L’Arabie Saoudite, ses œuvres et la complaisance
Actualités du droit - Gilles Devers, 22/01/2013
La mansuétude dont bénéficie l’Arabie Saoudite dans l’opinion ne cesse de me surprendre… Je sais qu'elle s’explique par les services qu’assure le Royaume aux grandes puissances, mais quand même... ça reste le pays de pays de l’horreur et de l’arriération, en toute impunité.
Je lis par exemple que Montebourpif, les patrons d'EDF et d'Areva, et le président du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) sont en visite en Arabie saoudite dans l'optique de vendre les réacteurs français, l’excellent Royaume prévoyant de construire une capacité nucléaire de 17 gigawatts d'ici à 2032. Pourquoi, pas l’argent n’a pas d’odeur, comme l’avait si bien dit notre ami l’Empereur Vespasien.
Au risque de casser l'ambiance, voici quelques réalités de ces derniers temps qui semblent avoir échappé à nos dignes représentants de la force nucléaire civile.
L’excellent site Oumma rapporte cette info relaté par Al Arabiya. Une jeune fille saoudienne de 15 ans contrainte par sa famille d’épouser un homme de 90 ans, et refusant cette abomination, s’est enfermée dans la maison de ses parents. C’est le vieux saldingue de 90 ans, se disant victime d’un complot ourdi par sa jeune épouse et la mère de celle-ci, qui a saisi la justice, en se fondant sur des lois très progressistes...
Quelques jours plutôt, c’était la peine de mort par décapitation au sabre d’un Pakistanais, pour trafic de drogue, condamnation annoncée… par le ministère de l'Intérieur. Nous en sommes déjà à quatre exécutions depuis le début de l'année.
Parmi les trois précédentes, une horreur absolue, à savoir l’exécution de Rizana Nafeek, travailleuse migrante sri-lankaise, âgée de 17 ans au moment des faits, au motif allégué de meurtre d’un enfant dont elle avait la garde. Les faits, contestés, datent de 2005, et les circonstances de l’affaire sont loin d’être établies, d’autant plus que les droits de la défense n’existent pas.
Rizana Nafeek travaillait au service d’une famille saoudienne depuis deux semaines lorsque le bébé dont elle avait la garde, âgé de 4 mois, a été trouvé mort. Rizana Nafeek a d’abord reconnu un geste criminel, avant de contester ces aveux extorqués, alors qu’en fait le bébé était mort accidentellement en s'étouffant pendant qu'il prenait son biberon. Autopsie ? Expertise ? Droits de la défense ? Pas besoin de ces futilités… Elle a été condamnée à mort, car la famille refusait l’alternative, à savoir la compensation financière.
L’astuce de la « justice » saoudienne a été de trouver un passeport donnant à Rizana Naffek l’âge de 23 ans au moment des faits. Un balourd gros comme çà, alors qu'était produit l’acte de naissance, confirmant les 17 ans au moment des faits, et que la Haute Cour de Colombo, au Sri Lanka, a condamné deux agents recruteurs à deux ans de prison pour avoir falsifié le passeport de Rizana Nafeek.
Peu importe. En 2010, la Cour suprême d'Arabie Saoudite a confirmé le verdict. Le président sri-lankais, Mahinda Rajapaksa, a lancé un appel à la clémence au roi Abdallah le 6 janvier 2013, mais l’ordre d’exécution a été signé. Après cinq ans passés dans le couloir de la mort, Rizana Nafeek a été décapitée en public à l'aide d'un sabre le 9 Janvier 2013.
Je souhaite donc une excellente visite à Montebourpif, aux patrons d'EDF, d'Areva et du (CEA) et quand ils salueront le roi et le ministre de l’Intérieur, compétent pour la justice, qu’ils n’oublient tout le bastringue sur les droits des femmes et autres fariboles.
Une exécution capitale en Arabie Saoudite