Actions sur le document

(Petite en vérité grande) satisfaction ! (560)

Planète Juridique - admin, 9/04/2014

Dans cette période délicate sinon difficile qu’il fait bon d'avoir quelques satisfactions. Je ne parle pas de l’écriture gouvernementale achevée aujourd’hui où malgré nos suggestions – conf. blog 559 – l’enfance n’est toujours pas consacrée comme projet de politique publique, la … Continuer la lecture

Lire l'article...

avocats006(1)Dans cette période délicate sinon difficile qu’il fait bon d'avoir quelques satisfactions.

Je ne parle pas de l’écriture gouvernementale achevée aujourd’hui où malgré nos suggestions – conf. blog 559 – l’enfance n’est toujours pas consacrée comme projet de politique publique, la jeunesse reste rattachée aux sports et la famille quand même prise en compte à travers un secrétariat d’Etat reliée aux personnes âgées – ce qui est loin d être idiot eu égard aux responsabilité que les familles exercent en faveur de leurs anciens.

Justement on aurait pu pousser l’analyse un peu plus loin en posant que les adultes qui ont charge de famille assument concomitamment les enfants et les personnes âgées. C’est donc bien la question de la "condition familiale" qui était posée,  mais qui demeure méconnue des politiques.

Passons sur cette occasion ratée. Nous n’avons pas été convainquants pour mettre en exergue comme il se devait le fait que l’enfance devait objet de politique publique explicite au plan national e t que devait être posée la question de la condition familiale. Nous attendrons donc la prochain remaniemeent.

Ma satisfaction , en vérité grande, vient de cet épisode que j’ai vécu ce matin même à la station Cité où je débarquais pour me rendre à l’Ecole nationale de la magistrature sise rue Chanoissesse  qui m' invitais pour la deuxième fois en quarante ans. J’étais déjà satisfait, à deux encablures de quitter la magistrature active, de ne plus être considéré comme personae non grata, mais j'étais pas au bout de mes satisfactions du jour.

Qu'on en juge. Après avoir longuement hésité j’avais opté pour le métro de préférence à la voiture pour me rendre au cœur de Paris convaincu au final de ne pas trouver  à me garer facilement. Choix difficile, mais choix qui s'avéra somme toute bien venu.

bd128Ordonques sur le quai du métro Cité, me dirigeant vers l’ascenseur je me fais épinglé  par un jeune homme d'évidence africain en tenue civile dois-je préciser:

-          «  Vous êtes M. Rosenczveig ? »

-          Oui

-          Le juge de Bobigny ?

-          Oui

-          Je suis policier !

-          Ah !

J’étais un brin étonné n’ayant pas grand chose à me reprocher.

L e jeune poursuivant son propos m’en convainc s’il l’avait fallu.

-          C’est grace à vous que j’ai eu ma nationalité française. Vous me reconnaissez ?

-          Euh oui, euh non finalement. Vous savez j'ai croisé 10 000 jeunes étrangers. Expliquez moi.

Dans  l’ascenseur il développe :

-          J’étais à la rue, sans papiers, sans avoir à manger. Personne ne voulait me croire et m’aider.  Je viens du Cameroun et suis seul en France. Vous m’avez fait héberger et c’est grâce à vous que je m’en suis sorti et que je suis policier en Seine Saint-Denis. J’ai fait les études, passé l’examen après avoir obtenu d’être français. Je vous en suis reconnaissant. Merci. Au revoir. Je vais à la Préfecture.

Aussi rapidement disparu que recroisé, pas expansif, mais chaleureux.

Prenant un café au coin de la rue Chanoinesse, je feuillette le Parisien du jour et je tombe sur un article en bas de page où l’on annonce la présentation de dernière promotion des Cadets de la République au nouveau ministère de l’Intérieur. Voilà où mon  "jeune" était pressé de se rendre;

Tout cela pour dire qu’on a quelque satisfaction comme juge des enfants.

C’est  passionnant d’avoir la preuve qu’en aidant ces jeunes étrangers isolés souvent présenté plus comme des fraudeurs,  sinon comme des délinquants potentiels, ce qu’ils ne sont pas, on rend service à la société. On évite déjà d’alimenter la machine  des clandestins,  parfois le rappelait Hocine M’Chirin ami éducateur au SEAT à qui, de retour au tribunal,  je racontais cette anecdote, on en fait des médecins, des chefs d’entrepris et donc …  des policiers. Finalement notre travail de juge et d’éducateur a du sens et de la portée. Tout le reste est subsidiaire.

« Pas belle la vie ? » comme dirait l’humoriste suisse.

 


Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...