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Procession judiciaire sur les lieux de la tempête Xynthia

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 25/09/2014

On marche sur la digue, il y a du soleil et une brise légère. Les trois membres du tribunal avancent devant, séparés du reste du cortège par une poignée de gendarmes. La greffière et les deux procureurs suivent, les avocats … Continuer la lecture

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On marche sur la digue, il y a du soleil et une brise légère. Les trois membres du tribunal avancent devant, séparés du reste du cortège par une poignée de gendarmes. La greffière et les deux procureurs suivent, les avocats des prévenus tentent comme ils peuvent de protéger leurs clients des objectifs des photographes et des caméras. Derrière s’étire en un long ruban plus d’une centaine de parties civiles. Quelques membres de la protection civile ferment le ban. C’est une "audience" du tribunal de grande instance des Sables d’Olonne, qui s’est transporté sur les lieux du drame à la Faute-sur-Mer, au neuvième jour du  procès Xynthia, jeudi 25 septembre.

L’atmosphère est étrange, mi cérémonie du souvenir, mi cortège funéraire. A intervalles réguliers, on s’arrête devant les panneaux indiquant le nom de chacune des 29 victimes de la tempête qui, dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 février 2010, a submergé ces lotissements bâtis sur la langue de terre entre rivière et océan. « Mesdames Charneau, mère et fille, 81 et 60 ans », « Famille Bounaceur, 73 ans, 43 ans, 13 ans, 4 ans », « Monsieur Arnault, 74 ans », « Madame Colonna-Coutancin, 79 ans ». 

Des rubans rouge et blanc matérialisent l’emplacement des pavillons et des piquets de couleur différentes rappellent, pour chacun d’entre eux, la hauteur du plafond de l’habitation et celle atteinte par l’eau. On « voit » ce que les jours précédents, on a entendu dans le récit des parties civiles. Ces « vingt centimètres » qui ont manqué à ceux qui n’ont pas eu la force ou le temps de briser la trappe qui donnait accès à la charpente et à la survie.

Depuis, sur cette zone classée inconstructible, six cents maisons ont été détruites, dont il reste ça et là, des dunes de gravats.  On devine qu’elles ressemblaient à celles qui n’ont pas été touchées, quelques centaines de mètres plus loin, avec leurs rosiers grimpants et leurs noms de baptême dessinés en fer forgé sur la façade, Chouans-les-Pins, Rose des vents, Ki Lu Kru, la Planquette. Deux carcasses de voitures ont été abandonnées, ultimes témoins de la violence de la montée des eaux. Des pins et quelques rares arbres fruitiers dispensent une ombre devenue inutile.

A l’arrière du cortège, le nouveau maire de la commune de la Faute-sur-Mer, Patrick Jouin et deux de ses adjoints, Laurent Huger et Samuel Veillard, évoquent l’après Xynthia. Le projet d’un centre équestre, le tracé de futures pistes cyclables, un projet de golf, mais d’abord la nécessaire réconciliation d’une population déchirée entre ceux qui voudraient tourner la page dans une commune dont la principale richesse est le tourisme et ceux pour lesquels le temps s’est arrêté dans cette nuit de février 2010.

 

 


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