Et après ?
Justice au Singulier - philippe.bilger, 17/11/2015
Grand discours du président de la République devant le Congrès réuni à Versailles. De haute volée intellectuelle et démocratique et de belle tenue de langage.
Et après ?
Je me souviens du mois de janvier où nous avions déjà entendu d'émouvantes et convaincantes allocutions. Le Premier ministre avait même été applaudi par tous les députés à l'Assemblée nationale et l'immense marche républicaine du dimanche avait laissé espérer un avenir sinon radieux, du moins plus serein.
Mais après ?
Au mois de janvier, on avait aimé et applaudi la police et l'élan patriotique avait paru intense, exaltant.
Cela avait duré si peu, quelques jours, et le verbe s'était fait lenteur, bureaucratie et la police avait baissé dans l'estime de la communauté nationale. La France ne la porte aux nues que lorsque les policiers risquent leur vie pour défendre leurs concitoyens face à des terroristes sans loi mais avec une foi délirante et meurtrière.
Le 13 novembre, l'horreur à nouveau, multiple, organisée, dévastatrice, parfaite pour le pire sauf aux abords du stade de France.
Les Français sont exemplaires depuis cette tragédie où ils pleurent leurs morts, expriment leur solidarité et sont prêts à croire à la victoire contre Daech. Contrairement à ce qu'a proclamé François Hollande, ce n'est pas l'ennemi le plus facile à vaincre pour notre République !
Et après ?
Au Grand Journal, Pascal Bruckner, toujours aussi intelligent et pénétrant, identifie la particularité de ces récents massacres. Ils n'étaient motivés par rien d'autre que la haine de la France, de sa jeunesse, de son art de vivre et de ces ignobles divertissements offensant l'islamisme fou.
En revanche, quand pour donner des motifs d'optimisme il a évoqué l'émergence ou le retour d'un patriotisme et le changement de perception sur l'armée, cela ne vous rappelle rien ?
C'est exactement ce que le mois de janvier avait fait naître, la police alors, et maintenant l'armée dans le coeur des citoyens.
Et maintenant, et après ?
Il me paraît naïf de prendre des exaltations belles et grandioses liées aux tragédies pour un changement d'attitude collective profond et structurel.
On continue à dénigrer la police, l'armée sera appréciée le temps de notre peur et on ne rira pas du patriotisme tant que la France sera dans la ligne de mire de ces islamistes que le président de la République n'a pas voulu nommer puisqu'il a seulement dénoncé les djihadistes, le djihad n'étant qu'une modalité de guerre mais inspirée par l'islamisme radical.
Un président de la République qui avec habileté et gravité a su payer sa dîme à l'opposition. Le socialisme, face au gâteau de l'horreur et de la désolation, a accepté de le partager.
Et après ?
Il y a eu le mois de janvier, il y a eu le 13 novembre.
Il serait criminel de la part de l'Etat de laisser advenir, par impuissance, faiblesse, retour aux habitudes de mansuétude ou reniement, une troisième monstruosité après les deux premières.
Il y a Daech à l'extérieur et Daech en France, ces Français aspirant à la mort d'autres Français.
Il ne doit plus y avoir d'après.
Ce doit être maintenant et vite.