1° mai : L’inspiration pétainiste de Sarko le loser
Actualités du droit - Gilles Devers, 23/04/2012
La fête du vrai travail, et un 1° mai pour unifier et pas diviser… Sarko qui réinvente le social ? Cette salade de loser m’a rappelé un discours célèbre de notre histoire. Le voici.
« Le 1° mai a été jusqu’ici un symbole de division et de haine. Il sera désormais un symbole d’union et d’amitié parce qu’il sera la fête du travail et des travailleurs.
« Le travail est le moyen le plus noble et le plus digne que nous ayons de devenir maîtres de notre sort. Un homme qui sait accomplir une tâche avec courage et expérience représente toujours une valeur pour ses semblables. La plus saine fierté que l’on puisse éprouver est de se sentir utile par un travail bien fait. Aucun privilège de rang ou de fortune ne donne à quelqu’un autant de confiance dans la vie et de bienveillance à l’égard d’autrui.
« Le travail répond à cette loi sévère de la nature que rien ne s’obtient sans effort. Cette loi du travail a été marquée par une formule de malédiction : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ». C’est donc à tort qu’on a faire luire à vos yeux le mirage d’une cité future où il n’y aurait plus de place que pour le plaisir et les loisirs. »
Alors, c’est du Sarko, çà ? Eh pas tout fait : c’est du Pétain.
Précisément le discours du 1° mai 1941 à Commentry. Pétain préparait la réécriture du droit social avec sa « charte du travail » qui fut publiée le 4 octobre 1941.
En voici la puissante philosophie.
« Dès lors, l’union de la nation ne sera plus une formule trop souvent trompeuse, mais une réalité bienfaisante. L’ordre social nouveau, tenant compte de la réalité économique et de la réalité humaine, permettra à tous de donner leur effort maximum dans la dignité, la sécurité et la justice. Patrons, techniciens et ouvriers, dans l’industrie comme dans l’artisanat, formeront des équipes étroitement unies qui joueront, pour la gagner ensemble, la même partie et la France, sur le plan du travail comme sur tous les autres, retrouvera l’équilibre et l’harmonie qui lui permettront de hâter l’heure de son relèvement ».
L’activité des syndicats nationaux avait été suspendue, et leur biens saisis. Alors, Pétain avait les mains libres pour recréer à sa façon une fête du travail et de l’unité du pays, le 1° mai devenant « la fête du travail et de la concorde sociale », avec la loi du 12 avril 1941. La concorde sociale remplaçait la lutte des classes !
Que nous dit ce loser de Sarko ? La même chose ! Fruit de la même ignorance des réalités sociales et de la même volonté d’abêtir la société pour mieux la contrôler.
Sarko ne doit pas mettre ses pattes sur le 1° mai, car c’est depuis la nuit des temps une conquête syndicale et populaire. C’est une réalité née de la lutte des syndicats US, qui ont enclenché le 1° mai 1884 un grand mouvement social pour conquérir la journée de 8 heures. La répression fut très violente. Trois syndicalistes furent tués, et cinq autres « jugés » et condamnés à mort par pendaison. Depuis, il a été démontré que le procès était bidon, et ils ont été réhabilités.
La II° Internationale socialiste a enchainé, fixant pour objectif de faire de chaque 1° mai une journée de manifestation pour la réduction des horaires de travail.
En France, le principe d’une journée chômée a été adopté en 1919, et Pétain a embarqué dans sa traitrise cette conquête ouvrière et lui a donné le nom de « Fête du travail et de la Concorde sociale ». La loi républicaine a abandonné cette ridicule « concorde sociale », mais n’a hélas pas su donner à la fête son vrai nom, celui de « Fête des travailleurs ».
Alors, ce briseur de société qu’est Sarko le loser ne doit pas toucher au 1° mai. Qu’il fasse ce jour-là sa kermesse frelatée de UMP, peu importe. Mais on ne peut accepter qu’il vienne usurper une histoire qui ne le regarde pas, dont il ne sait rien et qu’il méprise. Tout ce qui fait le plus quotidien des droits sociaux aujourd’hui est le résultat de la lutte des salariés, qui se sont imposés contre le pouvoir patronal et l’Etat. Souvent en misant tout pour la liberté et la dignité. Alors, respect.