Une histoire d’amour
Actualités du droit - Gilles Devers, 28/05/2013
Elle s’appelle Vijaya Kumari. En 1993, elle avait 29 ans, était mariée et vivait à Mahrauni, un village du district d’Aligarh, en Inde. Quatre ans plus tot, l'enfant d'un voisin avait été tué, et les soupçons de la police se sont orientés vers elle. Vijaya contestait l’accusation, mais elle a été placée sous mandat de dépôt. Elle était enceinte de cinq mois.
Son mari et sa famille l’ont abandonnée, et elle a accouché en prison d’un petit garçon, Kanhaiya. Kanhaiya Kumari. Aujourd’hui, Kanhaiya Kumari nous bouleverse le cœur par une magnifique histoire d’amour.
Le 22 octobre 1993, Vijay Kumari a été condamnée pour meurtre à perpétuité. Elle a fait appel, et le 10 janvier 1994, la Haute Cour de Hallahabad, pas convaincue par l'enquête, a prononcé sa libération contre le versement d’une caution de 10.000 roupies, l’équivalent de 140 euros. Le jugement permettait la libération de cette jeune maman… et de son enfant. 10.000 roupies… Trois fois rien, mais pour elle, c’était un monde car elle ne pouvait solliciter personne pour réunir la somme. Et les années sont passées. Les années de l’oubli : «Je pensais que j'allais mourir en prison. Ils me disaient à l'intérieur que personne ne sort jamais ».
Elle est restée détenue avec son fils à la prison pour femmes de Nari Niketan, à Lucknow, dans l’Uttar Pradesh. Quand Kanhaiya a atteint 4 ans, l’administration pénitentiaire les a séparés, et Kanhaiya a été placé dans un foyer pour mineur, à Lucknow. Encore bien des années à attendre avant l'anniversaire des dix-huit ans, la porte vers l’immense liberté. Tous les quinze jours, Kanhaiya venait rendre visite à sa mère au parloir.
Devenu majeur, Kanhaiya s’est aussitôt préoccupé de trouver un travail, et il a perçu sa première paie derrière une machine à coudre dans un petit atelier textile. Sou après sou, il a économisé. En un an, il avait réuni 5.000 roupies, la moitié du précieux trésor. Il a alors pris contact avec un avocat, qui a formé une demande de libération, proposant de déposer cette somme auprès de la Haute Cour de Allahabad.
Ce 4 mai, Kanhaiya Kumari a pu faire libérer sa mère.
Vijaya Kumari et son fils Kanhaiya