LR contre LR et Marion Maréchal : du masochisme !

Il y a un capital qui pourrait être mis à la disposition d'une famille mais au sein de celle-ci une part interdit radicalement à l'autre non seulement de se l'approprier mais même de s'en approcher alors que tous ses membres portant en auraient besoin.

Cet embryon de fable résume bien le ridicule des liens entre Marion Maréchal, la droite qu'elle représente, LR et ses dissidents.

Les échanges entre des élus LR et Marion Maréchal ont suscité une réaction immédiatement négative des LR officiels par la bouche de leur porte-parole Laurence Saillet qui a signifié "qu'il n'y avait aucune différence entre Marine Le Pen et Marion Maréchal - c'est le FN" et que c'était un "jeu dangereux" de la part de cette dernière.

Je ne comprends rien à cette volonté masochiste de se faire perdre.

Longtemps la droite classique a semblé tétanisée à l'idée d'évoquer une union des droites car la gauche, arbitre des élégances démocratiques, lui avait donné une mauvaise conscience anticipée si jamais elle avait voulu tenter ce que François Mitterrand avait magistralement réussi à gauche.

On pouvait à la rigueur s'expliquer cette abstention quand il s'agissait de Jean-Marie Le Pen puis de Marine Le Pen, l'un et l'autre rétifs à toute alliance et choisissant à tout coup la fatalité de la défaite.

Il y a une forme d'absurdité de s'en tenir à un fixisme absolu au sujet du FN puis du RN.

Quand Marine Le Pen a pris le parti de s'éloigner de son père en marquant une nette coupure intellectuelle et idéologique avec lui - aucune nostalgie du nazisme, détestation du racisme et de l'antisémitisme -, on s'est gaussé en affirmant que la fille était le père et que rien n'avait changé.

Lorsque Marion Maréchal, dont la démarche n'est pas, je l'admets, des plus claires - elle fait pour l'instant de la politique masquée - affirme une ligne subtilement distincte de celle de sa tante, caractérisée par une vraie pensée conservatrice et un authentique désir de rassemblement des droites puisque pas plus le RN que LR ne pourront dorénavant l'emporter seuls, on affirme que la nièce est de toutes façons comme la tante et que ce sera toujours le FN.

Comme si on avait besoin, contre toute évidence, du fantasme d'un RN rigide, immobile et infréquentable pour que LR garde je ne sais quel parfum d'autarcie héroïque et sans espoir. Comme si LR éprouvait le désir d'un RN immuable pour justifier sa propre inaptitude à bouger !

Pourtant les métamorphoses tenant au fond et aux personnes crèvent l'esprit et les yeux et ce n'est pas excuser les facettes sombres du RN que d'accepter l'idée que sous une autre égide et avec des idées ne relevant plus d'un gauchisme désordonné, ce parti pourrait se retrouver dans une même structure que le parti des Républicains.

Le secrétaire national Sébastien Pilard et et le sénateur Sébastien Meurant, participants à ce dîner avec Marion, dont notre pauvreté démocratique et nos ostracismes de convention font un scandale, estiment non seulement qu'elle a "sa place dans la recomposition de la droite" mais soulignent, pour le premier, qu'il se sent plus proche de Marion Maréchal que d'Emmanuel Macron.

Surtout il met l'accent sur cette évidence: "Lorsqu'on regarde ses interventions sur l'économie, l'Europe, l'identité, la famille ou sur la réforme de l'Etat, on constate qu'elle défend une ligne très proche de certaines personnes de notre famille politique comme Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau" (Le Figaro). Pour ne pas évoquer ce qui, depuis longtemps, a suscité une familiarité entre ces deux tendances de la droite - orthodoxe et extrême - : la sécurité et la Justice.

Est-il coupable de regretter ce gâchis qui prive LR de l'apport acceptable d'un RN réduit à ses fondamentaux et condamne ce dernier, en l'état, à demeurer stigmatisé comme une prétendue peste cependant inscrite dans l'espace démocratique et médiatiquement consacrée ?

De la même manière que la gauche a été trop longtemps un garde-chiourme illégitime de la droite, cette dernière pourra aisément se passer, si elle consent un retour au bon sens, de l'admonestation de Frédéric Lefebvre ciblant, pour se faire plaisir, "la descente aux enfers de LR... souterrain vers l'extrême droite en construction..."
En général j'apprécie celui-ci dont le parcours s'est autorisé quelques dérivations et qui s'est mué chez Agir en directeur de conscience sourcilleux . Comme sa collègue Agnès Firmin-Le Bodo qui elle considère que "la digue ne se fissure plus, elle est rompue".

Alors que non seulement elle n'est pas "rompue" mais elle tient absurdement, au point de susciter l'incompréhension de beaucoup de citoyens qui ne sont pas moins démocrates que les autres.

Laurence Saillet explique que les participants au dîner ne seront pas exclus. Encore heureux ! Il faudrait en plus insulter l'avenir !