Les Noces de Figaro, Harnoncourt, Salzbourg 2006
Actualités du droit - Gilles Devers, 16/09/2012
Vive notre époque ! Il y a à peine vingt ans, je pouvais juste lire les programmes du festival de Salzbourg, la terre des racines de Mozart, et tchao, avec la rage de ne pouvoir y aller, et la rage de voir ronronner ce temple du conservatisme. Aujourd’hui, je peux trouver sur Youtube l’une des plus bouleversantes versions des Noces, avec un Mozart honoré comme rarement, et la partager avec les amies et les amis.
Dès la première ligne, il y a tout pour être séduit : Les Noces de Figaro à Salzbourg, sous la direction d’Harnoncourt. Vite, allons-y, mais il faut un peu situer l’histoire de cette interprétation.
La musique de Mozart n’appartient à personne, et elle appartient à tous : le plus amateur des pianistes qui travaille les sonates joue du Mozart, en toute liberté.
Mais après, viennent les marchands du temple, avec en tête l’insupportable Karajan, incarnation du conservatisme puant, et Harnoncourt a été de ceux qui ont tout fait pour combattre ces pesanteurs, par un travail rigoureux sur la partition, les instruments et le chant. En 2006, la version d’Harnoncourt a été une petite révolution. Encore, il dirigeait l’orchestre philarmonique de Vienne, programmé mozartien de référence. Mais, en 2012, et après tant d’épisodes, tant de crises, tant de perspectives dessinées, Harnoncourt était à Salzbourg, à la tête du Concentus Musicus pour La Flûte Enchantée. Impossible d’enfermer Mozart. Merci.
Ces Noces sont à voir et à revoir, tout simplement car elles sont magnifiques. En dire plus ?
Une distribution exceptionnelle, avec comme un magnétisme dans le rôle de Susanna, Anna Netrebko (j’avoue craquer), qui en 2006 s’imposait comme soprano, et :
Figaro: Ildebrando D'Arcangelo
Graf Almaviva: Bo Skovhus
Gräfin Almavira: Dorothea Röschmann
Cherubino: Christine Schäfer
Marcellina: Marie McLaughlin
Bartolo: Franz-Josef Selig
Basilio: Patrick Henckens
Barbarina: Eva Liebau
Antonio: Florian Boesch
Don Curzio: Oliver Ringelhahn
Cherubim: Uli Kirsch.
Pour le reste, fruit de la direction de Nicolaus Harnoncourt et de la mise en scène de Claus Guth, le choix est celui d’une version plus lente, plus sobre que les références, et tout est relu, revisité, dépoussiéré. Tout renvoie vers la musique de Mozart. Les Noces changent et gagnent : plus graves et – je ne sais pas si je peux dire – plus authentiques, mais elles restent, je crois, une immense réussite. Un immense bonheur, indéfini, infini.