Incroyable mais vrai, voici comme si vous y étiez, Fats Domino en concert, à Austin, en 1986. Une rareté, et le magnifique Fats Domino va donner tout ce qu’il a dans le cœur… Fats Domino, c’est un trait de lumière qui part du blues, dynamite tout avec le boogie, et ouvre la porte au rock’n roll. Ajoutez un tempérament de feu, une voix de velours, et un jeu de piano d’anthologie (Piquez-vous à 35 : 40 pour My Blue Haven… Inégalable).

Pour être sûrs de bien profiter du son et de l’ambiance, nous avions voté une motion avec l’immeuble voisin, le 76. Avec cinq étages pour chacun, ça faisait dix chaînes hifi au max, de quoi dégager sec, avec un soigneux réglage des basses. Toutes les fenêtres ouvertes sur la Saône, on a réussi un extraordinaire décollage à la verticale avec I’m Walking, Blueberry Hill, Blue Monday... Ce Fats Domino est un sorcier, et dix minutes plus tard, nous étions rejoints par le 80 et le 82, qui ont littéralement craqué.

C’était rock’n roll de tout côté, avec un son de folie. Les péniches se sont calées en travers de la Saône. La foule a rejoint les bateliers, et tout le monde dansait. La police a débarqué, mais Fats Domino venait de lancer Shake, Rattle and Roll, et quand la voiture sérigraphiée s’est arrêtée, commençait l’incroyable solo du saxo baryton (23 : 50). Une force qui dépasse tout, et la fliquette s’est aussitôt mise à danser avec le patron du kebab du coin. On ne savait plus si on était à Lyon ou au Piton de la Fournaise à La Réunion, un jour d’éruption : I’m Gonna be a Wheel Someday, Ain’t That a Shame… La foule accourait… Même l’Evêque est descendu de Fourvière ! Quand Fats Domino a commencé When the Saints Go Marching In, j’ai vu l’Evêque donner un coup de fil, et la Saône s’est soudain transformée en piste de danse. On était parti pour la nuit… 

http://www.youtube.com/watch?v=7iGEoWLLvPY