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François Hollande un an plus tard...

Justice au singulier - philippe.bilger, 7/05/2013

Je cherche toujours la honte qui devrait faire rougir nos fronts citoyens. Et je ne la trouve pas.

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Comment Valeurs actuelles peut-il écrire en couverture au sujet du président de la République : "Il nous fait honte" ?

On sait bien que c'est faux.

De 2007 à 2012, à plusieurs reprises on a vraiment ressenti de la honte à cause de certaines postures et interventions présidentielles. Ce ne pouvait pas être lui pour qui j'avais voté ?

Mais même l'esprit le plus partisan ne peut soutenir que le comportement personnel du chef de l'Etat, dans l'espace public et dans les réunions internationales, a humilié, offensé ses concitoyens. Ceux-ci ont été représentés par lui d'une manière qui au moins n'a pas prêté à controverse ou à dérision.

Pour sa politique, c'est autre chose.

Elle est discutable. Aucune embellie à l'horizon. Lors du séminaire gouvernemental, François Hollande "a exigé des résultats pour 2013". Des résultats, il en aura, mais lesquels ? A forte tonalité négative, je le crains.

On a évidemment le droit de déplorer cette France coupée en deux entre les commentaires et les discours de son président d'un côté et sa réalité de l'autre. Comme si les mots, les projets, les résolutions et les actes ne s'imprimaient pas ou que tout tardait à éclore. Le pays est trop sec, rien ne sort. Il y a de l'action mais pourtant le film demeure médiocre.

Tout ce qu'on veut alors, sauf la honte.

Opposition, contestation, volontarisme absent, social-démocratie trop modeste, dispositif économique et financier pas assez contraignant, on n'a pas tapé assez fort sur la table démocratique.

Mais pas de honte, non. Le président nous permet encore de le dissocier de ses oeuvres ou de ses abstentions.

Pas d'enthousiasme non plus. Pas cette déclaration ridicule d'un Pierre Bergé aussi violent pour défendre le mariage pour tous qu'il est peu lucide dans le domaine politique. Plutôt ce désabusement un tantinet attristé qui domine aujourd'hui dans les têtes des artistes de gauche. Il y a encore quatre ans certes mais l'année écoulée n'a pas été brillante. On attendait mieux du socialisme au pouvoir (Le Parisien).

Mais François Hollande ne nous fait pas honte. Pas si indécis que cela, pas faible non plus, déterminé mais pour emprunter des chemins encore trop de dérivation, n'allant pas profondément au vif du sujet, au coeur de la crise, là où la pauvreté fait mal, et la dislocation sociale, là où le FN engrange, là où Mélenchon, "qui n'a jamais appartenu à la majorité", tonitrue, pourfend et ajoute à la gauche en difficulté sa diatribe dévastatrice (Paris Match).

Comment écrire que François Hollande nous fait honte ? Il se trompe peut-être, il déçoit, il joue petit bras, petite politique, il se comporte en gouvernant raisonnable et trop serein face à un monde de moins en moins gouvernable par la raison. Il applique des remèdes modérés à une fièvre de cheval, il suit son bonhomme de chemin mais le présent ni l'avenir ne sont bonhommes.

Mais aucune honte. Ce n'est parce qu'il descend dans les sondages que je vais me mettre à confondre l'homme honorable avec la politique qui tente mais pour l'instant ne donne rien. Exiger des résultats ne suffit pas. Ce serait trop simple.

Allons jusqu'à la vulgarité de Jean-François Copé affirmant que le président n'est pas vraiment capable de diriger la France parce que lui feraient défaut la compétence et l'autorité.

Si cela amuse l'opposition de développer de telles absurdités, pourquoi pas ?

Mais je cherche toujours la honte qui devrait faire rougir nos fronts citoyens.

Et je ne la trouve pas.


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