©anular ! Monté par Groucho Marx pour créer le buzz autour de la sortie du film…
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A Night in Casablanca – Wikipedia, the free encyclopediaA Night in Casablanca (1946) was the twelfth Marx Brothers movie, starring Groucho Marx, Chico Marx, and Harpo Marx. The picture was dire…
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Pour finir en douceur cette éprouvante semaine, une petite touche oulipienne : sachez que le plus long mot que l’on puisse écrire en anglais sans répéter une lettre est… “uncopyrightable” (qui ne peut être protégé par le droit d’auteur).
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Sans doute rassurant d’un certain point de vue, mais… lequel ! Devant ces déchaînements de fureur juridique, on finit par se demander si les juristes ont bien conscience du mal qu’ils font autour d’eux et @Tredok nous propose une hypothèse originale sur l’origine du CopyrightMadness !
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